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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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suite en un manoir jusqu’à ce que j’aie retrouvé ce valet gallois qui me fait tant d’honneur. Et je n’attendrai pas un instant de plus pour partir à sa recherche. »
    Cependant, Perceval chevauchait toujours sur des chemins qu’il ne connaissait pas. Comme le soir tombait, il parvint à proximité d’une forteresse sise sur une éminence qui dominait, en une vallée, le confluent de deux rivières. Il alla jusqu’à la porte et la heurta de sa lance. Aussitôt, celle-ci fut ouverte par un homme brun qui, malgré des manières accomplies et une stature de guerrier, n’en avait pas moins l’air d’un adolescent. « Entre, seigneur, dit l’homme, et sois le bienvenu parmi nous. »
    La forteresse recelait de nombreuses maisons. Perceval se dirigea vers la plus vaste. En entrant dans la salle, il aperçut une grande femme qui, majestueusement assise sur une banquette recouverte de velours rouge, était entourée de plusieurs suivantes toutes jeunes et fort belles. La dame se leva pour l’accueillir et le pria de s’asseoir près d’elle. Ils devisèrent un long moment puis, l’heure venue, passèrent à table. Néanmoins, le repas terminé, la dame dit à Perceval : « Seigneur, tu ferais sagement d’aller coucher ailleurs. »
    Perceval en fut grandement étonné. « Pourquoi ne coucherais-je pas ici ? » demanda-t-il. La dame lui répondit : « Mon garçon, neuf des sorcières de Kaerloyw (21) logent ici avec toute leur famille. Elles vont et viennent dans la forteresse toute la nuit, maltraitant ceux qu’elles rencontrent, et quiconque essaie de leur échapper vers le lever du jour, celui-là, elles le tuent aussitôt. Elles se sont déjà emparées du pays et l’ont entièrement dévasté, à l’exception de cette seule maison. Voilà pourquoi, je te le dis, tu ferais mieux d’aller coucher ailleurs, car je serais navrée qu’il t’arrivât malheur.
    — Eh bien ! répondit Perceval, si les sorcières jettent le trouble dans cette demeure, il convient de les en chasser. Quant à moi, je ne vois pas pourquoi je ne resterais pas cette nuit. S’il survient un danger, je vous secourrai de mon mieux. En tout cas, soyez-en sûre, je ne vous causerai aucun tort. » Là-dessus, chacun gagna sa chambre, et Perceval, après avoir disposé ses armes près de lui, s’endormit profondément.
    Or, le jour commençait à poindre quand il se réveilla en sursaut : des cris effroyables ébranlaient toute la forteresse. Il se leva en hâte et, l’épée à son col, sans autres vêtements que sa chemise et ses chausses, sortit dans la cour. Là, il aperçut l’une des sorcières atteindre un veilleur, lequel se mit à hurler d’épouvante. Se ruant sur elle, Perceval lui assena un tel coup sur la tête qu’il lui fendit en deux son heaume comme un vulgaire plat. « Ta grâce, Perceval ! s’écria la sorcière, et celle de Dieu ! – D’où tiens-tu, sorcière, que je suis Perceval ? – Tel est le destin. Nous avons lu dans l’avenir qu’un jour nous rencontrerions Perceval, fils d’Evrawc, et qu’il nous ferait souffrir mille morts. Si tu me fais grâce, je te donnerai un cheval et une armure. Je t’emmènerai aussi pour t’apprendre des tours d’adresse et le maniement des armes. Et je t’assure que tu ne le regretteras pas, car je t’enseignerai des tours guerriers que personne d’autre ne connaît.
    — Je le veux bien, répondit Perceval. Mais j’y mets une condition : donne-moi ta foi que ni toi ni les tiens ne causerez plus jamais de tort à la comtesse, à ses gens et à ses terres. – Je t’en donne ma foi », dit la sorcière. Alors Perceval lui permit de se relever.
    Après avoir pris congé de la comtesse, il s’en alla donc sur ces entrefaites avec la sorcière, laquelle se nommait Scatach, jusqu’à Kaerloyw où ses pareilles tenaient leur cour. Devant leur forteresse se trouvait un pont magique qu’on appelait le Pont des Sauts, eu égard à certaines particularités : ainsi, lorsqu’on sautait dessus, il se rétrécissait au point de devenir aussi fin qu’un cheveu et aussi dur et glissant qu’un ongle ; ou bien, parfois, il se relevait aussi haut qu’un mât, et il était dès lors impossible de le franchir, à moins que l’on ne fût très expert dans l’art de sauter. « C’est par là que tu dois entrer », dit la sorcière à Perceval. Il se dirigea vers le pont, prit son élan et sauta. Mais le pont s’amenuisa si vivement que

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