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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Kaï s’écria : « Je le savais bien qu’il ne serait pas nécessaire à Gauvain de se battre contre le chevalier ! Il n’est pas étonnant qu’il s’acquière une grande réputation ! Il en fait plus par ses belles paroles que nous par la force et l’habileté de nos armes ! » Perceval et Gauvain allèrent au pavillon de celui-ci afin de se désarmer. Tous deux revêtirent les mêmes habits, puis ils se rendirent, main dans la main, auprès d’Arthur et le saluèrent. « Voici, dit Gauvain, le jeune homme que tu cherchais, Perceval, fils d’Evrawc. – Beau neveu, dit le roi, je te remercie d’avoir convaincu ce vaillant chevalier de venir parmi nous. Et toi, Perceval, puisque tu es à ma cour, je te prie de n’en plus partir. Ta vaillance et tes prouesses sont bien connues, et combien j’ai regretté, depuis que je t’ai vu pour la première fois, de n’avoir pas insisté pour te retenir ! Et pourtant, toute la cour en avait entendu la prédiction ! Non, le nain et la naine que frappa le sénéchal ne se sont pas trompés, leur prophétie s’est vérifiée en tout point, et tu as tenu ta parole en les vengeant de l’affront que leur avait infligé Kaï. »
    À ce moment survinrent la reine et ses suivantes. Quand Perceval vit Guenièvre et après qu’on l’eut assuré que c’était bien elle, il s’avança au-devant d’elle et dit : « Que Dieu donne joie et honneur à la plus belle et à la meilleure de toutes les dames qui soient au monde ! Ainsi parlent d’elle tous ceux qui la voient et tous ceux qui l’ont vue. – Sois le bienvenu, Perceval, fils d’Evrawc, répondit la reine, toi qui viens de prouver à tous ta haute et rare vaillance ! » Là-dessus, le roi ordonna à ses gens de se rassembler, et tous ensemble prirent le chemin de Kaerlion sur Wysg (25) .

5

L’Impératrice
    Le soir même de son arrivée à la cour d’Arthur à Kaerlion sur Wysg, Perceval s’en alla faire un tour dans la forteresse, après le repas, et rencontra Angharad à la main d’or, l’une des suivantes de la reine. Il éprouva un tel trouble lorsqu’il la vit, drapée dans sa belle robe de soie qui flottait au vent, qu’il s’arrêta devant elle et lui dit : « Par ma foi, douce amie, tu es si plaisante et avenante que je pourrais m’engager à t’aimer plus qu’aucune autre femme, si tu le voulais. – Par ma foi ! riposta-t-elle, eh bien, moi, je ne t’aime pas et jamais ne voudrai de toi ! – Quant à moi, repartit Perceval, je gage la mienne de ne pas souffler mot à un chrétien que tu n’aies reconnu et avoué devant tout le monde que tu m’aimes plus qu’aucun autre homme ! » Et, là-dessus, il la quitta pour aller se coucher.
    Le lendemain matin, sitôt le soleil levé, il partit sans que personne pût le remarquer. Il sortit de la forteresse et suivit, le long de la croupe d’une montagne, une grande route au bout de laquelle il aperçut une vallée de forme circulaire dont le pourtour était boisé, rocailleux, tandis que le fond en était uni et tapissé de prairies verdoyantes. Des champs labourés s’étendaient aussi entre les prairies et les bois. Parmi ces derniers, Perceval remarqua, disséminées à travers les arbres, des maisons noires, d’un travail grossier. Dévalant la pente, il mena son cheval de ce côté-là et, peu avant d’y parvenir, aperçut la masse d’un rocher aigu que contournait un mince sentier. Un lion enchaîné dormait sur le bord du rocher, empêchant quiconque d’emprunter le sentier. En contrebas, un gouffre d’une profondeur et d’une taille effroyables était rempli d’ossements d’animaux et d’hommes.
    Perceval s’arrêta, sauta à bas de sa monture et dégaina puis, s’approchant en silence du fauve, lui fendit d’un seul coup le crâne et le jeta, toujours suspendu à sa chaîne, par-dessus bord. Un second coup brisa la chaîne, et le lion fut précipité dans le gouffre. Alors Perceval, avec mille précautions, conduisit son cheval pas à pas le long de la corniche et, de la sorte, atteignit la vallée. À la lisière du bois se dressait une maison fortifiée d’allure peu engageante, car elle semblait aussi délabrée que si des ennemis l’eussent saccagée.
    C’est néanmoins vers elle que se dirigea Perceval. Or, dans la prairie qui s’étendait devant sa façade, il aperçut, assis sur un tronc d’arbre, un grand gaillard aux cheveux gris, très grand, de fait le plus grand qu’il eût jamais vu.

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