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Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Titel: Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fernand Clerget
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J’ai fait plus d’efforts que lui et je fus – hélas ! je fus – un chrétien plus logique. Mes chutes sont dues à quoi ? Accuserai-je mon sang, mon éducation ?… »
     
    Il doute, en vérité, de sa simplicité qui est la première qualité de la foi. Peut-il en douter ! N’est-il pas un croyant simple, celui qui écrit en sortant des Vêpres : « Ce que je goûte surtout dans ces prières d’après-midi, c’est le déroulement des psaumes de David, où toute la Vérité, toute la Morale, toute l’Adoration chantent dans toute la beauté d’un latin merveilleusement, non pas décadent, mais savamment et sincèrement barbare, au contraire. Et j’aime autant, sinon mieux, la psalmodie rudimentaire de nos églises rustiques, et surtout celle, si douce, si nette en même temps, des Moines, qui est presque une récitation, que les troublants, mais bien faux-bourdons des grandes églises de nos grands diocèses, Paris, Reims. J’en sors toujours, après ces tendres saluts au Sang réel, au vrai Pain, meilleur, oui, et résolu à la vertu. »
     
    Cette façon de croire ne se rencontre généralement qu’au fond des campagnes, chez quelques vieux paysans fidèles aux traditions. Elle est le fond de son caractère spontané, de son esprit que rien ne fixe, hors la droiture d’une destinée autour de laquelle tous ses actes : gestes de révolte ou paroles de soumission, le ramènent quotidiennement, comme la flamme appelle le regard des enfants et l’aile des phalènes. Elle le domine et le guide. Cazals l’a reconnue ailleurs qu’à l’église, et l’a consignée en ces notes précises [51]  :
     
    « Cette naïveté, cette sincérité se retrouvent, avec quel charme ! dans ses Confessions . L’espèce d’enfant terrible que nous connûmes se rappelle, à quarante-six ans d’intervalle, les moindres incidents de sa prime enfance, et il se complaît à nous les raconter. Metz où il naquit, et la petite pension de la rue aux Ours, et la fenêtre du premier étage d’où il voyait passer les sous-lieutenants de l’École d’Application ; son père, capitaine du Génie, dont il dessine le portrait ; – puis, Montpellier, la procession religieuse formée par les jeunes gens de la ville, leurs robes monacales, aux cagoules percées de trois trous et rabattues sur le visage, pénitents qu’il prend pour des fantômes ; la bouillotte où l’eau, en ébullition, chante si agréablement,
     
    « De la musique avant toute chose »
     
    que l’envie lui prend d’y plonger la main droite : d’où brûlure affreuse ! Et le scorpion qu’il faillit avaler dans un verre d’eau sucrée ; et la sangsue oubliée, qui suce avidement l’enfant au berceau, durant que la bonne est endormie ; et cette fête de la Proclamation de la République, en 1848 : toilettes printanières, drapeaux flottant, sous-préfet et commissaire du gouvernement largement ceinturés de tricolore et qui haranguent les troupes de la garnison, défilé militaire au son des musiques exécutant la Marseillaise accompagnée à tue-tête par mille et mille voix gutturales ; tout cela écrit dans un style à la fois précieux et familier : ce sont là les tout premiers souvenirs de son enfance, accidentée , déjà !
     
    « … En 1872, Verlaine se retirait chez sa tante, à Bouillon, ville frontière de Belgique, lieu de naissance de son père. Et voyez le jeu de la destinée ! Je tiens du poète lui-même ce détail : Conformément au second Traité de Paris (1815), Bouillon ayant été arraché à la France, le père de Verlaine ne voulant être ni Hollandais ni Belge, opta pour la France ; – comme le fit plus tard son fils, notre Paul Verlaine, quand Metz nous fut reprise, Metz qui lui inspira les si belles strophes qu’on va lire, et qu’il récitait parfois, farouche patriote, l’œil allumé, le poing crispé :
     
    Ô Metz, mon berceau fatidique,
    Metz, violée et plus pudique
    Et plus pucelle que jamais !
    Ô ville où riait mon enfance,
    Ô mère auguste que j’aimais !
    ……………………………
    Metz aux campagnes magnifiques,
    Rivière aux ondes prolifiques,
    Coteaux boisés, vignes de feu,
    Cathédrale tout en volute,
    Où le vent chante sur la flûte,
    Et qui lui répond par la Mute [52] ,
    Cette grosse voix du bon Dieu.
     
    Mute, joins à la générale
    Ton tocsin, rumeur sépulcrale :
    Prophétise à ces lourds bandits
    Leur déroute absolue, entière,
    Bien au-delà de la

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