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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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rien ne pourra jamais le guérir. Vous savez, Matthew, il y a très peu d’obsédés dans la Bible et, en tout cas, aucun dans le Nouveau Testament.
    — Et saint Jean ? Et l’Apocalypse ?
    — La chrétienté se porterait bien mieux sans ce livre. Il ne prêche que cruauté et destruction. Il enseigne que la destruction des êtres humains n’a aucune importance et qu’on doit même s’en réjouir. C’est un livre néfaste. Rien d’étonnant à ce que ce soit le livre choisi par le meurtrier. » Il soupira. « Matthew, il faut que je passe quelque temps avec Adam. On reprendra la discussion ce soir… Je pense qu’on s’occupe correctement de lui désormais, ajouta-t-il en souriant. Shawms et son maître Metwys ont peur de la Cour.
    — Guy, fis-je d’un ton hésitant. Puis-je vous demander un nouveau service ?
    — Bien sûr. »
    Je lui parlai des yeux de Charles Cantrell. « D’accord. Je vais l’examiner. Je ne peux pas me prononcer avant de l’avoir vu… C’est peut-être quelque chose de banal… Ou bien il se peut qu’il devienne réellement aveugle.
    — Dans ce cas, autant qu’il le sache. »
    Je le quittai pour le laisser tenter de conseiller Adam. J’étais plutôt soulagé de pouvoir m’en aller. Sur le chemin de la sortie, je jetai un coup d’œil au petit parloir. Assise avec Cissy, Ellen s’appliquait à la faire coudre correctement, comme un peu plus tôt elle s’était efforcée de faire manger Adam. La malade était affalée sur son siège, le regard vague. « Prenez les aiguilles, disait Ellen. C’est un si joli chemisier. » Elle a une patience de sainte, pensai-je. J’étais sûr qu’elle m’avait entendu approcher, mais elle ne leva pas la tête.
     
     
    Ce soir-là, je demandai à Joan de préparer une bonne fricassée de poulet. Ponctuel comme à l’accoutumée, Guy arriva à six heures et nous nous mîmes tout de suite à table. Tamasin m’avait appris que Barak était une nouvelle fois parti boire avec ses amis. Elle avait l’air lasse et irritée. Ce n’était pas bon signe. Tout en dînant, je continuai à parler de Felday.
    « Ainsi donc, vous êtes tombé sur un nouveau cadavre.
    — Oui. Et cela affecte terriblement Barak.
    — Comment vont-ils, lui et sa femme ? » Je lui avais touché un mot de leurs difficultés.
    « J’essaie de me convaincre que dès la fin de ce cauchemar Barak et elle vont se rabibocher. Grand Dieu ! m’écriai-je soudain avec colère, cette histoire a complètement envahi nos vies. Cet après-midi, j’allais consacrer un moment à établir une liste de souscripteurs en vue de la construction de l’hôpital de Roger, mais j’ai eu du mal à me concentrer.
    — Vous mènerez à bien ce projet. Cela fera plaisir à sa veuve.
    — Bien sûr.
    — Elle aura besoin de temps pour se remettre d’aplomb, Matthew. De pas mal de temps, malgré sa force de caractère.
    — Je le sais », convins-je avec un sourire en coin. Il avait deviné mes sentiments. « Combien de temps une âme blessée met-elle à guérir ? Et Adam, pourra-t-il jamais guérir ?
    — Je le crois. Avec l’aide d’Ellen, qui déploie beaucoup d’efforts pour l’aider, je pense qu’il peut être ramené dans le monde. Je suis décidé à découvrir pourquoi il s’est engagé sur cette atroce voie. Coûte que coûte. Quant au temps dont j’aurai besoin, poursuivit-il en écartant les mains, je dirai six mois, peut-être une année entière. Mais je suis déterminé à lui faire réintégrer la réalité, dans laquelle on doit vivre si l’on veut rester sain d’esprit, conclut-il d’un ton soudain passionné.
    — Cela paraît vous tenir vraiment à cœur. »
    Il hocha la tête lentement, la mine grave. « Je suis loin d’être aussi sûr et certain de toutes choses que j’en ai l’air, Matthew.
    — Vous avez connu les ténèbres de l’âme.
    — En effet.
    — Et en ce moment ? Vous êtes à nouveau troublé ?
    — Oui, oui. C’est vrai. » Il se tut et poussa un soupir qui était presque un sanglot. « Pas à propos de Dieu et de sa bonté, mais à propos de ma nature. »
    Je pris une profonde inspiration. « Cela a-t-il quelque chose à voir avec Piers ? »
    Il planta sur moi un regard perçant mais resta coi.
    « Guy, a-t-il quelque emprise sur vous ?
    — Non. En tout cas, pas dans le sens que vous croyez. Il était si soumis quand je l’ai engagé, poursuivit-il, angoissé. Il faisait tout pour

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