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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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votre père, aussi bon et vertueux fût-il, n’ait pas souhaité apprendre à lire à ses filles. Vous auriez fait une étudiante attentive. Et vous m’auriez dit ce que contenaient ces lettres.
    — Je suis très heureuse comme ça, dit Judith, sur la défensive. Mon père a fait pour le mieux. Il pensait que la lecture ne convenait pas aux femmes.
    — Je n’en doute pas un seul instant, ma mie.
    — De quoi ne doutez-vous pas ? demanda-t-elle, un brin soupçonneuse.
    — Des deux choses, ma mie, mais vous auriez tout de même fait une belle étudiante.
    Il se leva.
    — Dès que Judah aura fini de bavarder, fit-il sèchement, ou de vaquer à une autre occupation, je veux qu’il m’accompagne chez Son Excellence pour que je lui fasse part de cette nouvelle.
    — Si vous désirez que je trouve un autre garçon de cuisine, mon mari, vous n’avez qu’à le dire.
    — Pour un mois ou deux ? Non. Je m’en contenterai puisqu’il le faut.
    — Vous ne pensez pas qu’ils le sauront déjà ? demanda Raquel.
    — Très certainement, lui répondit son père. Mais dans ce monde étrange qui est le nôtre, Raquel, les choses importantes sont souvent dédaignées.
     
    — Voilà qui est intéressant, maître Isaac. Si quelqu’un a songé à fouiller dans les effets de Pasqual, dit Berenguer, on n’a pas condescendu à me mettre au courant. Bernat !
    — Oui, Votre Excellence, dit le secrétaire qui apparut aussitôt à la porte.
    — Pasqual Robert avait avec lui un paquet contenant de l’argent, des lettres et un petit portrait. Qu’il me soit apporté sur-le-champ. Il a été remis hier matin au capitaine.
    — Certainement, Votre Excellence, murmura le secrétaire avant de disparaître.
    — Le genou de Votre Excellence la fait-il souffrir ? demanda Isaac.
    — Vous avez le don assez agaçant, maître Isaac, de deviner ce qui ne va pas en moi avant même que je me plaigne. Comment le savez-vous ?
    — Ce n’est pas très difficile. Je suis certain que le père Bernat s’en rend également compte quand votre genou vous tourmente. J’ai apporté une nouvelle mixture qui peut se révéler utile, si votre serviteur veut bien la préparer.
    Berenguer frappa dans ses mains et l’homme apparut.
    — Oui, Votre Excellence ?
    — Faites tremper ceci dans de l’eau chaude jusqu’à obtenir une couleur dorée, dit Isaac, et portez-le à Son Excellence avec l’un de ses cataplasmes.
    Le serviteur s’éclipsa.
    — La douleur devrait s’atténuer avec le retour du beau temps, ajouta le médecin. Mais si Votre Excellence le permet, je vérifierai que l’état de l’articulation n’a pas empiré.
    — Dans notre intérêt à tous ? dit Berenguer en riant. Nul doute que Bernat vous remerciera d’avoir apaisé mon humeur. Faites comme il vous plaira, maître Isaac. Et revenons à ce dont nous parlions hier.
    — Oui, Votre Excellence, dit Isaac en palpant le genou de l’évêque de ses doigts longs et habiles.
    — J’ai réfléchi à ce que vous me disiez. Je vous ai toujours pris pour un homme sage et perspicace, mais votre théorie me dérange.
    — En quoi, Votre Excellence ?
    — Il ne peut avoir été tué par quelqu’un de la ville. Qui lui en voulait ici ? Il avait reçu pour instruction de mener une vie discrète et, que je sache, c’est ce qu’il a fait. Nul ne le fréquentait, de près ou de loin. J’étais la seule personne à qui il parlait librement et ouvertement.
    — Pourquoi lui a-t-on commandé de vivre ainsi ?
    — Je sais seulement que Sa Majesté le désirait. J’ai suggéré aux conseillers qu’on lui donne un poste de greffier et je me suis porté garant de sa discrétion et de son mérite.
    — Oui. On disait qu’il venait de Cruilles, que Son Excellence l’y avait connu et pouvait répondre de lui.
    — C’est presque vrai. Je le connaissais depuis près de vingt ans, même s’il n’était pas originaire de Cruilles.
    — Vos conversations auraient-elles pu être épiées ? demanda Isaac.
    — Nul son ne peut franchir la porte donnant sur le couloir. Quant aux deux autres, elles sont gardées par Bernat ou Francesc d’un côté et mon fidèle Jordi de l’autre. Il a toujours été à mon service, et je me soupçonnerais moi-même plutôt que Bernat ou Francesc. Non, personne n’a pu nous entendre.
    — De plus, il était très difficile de percevoir les propos que vous échangiez avec maître Pasqual, dit Bernat en apparaissant à

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