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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les fantassins espagnols ou les Suisses
des cantons catholiques viendraient les soutenir.
    J’osais observer que Henri de Navarre, de son côté, appelait
à l’aide Anglais et Allemands.
    — Réunion des sujets du royaume autour du roi, voilà
notre but ! répétait Michel de Polin.
     
    Sarmiento a demandé à me voir et je me suis rendu dans cette
demeure située non loin de celle de Montanari.
    Il ne s’est pas levé à mon entrée dans la petite pièce
enfumée où il se tenait, le visage masqué par la pénombre, le menton appuyé sur
ses mains croisées, les coudes posés sur les accoudoirs de son siège.
    Il m’a harcelé de questions. Il savait que le roi avait
rassemblé autour de lui, dans ses appartements, ses coupe-jarrets,
quarante-cinq hobereaux payés mille deux cents écus l’an, une garde personnelle
faite de tueurs à gages – « des diables gascons », avait-il
ajouté, des « chiens égorgeurs ».
    — Pour quelle raison ?
    Il était inquiet. Henri III, il en était sûr, voulait
assassiner Henri le Balafré, et ce dernier, aveuglé par sa vanité, refusait de
quitter Blois, assurant que le souverain n’oserait jamais le faire tuer :
Henri III était trop bon catholique, indécis comme une femme. D’ailleurs,
Henri de Guise, montrant sa propre garde, disait qu’il ne se déplaçait jamais
seul, qu’au premier de ses appels on se précipiterait à son secours. Si le roi
tentait quelque chose contre lui, le Balafré ne donnait pas cher de son trône
et de sa vie ! Paris s’insurgerait. Ce serait une guerre cruelle où
périrait la dynastie : avec Henri III celle des Valois, avec Henri de
Navarre celle des Bourbons. Alors pourraient enfin accéder au trône les Guises,
descendants de Charlemagne et des Capétiens, et serait renoué le vrai fil
dynastique.
    — Avec qui es-tu ? a fini par questionner
Sarmiento en se levant et en apparaissant ainsi dans la lumière.
    Son visage m’a alors semblé encore plus dur, plus menaçant.
    J’ai écarté les bras, dit que je ne voulais que la paix.
J’avais trop vu couler le sang.
    Il a eu une grimace de dégoût et de mépris.
    — Michel de Polin t’a empoisonné l’esprit. Tu es devenu
l’un de ces machiavélistes qui sont les pires ennemis de la paix chrétienne.
Athéistes, plus pervers que des renégats !
    Il s’est avancé, la main sur le pommeau de son épée.
    — Choisis bien ton chemin, Bernard de Thorenc, a-t-il
repris. Ce que nous avons vécu ensemble, tu sembles l’avoir oublié. Passe loin
de moi !
     
    Je suis sorti de sa demeure à reculons, sachant qu’il était
homme à me donner un coup d’épée entre les épaules sans que sa main tremblât,
tant il était sûr de son droit, de sa foi. Oui, il m’aurait tué comme il
l’aurait fait d’un animal nuisible ou d’un démon. Je mesurais sa rage et sa
haine à la flamboyance de son regard.
    Il me l’avait dit : j’étais à ses yeux coupable de
trahison, d’alliance avec les pires ennemis de son roi, ceux qui étaient
responsables des échecs de Philippe II aux Pays-Bas ou du désastre de ce
que, dans son orgueil, Philippe II avait appelé l’Invincible Armada.
    Celle-ci gisait au fond des mers au large des côtes de
l’Angleterre.
    Il fallait donc à Philippe II une victoire. Il la
remporterait si le royaume de France restait divisé, ou si, mieux encore, Henri
le Balafré montait sur le trône.
    Sarmiento veillait sans relâche sur ce dernier,
l’avertissant des dangers qui le guettaient, essayant de connaître les desseins
secrets du roi.
     
    Mais je me suis tu, sachant pourtant par Enguerrand de Mons
et Vico Montanari que Henri III réunissait chaque soir ses proches et le
chef de ces quarante-cinq coupe-jarrets. Qu’il se réjouissait des défaites
espagnoles qui affaiblissaient Henri le Balafré et sa Sainte Ligue, et que le
moment paraissait favorable pour le frapper.
     
    Je marchais le long des berges de la Loire, traversais la
cour du château et voyais ces groupes d’hommes qui s’observaient, les uns
appartenant au roi, les autres aux Guises. Le ciel était noir et bas. Il
pleuvait presque chaque jour. Michel de Polin m’entraînait à couvert, dans la
pénombre d’un auvent. Les gouttes martelaient le toit, formant un rideau gris
devant nous.
    — Ce n’est, parmi les courtisans, les conseillers, les
gardes du corps du roi et ceux de Henri de Guise, que craintes et suspicions,
disait-il. On s’attend à quelque

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