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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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que l’os traversait la peau et que l’infection menaçait ? Il prétendait que le Second Avènement surviendrait avant sa mort et que sa jambe cassée constituait une épreuve envoyée par Dieu. C’est un vrai paradoxe que l’Apocalypse ait dominé l’imagerie chrétienne. Croyant que l’an mille marquait la fin des temps, beaucoup ont, paraît-il, escaladé des monts pour attendre la fin du monde. C’est un livre malfaisant, car il dit que l’humanité n’est rien, ne vaut rien. » Il soupira, secoua la tête, puis réussit à faire un triste sourire. « Comment va votre bras ?
    — Les points de suture me tirent, j’aimerais qu’on me les enlève.
    — Il n’y a que cinq jours qu’on vous les a posés, dit-il d’un air sceptique. Mais montrez-moi ça. »
    Il eut un radieux sourire quand j’enlevai ma robe et mon pourpoint et lui montrai mon bras.
    « Piers a fait du bon travail. Et ç’a très bien cicatrisé. Vous guérissez très vite, Matthew. Oui, je pense qu’on peut les retirer. Piers ! » appela-t-il. Apparemment, après avoir fait les points de suture, l’apprenti allait les enlever.
    « Il réussit extrêmement bien ! s’exclama-t-il, rayonnant. Il apprend si vite ! »
    J’aurais pu poser bien des questions, mais je tins ma langue. Je préférai parler de Bealknap. « Il est allé voir le Dr Archer pour se plaindre de faiblesses et de nausées. Celui-ci lui a infligé maintespurges et saignées, si bien que le patient n’a guère plus que la peau sur les os. J’ai l’impression qu’il risque d’en mourir.
    — Il ne serait pas, hélas, le premier patient tué par les traitements du Dr Archer, déclara Guy, l’air songeur. Il n’y a pas plus traditionaliste que lui. Cependant, je ne devrais pas prendre un patient à un confrère.
    — Bealknap désire un second avis. Il commence à comprendre qu’Archer détériore sa santé. Ç’a commencé par des évanouissements et des maux d’estomac, mais il me semble qu’aujourd’hui il est vraiment en piteux état.
    — Bealknap. Je me rappelle ce nom. Il vous a naguère porté préjudice, n’est-ce pas ?
    — En effet. C’est le plus grand vaurien de Lincoln’s Inn. En fait, c’est moi qui réglerai vos honoraires, car autrement vous risquez d’avoir à vous battre pour les toucher. J’imagine qu’il fait attendre Archer pour le payer.
    — Vous êtes disposé à aider un ennemi ? »
    Je souris. « Il aura ainsi une dette morale envers moi. J’aimerais voir comment il réagit à la situation. Ne croyez pas que mes intentions soient d’une pureté sans alliage.
    — C’est le lot de tout un chacun, répliqua-t-il d’un air triste, avant de me sourire. Je pense aussi que vous n’aimez pas voir souffrir.
    — C’est possible. »
    Le sourire s’effaça de mon visage lorsque la porte s’ouvrit pour laisser passer Piers, tout pimpant dans sa blouse bleue d’apprenti, son beau visage arborant son habituel air mielleux. Guy se leva et posa la main sur son bras. « Piers, ton patient est arrivé. Conduis-le dans l’autre pièce, veux-tu ? »
    Piers inclina le buste. « Bonjour, messire Shardlake. »
    Je me levai à contrecœur et le suivis. J’avais espéré que Guy assisterait à l’opération, mais il resta pour étudier son livre. Une fois dans la salle de soins meublée d’étagères pleines de pots d’apothicaire, d’une longue table et de râteliers d’instruments effrayants, Piers me désigna en souriant un tabouret placé près de la table. « Voudriez-vous dégager votre bras, monsieur, et vous asseoir là ? »
    Je roulai à nouveau la manche de ma chemise. Piers se tourna pour passer en revue les instruments de Guy, tandis que je fixais son large dos dans la blouse bleue. Tout à l’heure, quand Guy avait vanté les talents de Piers, j’avais perçu une angoisse dans son regard, presque comme s’il cherchait à se consoler en évoquant l’habileté de son apprenti. Que me cachait-il donc ?
    Piers choisit une paire de petits ciseaux, les actionna pour vérifier leur bon état, avant de se tourner vers moi, un sourire respectueux surles lèvres, même si je crus détecter dans ses yeux une lueur de froide ironie. Je le regardai avec appréhension se pencher pour couper les fils noirs. Il accomplit sa tâche avec douceur malgré tout, puis, saisissant des pinces, retira délicatement les fragments de fil coupé. Je soupirai de soulagement quand l’opération fut

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