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Pour les plaisirs du Roi

Pour les plaisirs du Roi

Titel: Pour les plaisirs du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Hugon
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de participer à de grandes manœuvres, lança-t-elle sans jamais lâcher mon regard.
    La conversation roula ensuite sur quelques banalités, avant que la baronne d'A* ne me demandât si je connaissais Versailles. À ma réponse négative, elle scruta ma personne d'un regard expert.
    — Un homme comme vous, avec un nom des plus respectables, devrait y trouver facilement sa place. Selon moi, c'est le centre de l'univers. La Cour me manque, mais j'ai promis à mon époux de le suivre dans toutes ses affectations. C'est un bien grand sacrifice dont je me demande parfois s'il en mesure l'ampleur.
    — Mais qu'y ferais-je, madame ?
    — Vous vivriez, cher comte, tout simplement. Votre vie campagnarde ne vous pèse-t-elle pas ? Ne me dites pas le contraire, je ne vous croirai pas un instant. Je sais jauger les hommes : vous n'êtes pas de ceux qui envisagent de gaieté de cœur de vieillir auprès de leur cheminée. Me trompé-je ?
    — La douceur de mon épouse et l'amicale compagnie de mes frère et sœurs sont pour moi des trésors sans prix, dis-je mollement.
    La baronne d'A* sourit :
    — Mon ami, loin de moi l'idée de douter de votre profond attachement à l'affection de vos proches, mais hier au soir, vos regards pour moi m'ont laissé à penser que votre cœur était ouvert à d'autres aventures.
    À peine eut-elle achevé sa phrase que la baronne usa d'une tactique cavalière que n'aurait pas reniée son hussard de mari. Elle prit ma main et la déposa délicatement sur son sein gauche. L'attaque était frontale et, sans mot dire, je contre-attaquai en écartant vivement les pans de sa robe et en embrassant fougueusement sa superbe gorge. Quelques instants plus tard, nous étions l'un contre l'autre dans le lit conjugal, laissant le colonel d'A* à d'autres manœuvres.
     
    La nature a donné à la femme plusieurs sources de jouissance. La baronne d'A* me demanda de n'en négliger aucune. Je m'appliquai toute la nuit à répondre à ses attentes, répétant mes visites intimes avec un effet qui parut la combler. Elle fit d'ailleurs montre dans l'accomplissement de notre œuvre d'une telle ardeur que sa femme de chambre vint aux nouvelles à deux reprises. À la seconde alerte, la baronne lui demanda d'entrer et de se joindre à nous. L'ordre ne sembla pas émouvoir la prévenante Émilie puisqu'en un instant la jeune fille se dévêtit et me suppléa sans façon dans mes travaux. Avec l'assentiment de la baronne, je lui démontrai également ma satisfaction pour la qualité de ses services. Au point du jour, je quittai en bon ordre le champ de bataille en promettant à Mme la colonelle d'occuper à nouveau le terrain la nuit suivante.
    Rentré chez ma cousine, je dus raconter par le menu ma soirée et ma nuit. Adélaïde s'amusa vivement de mon aventure, mais me fit jurer de lui garder toute mon affection. Je répondis que si j'en avais encore la force, je le lui prouverais dans l'instant. Elle m'épargna avec grâce. La nuit suivante, je repartis à l'assaut de la baronne d'A* et de sa charmante femme de chambre. Notre idylle dura deux jours de plus, mais l'imminent retour du baron nous obligea bientôt à plus de tempérance. Le colonel rentra enfin de ses manœuvres et retrouva le foyer, mettant un terme provisoire à nos rencontres.

 
    Chapitre IV
    C ela faisait maintenant six jours entiers que j'étais à Toulouse. Je me rendis un matin chez maître Forland pour prendre des nouvelles du règlement de ma succession. En homme avisé, le notaire me remit comme convenu des lettres de change pour cent mille livres et le reste en doubles-louis, conscient que cette bonne affaire devait être scellée au plus vite. J'encaissai le tout et le portai dans l'instant en compagnie du premier clerc de Forland chez un banquier de la place qui me fit des lettres de change pour la même valeur. Je ne voulais en effet pas prendre le risque de faire le voyage de retour avec une telle somme dans les fontes de ma selle 4 . Car j'allais maintenant devoir rentrer chez moi. Je fixai le départ au surlendemain, mais avant, je me mis en tête de revoir la baronne d'A*. Je n'eus pas à attendre longtemps, mais pas de la manière dont je l'avais imaginé.
     
    De très bonne heure, le lendemain matin, je fus en effet tiré du lit de ma cousine par l'insistance de l'aide de camp du baron qui demandait à me voir. Le militaire m'indiqua d'un ton courtois mais ferme que son colonel souhaitait s'entretenir avec moi au plus tôt pour une

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