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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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peur. C’est tellement… (Il chercha le mot juste.)… Impitoyable. Comme ce tueur.
    — Tu ne penses quand même pas qu’il est possédé, comme le croit Harsnet ?
    — Je n’ai aucune idée de ce qu’il est.
    — Tout ce que je sais, c’est que je vais retrouver l’assassin de mon ami. Bon, suis-moi, on va se rendre à Westminster, à la Cour des augmentations. » Je donnai une claque sur son large dos et pris le chemin de la sortie, en apparence animé d’une confiance en moi que je ne ressentais pas en fait. Car nul doute que l’homme que nous recherchions, quel qu’il fût, était un monstre à visage humain.

15
    L e lendemain, je me rendis chez Guy à cheval . On était dimanche, le premier jour d’avril. C’était une nouvelle matinée de soleil et le temps était toujours doux. Des brindilles et des brins d’herbe dans le bec, des oiseaux passaient dans les airs, en direction d’arbres enfin habillés de vert pâle.
    Le 1 er  avril, c’est le jour où l’on se fait des niches, mais heureusement, malgré l’animation des rues, personne ne me cria que la queue de mon cheval était en feu ou ce genre de plaisanterie. Les gens avaient l’air préoccupé et j’avais entendu dire que deux courtisans soupçonnés de sympathies hérétiques avaient été conduits à la Tour.
    Barak et moi avions passé la journée précédente au bureau de la Cour des augmentations pour tenter de trouver les dossiers sur les infirmiers des monastères bénédictins de Londres. Or, un directeur ayant ordonné que soient réorganisées toutes les archives concernant les moines bénéficiaires de pensions, cela avait abouti à un grand désordre. Le soir était déjà tombé quand nous ressortîmes des lieux, couverts de poussière mais munis de trois noms, même si les adresses se trouvaient désormais dans des archives séparées qui ne rouvriraient que le lundi matin.
    Comme j’approchais de la maison de Guy, apercevant la masse de la Vieille Barge par-dessus les toits, je fus saisi de remords, car je n’avais pas vraiment entrepris Barak sur sa façon de traiter Tamasin. Il était passé maître dans l’art d’esquiver les questions embarrassantes et je craignais en outre que, en cherchant à influencer sa vie privée, je ne réussisse qu’à le braquer davantage. Je secouai la tête, incapable de déterminer la meilleure manière de procéder.
    Au moment où je m’engageais dans la rue dans laquelle habitait Guy, je ressentis à nouveau le malaise qui s’était emparé de moi une fois ou deux durant le trajet. J’avais l’impression d’être suivi. Je me tournai vivement sur ma selle, mais ne vis personne dans la rue étroite. La chasse au meurtrier de Roger m’angoissait. Je me rappelaique je dînais ce soir-là chez Dorothy, perspective qui m’emplissait à la fois de plaisir et de tristesse.
    J’attachai ma monture devant l’échoppe de Guy et frappai à la porte.
    Quand il me fit entrer, je vis qu’il avait déjà un autre visiteur. Grand, corpulent, rougeaud, le visage orné d’une longue barbe grise, l’homme était vêtu comme Guy d’une robe de médecin, mais la sienne était d’excellente coupe. Il tenait à la main une grande baguette de bois avec laquelle il désignait les pots d’apothicaire qui s’alignaient sur les étagères. Le jeune Piers avait descendu deux des pots et pesait soigneusement plusieurs doses.
    L’inconnu me toisa, coulant un regard dédaigneux le long de son grand nez crochu. « Peut-être me permettrez-vous de terminer mes emplettes avant que vous vous occupiez de votre patient », déclara-t-il d’un ton hautain à Guy, qui me fit signe de m’asseoir, l’air gêné.
    Je m’installai tandis que le visiteur désignait un autre pot. « Une pincée d’armoise, ainsi qu’une once d’antimoine. Auriez-vous du sang de cochet en poudre ?
    — Non, je n’en prépare pas.
    — Dommage ! C’est excellent pour les maux de tête.
    — Quelle science ! » murmura Piers. Le médecin le dévisagea, soupçonnant de l’insolence, mais le visage lisse du jeune homme était impassible, tandis que Guy réfrénait un sourire, tout en inscrivant sur une ardoise les désirs du client. À l’évidence, ce confrère le consultait en tant qu’apothicaire. L’homme corpulent devait être l’un de ces médecins dont la méthode consiste à impressionner leurs patients par une attitude arrogante qui masque souvent l’ignorance. Pourquoi Guy le

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