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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pensez-vous ! et je les ai toujours. Faut que vous sachiez qu’il y avait là une somme d’argent, que je l’ai comptée et que j’en ai pas pris un sou, même si d’après mes comptes il m’en devait quinze avant de passer l’arme à gauche, sans parler de toutes les fois que j’ai dû grimper les escaliers pour voir si ce pauvre gentilhomme était toujours en vie.
    — Avez-vous tout apporté ? lui demanda Isaac.
    — Oui.
    — Parfait. Raquel ? Peux-tu venir nous aider, ma chérie ? Et apporte-nous du papier, de l’encre et une plume. Nous allons vous donner un reçu en échange de ce que vous avez là.
    — Et qu’est-ce que vous allez en faire ?
    — Le confier à Son Excellence : c’est elle qui prendra une décision.
    Raquel s’assit à table devant une petite feuille de papier et se tourna vers l’aubergiste.
    — Si vous voulez bien nous présenter ces affaires, je vais établir une liste.
    La mère Benedicta ramassa un petit paquet et le posa sur la table.
    — Voilà. J’ai tout emballé dans sa cape. Et d’une, dit-elle en regardant Raquel. Écrivez.
    Raquel nota « 1 cape ».
    Benedicta lui lança un regard soupçonneux, comme si la jeune fille allait lui jouer un vilain tour, puis elle continua d’exposer le contenu du paquet.
    C’était un piètre trésor. Une chemise de rechange, une autre paire de souliers, une outre à vin et une capuche.
    — Elle est quasiment neuve, dit-elle. C’est là-dedans que j’ai trouvé sa bourse… une autre. Il y avait cinq sous. Le capitaine les a pris et m’a jamais donné de papier, lui. Mais cette bourse-ci est spéciale. Il y a une pièce d’or. Vous voyez, maîtresse ?
    — C’est exact, mère Benedicta, il s’agit bien d’une pièce d’or. Il y a aussi trois pièces d’argent et…
    — Quinze sous et deux deniers. Mais si vous regardez dedans, vous verrez sa carte.
    — De quoi parle-t-elle, Raquel ? demanda Isaac.
    — D’une carte géographique, papa. Je ne sais de quelle région, mais c’en est une, effectivement.
    Elle compta soigneusement toutes les pièces, en écrivit le détail et présenta la liste à la mère Benedicta, qui n’avait aucun mal à lire les chiffres. Puis elle ajouta, d’une plume sûre, « 1 carte ». Elle relut la liste et signa Raquel, fille d’Isaac le médecin de Gérone. Dessous, elle écrivit « Benedicta, aubergiste à Sant Feliu », et poussa le papier vers la femme.
    — Faites une marque sous votre nom, maîtresse, et prenez grand soin de cette liste.
    Isaac sortit sa bourse de sa tunique et tendit une pièce à la femme.
    — Vous avez rendu un grand service à Son Excellence en prenant soin des effets de Martín. Voici pour vous de sa part.
    Benedicta examina la pièce de monnaie, leva un sourcil, balbutia des remerciements et déguerpit avant que quelqu’un se ravise et la lui réclame.

CHAPITRE XII
    Alghero, Sardaigne, août 1354
     
    Les soldats occupaient chaque pouce de la plaine qui entourait la ville. Certains étaient debout ou couchés à même le sol ; d’autres, en groupes, riaient, discutaient ou se querellaient ; d’autres encore étaient rassemblés autour des feux où cuisait l’ordinaire ou demeuraient seuls, perdus dans leurs réflexions. Les seuls engagés dans une activité digne de ce nom jouaient aux dés. Plusieurs parties mettaient en jeu des sommes importantes, et tout indiquait que les hommes étaient à bout de patience.
    Yusuf et son escorte passèrent par là.
    — Les hommes de troupe n’ont plus le moral, dit l’officier d’un air sombre. Et leurs officiers ne sont pas mieux. Autant le savoir tout de suite.
    — Que s’est-il passé ? demanda Yusuf.
    — Rien. C’est bien là le problème, il ne s’est rien passé. Nous avons fondu sur la ville et avons failli la prendre. Nous avons marché sur elle en force, prêts à l’assaut. Du côté de la mer, nous avions le soutien des galées. Et puis le navire de Sa Majesté la reine est arrivé, le mât principal orné d’une oriflamme de guerre, avec Sa Majesté à bord. La ville a failli se rendre de désespoir à ce spectacle.
    — Pourquoi ?
    — Vous n’étiez pas là pour le voir, dit l’officier en secouant la tête. La galée d’une reine guerrière entrant bravement dans le port pour châtier les citoyens rebelles. Ce fut un spectacle splendide et terrifiant. Notre reine est aussi intelligente qu’intrépide.
    — Mais vous n’avez pas enfoncé leurs

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