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Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Titel: Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fernand Clerget
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beaucoup d’hommes, et quels hommes ! en un seul. Fut-il un de ceux-là, ou fut-il tous ceux-là mis ensemble ? Les contenait-il tous ? ou ceux qui l’ont ainsi comparé à ces puissants esprits n’ont-ils pas fait erreur ?
     
    Est-ce là qu’il faut voir le bal de Verlaine, c’est-à-dire sa volonté , et par conséquent l’homme réel qu’il a été  ?
     
    Socrate, Bismarck : – cette hardiesse de Morice est grande, il semble difficile de suivre le critique jusque-là ; ces deux noms frappent d’éblouissement, et il faut, avant d’y resonger, revenir sagement à quelque appréciation plus abordable, plus près de nous.
     
    Donnons même la parole à un détracteur forcené [55]  : Verlaine « est un effrayant dégénéré au crâne asymétrique et au visage mongoloïde, un vagabond impulsif, un rêveur émotif, débile d’esprit, un mystique dont la conscience fumeuse est parcourue de représentations de Dieu et des Saints, et un radoteur dont le langage incohérent, les expressions sans signification et les images bizarres révèlent l’absence de toute idée nette dans l’esprit. »
     
    Ce cri de haine a été noblement rectifié par quelqu’un [56] qui d’ailleurs est sévère habituellement pour Verlaine : « Sans doute Verlaine est un malade… mais la religion pose un rayon de clarté dans cette âme et de beauté dans son œuvre. Cette meilleure part de lui-même, cette chapelle offusquée par des masures mal famées, il faut la dégager de ses entours pour la sauver de l’oubli. »
     
    Un fait rompt l’impartialité de ces deux jugements : c’est que leurs auteurs se sont enfermés d’avance dans les bornes resserrées d’une cause spéciale à défendre. Ce qu’ils disent ne peut être l’appréciation simple, vraie, juste, que nous cherchons. C’est Charles Fuinel qui la donne [57]  :
     
    « Verlaine, né dans une époque de décadence, survivant aux plus affreux désastres qui puissent frapper la tête et le cœur d’un peuple, a résisté à la double faillite de la foi et de la poésie ; et quand, vingt-cinq ans après, on vit renaître ces deux fleurs dans l’âme des générations nouvelles, on trouva au pied du sanctuaire, une petite fleur qui avait traversé tous les hivers, une pauvre petite anémone, moins haute et moins imposante de tige que ne fut le beau lys que Lamartine fit fleurir vers 1820, mais ayant conservé dans son imperceptible parfum, dans ses brillantes et fragiles couleurs, que la fable fait naître du mélange du sang d’Adonis et des larmes de Vénus, un peu de l’arôme mystique que la fleur de la Vierge répandait autour de l’autel.
     
    « Tel fut en quelques mots Paul Verlaine.
     
    « Que nous importe son histoire ? c’est la terre commune de l’humanité ; que nous importe son œuvre, calculée par le nombre de ses volumes, la richesse, la variété et la nouveauté de sa prosodie ? c’est la base de tous les penseurs, c’est l’art dont se servent tous les poètes ; mais plus haut, ce qui est bien à lui, c’est sa foi retrouvée.
     
    « Ce qu’il importe de savoir d’un homme, c’est jusqu’à quel point il s’est élevé ; OR, VERLAINE S’EST ÉLEVÉ JUSQU’À DIEU PAR LA PRIÈRE.
     
    « Les contempteurs passeront, les détracteurs de l’homme aux prises avec les difficultés de la vie comprendront tout ce qu’il a souffert ; mais ceux qui goûtèrent le charme si pénétrant de sa poésie en conserveront dans le cœur l’ineffable sérénité, et s’étonneront qu’une si grande place tenue en leur âme, soit si petite aux yeux des hommes.
     
    « Verlaine a souffert tout ce qu’homme peut souffrir dans la perpétuité de cette enfance du cœur qui est le charme de la vie ; il a expié devant Dieu, il a pardonné à ses ennemis et à tous ses bourreaux inconscients, il a demandé lui-même pardon de ce qu’il vivait hors des lois et des préjugés communs ; pourquoi chercher dans cette existence si tourmentée le venin du mal, au lieu de le couvrir et de ne laisser apparaître que la semence du bien dont toutes les âmes ont recueilli la fleur ? C’est sur le fumier de toutes les corruptions humaines que les plus belles fleurs s’élèvent soudain triomphantes, d’autant plus haut que leurs racines descendent plus bas dans la fange, et présentent leurs fraîches corolles aériennes aux baisers de l’aurore.
     
    « La grande pléiade Lamartinienne de ce siècle inscrira parmi

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