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Pour les plaisirs du Roi

Pour les plaisirs du Roi

Titel: Pour les plaisirs du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Hugon
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Qui est cette femme ? Je la connais ?
    — Elle s'appelle Mlle de Vaubernier.
    — De Vaubernier ? C'est une vieille famille ? demanda Bischi.
    — Pas trop. Je dirais que sa lignée est un peu fraîche.
    — Ah, je vois, maugréa Guillaume.
    — Dans ta situation, les ancêtres de Mlle de Vaubernier sont un détail.
    — Elle a de la fortune ? renchérit Bischi.
    — Déjà un petit peu, mais bientôt plus que beaucoup dans ce pays.
    — Ah bon ? fit Guillaume d'une moue dubitative. Je devrais spéculer sur la fortune de la dame en l'épousant, alors ?
    — Tu n'auras jamais aussi bien placé tes intérêts, répondis-je.
    — Et quelle garantie m'offre-t-on ?
    — La meilleure. Celle de l'État. Il y a toutefois une condition.
    Guillaume se renfrogna :
    — Je savais que cela cachait un stratagème. Tu veux encore me tromper, comme il y a quinze ans !
    — Je n'ai trompé personne. Tu t'es mépris tout seul.
    — Oui, oui… Fais le raisonneur. Alors, cette condition ?
    — Tu l'épouseras, puis tu rentreras ici.
    — C'est tout ? Ça ne me dérange pas. Je ne compte pas m'installer ailleurs avec ma femme.
    — Je voulais dire que tu rentreras à Lévignac tout seul…
    — Tout seul ? Mais où sera ma femme ?
    — À Versailles.
    — Mais qu'y fera-t-elle sans moi ?
    — Le bonheur de notre famille.
    — Jean, cessons ce jeu. Explique-toi, intervint Chon.
    — C'est très clair. La femme de Guillaume travaillera à notre fortune en séjournant à Versailles.
    — En séjournant ? dit Guillaume.
    — Oui, près du roi.
    — Du roi ! répétèrent en cœur mon frère, mes sœurs et ma femme.
    — Oui, de Sa Majesté, dis-je d'un ton solennel.
    — Mais que vient faire le roi dans mon mariage ? s'inquiéta Guillaume.
    — Disons qu'il a de l'affection pour ta future femme.
    — Il la connaît ? s'extasia Chon.
    — Plutôt bien, je le confesse.
    — « Bien » comment ? demanda Chon qui subodorait quelque chose.
    Je décidai alors d'être plus explicite :
    — Comme un roi connaît une jeune femme qui brille de beaucoup d'atouts.
    — Tu veux dire que cette Mlle de Vaubernier est une maîtresse du roi ? murmura presque Chon.
    — Ce n'est pas une, c'est la maîtresse du roi, lâchai-je enfin.
    Guillaume alla directement au vieux buffet de la maison et en sortit une bouteille de cognac dont il se versa un grand verre avant de l'avaler d'un trait.
    — Mais que viens-je faire dans cette histoire entre le roi et sa maîtresse ? dit-il totalement abasourdi.
    C'est Chon, dont la perspicacité me surprenait, qui lui expliqua l'affaire : — Tu donneras notre nom à la femme que tu épouseras. En échange, le roi te témoignera sa reconnaissance. Comprends-tu ?
    — Mais c'est sa maîtresse… bredouilla Guillaume.
    — Justement, il veut le meilleur pour elle, dit Chon.
    — Je suis le meilleur ?
    — En quelque sorte, répondis-je sans pouvoir m'empêcher de sourire.
    — Mais après… ? balbutia-t-il encore.
    — Après ?
    — Oui, quand je serai marié…
    — Je te l'ai dit, tu rentreras ici.
    — Je comprends. On veut faire de moi un cocu consentant ? fit-il mine de s'indigner.
    — Non. On veut faire de toi un mari fortuné.
    Chon prit alors la parole :
    — Jean, nous te connaissons. Enfin, pas entièrement, car tu réserves toujours des surprises.
    — Et jamais des meilleures, glissa Guillaume.
    — Effectivement, reprit Chon. Comment peut-on être sûr de ce que tu avances ?
    — D'une manière très simple.
    — Décidément, tout est toujours simple avec toi, marmonna Bischi.
    — Eh oui, ma chère sœur. C'est simple car vous allez m'accompagner à Paris pour juger de mon offre par vous-même. Et puis, une noce demande toujours la présence de la famille du marié.
    Mes frère et sœurs étaient éberlués. Mon épouse, elle, sursauta.
    — Jean, vous ne m'entraînerez pas dans cette course, je vous le dis tout de suite. J'ai d'autres projets.
    — Vous ferez comme bon vous semblera, répondis-je assez soulagé, je l'avoue.
    La pauvre assistait à tout cela avec le détachement de celle qui va bientôt se retirer du monde. Je savais que ses projets devaient la conduire au couvent où elle ambitionnait de s'installer depuis de nombreuses années. Mon épouse au couvent : la chose tirera sûrement des sourires à mes lecteurs. Mais pour cette fois, je veux bien convenir que les voix de la destinée l'avaient écrit, car cette brave femme portait en quelque sorte déjà le voile depuis plus de quinze ans.
    Pour

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