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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Lequel observait deux jeunes gens en train de lancer des couteaux dont les manches étaient en os de baleine : fort grands, eux aussi, l’un brun, l’autre blond, ils avaient des visages revêches qui ne laissaient rien présager de bon.
    Perceval s’approcha toutefois de l’homme aux cheveux gris et le salua. « Honte sur la barbe de mon portier ! » s’écria celui-ci d’un ton plein de colère. À ces mots, le Gallois comprit que le portier devait être le lion qu’il venait de tuer. « Mais puisque tu es là, jeune homme, reprit l’autre, je me dois de t’accorder l’hospitalité. » Et sans ajouter rien d’autre, il se leva et se dirigea vers la maison. Perceval le suivit, et les deux jeunes gens délaissèrent leur jeu pour leur emboîter le pas. Ils entrèrent dans une grande salle qui faisait grand contraste avec l’extérieur, car elle était belle et de noble aspect, avec ses meubles en bois précieux et les riches tentures qui paraient ses murs. Des tables y étaient dressées, qui portaient à foison nourriture et boisson. Et Perceval se demandait quelle sorte de gens pouvaient être les habitants de cette maison quand survinrent, par une porte qu’il n’avait pas remarquée jusqu’alors, une femme d’un certain âge et une jeune fille qui, assurément, étaient les plus grandes femmes qu’il eût jamais vues. Elles étaient minces, élégantes, la plus jeune, au visage agréable et des yeux gris qui flamboyaient, portait une belle robe de brocart rouge. Elles vinrent saluer le Gallois avec une grande courtoisie, mais elles ne prononcèrent aucune parole.
    L’homme aux cheveux gris demanda de l’eau. Aussitôt, deux valets qui étaient très grands, eux aussi, apportèrent des bassins, et chacun s’y lava les mains. Ensuite, l’hôte alla se placer au haut bout de la table ; la femme d’un certain âge prit place à côté de lui ; on invita Perceval à s’asseoir auprès de la jeune fille, et tous quatre se mirent à manger, servis par les deux valets. En examinant attentivement Perceval, la figure pourtant si avenante de la jeune fille se crispa. Puis celle-ci sembla sombrer dans une profonde tristesse.
    Perceval s’en aperçut et lui en demanda la cause. « Mon âme, répondit-elle, dès le moment où je t’ai vu, je t’ai aimé par-dessus tout au monde. – Je ne vois pas en quoi cela peut tant t’affliger ! s’étonna Perceval. – C’est que, reprit-elle, il m’est pénible de voir un jeune homme aussi noble et aussi beau que toi sous le coup de la mort qui t’attend demain. – Que veux-tu dire, douce amie ? » Mais la jeune fille se tut, et le reste du repas se déroula dans le plus grand silence.
    Quand les deux valets eurent débarrassé les tables, l’homme aux cheveux gris alla s’asseoir dans un coin de la salle en compagnie de la femme d’un certain âge et des deux jeunes gens que Perceval avait vus s’exercer au jeu des couteaux. Quant à la jeune fille, elle entraîna le Gallois dans le coin opposé de la salle et le fit asseoir près d’elle. « Je te dois des explications, lui dit-elle. As-tu vu les maisons noires disséminées dans le bois ? – Certes, répondit le Gallois, et leur aspect m’a fort surpris ! De quoi s’agit-il, belle amie ? – Tous ceux qui y logent sont des gens de mon père, l’homme aux cheveux gris, là-bas, et tous sont des géants inaccessibles à la pitié. Demain, ils se rassembleront contre toi et ils te tueront, aussi vrai que je te parle en ce moment. – Cela m’étonnerait, répondit tranquillement Perceval. – Tu ne sais ce que tu dis, reprit la jeune fille. Ils n’ont ni foi ni loi. Leur seul plaisir est de tuer tous les malheureux qui se risquent dans ces parages. Jamais personne n’est sorti vivant de la Vallée Ronde, ainsi qu’on appelle cette vallée, personne, pas même les plus courageux et les plus intrépides des hommes de guerre. – Eh bien ! répliqua Perceval, c’est ce que nous verrons. Belle amie, veux-tu faire en sorte que mon cheval et mes armes se trouvent dans le même logis que moi, cette nuit ? – Certes, si je le puis, je le ferai par amour pour toi, sois-en sûr, beau jeune homme. » Et, en effet, quand il parut opportun de dormir et que tous allèrent se coucher, la jeune fille fit en sorte que le cheval et les armes de Perceval fussent dans le même logis que lui.
    Le lendemain, au lever du jour, celui-ci entendit le tumulte des hommes et des chevaux qui cernaient

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