Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
Vom Netzwerk:
Sauvageot, marchand drapier ou marchand fermier », on parle de « discrète et vénérable personne, Messire Jean Poulin, prêtre, curé de Dettey ». Et cette « discrétion » se manifeste avant tout par la possibilité de lire et de comprendre les textes, par celle d’écrire et de compter. Toutes ces connaissances donnent sur le commun une supériorité considérable, permettant de savoir lire un « vrai » livre, alors que l’illettré doit se contenter des petits livrets assortis d’illustrations. En cela, les vies de saints peuvent être considérées comme les pâles ancêtres de nos bandes dessinées, et les almanachs, remplis de pictogrammes en tout genre, répondent aux attentes populaires. Cela vaut au Calendrier des Bergers ou à l’ Almanach du Bon Laboureur d’être des best-sellers, tirés au XVII e siècle, jusqu’à trois cent mille exemplaires.
    La lecture, d’ailleurs, ne s’apprend pas autrement. Mais avant de voir comment cela se passait, encore faut-il voir qui était alors chargé de l’enseignement.
    Deux chemises et quatre rabats :
quand le boulanger faisait l’école…
    Enseigne qui peut : le curé, le sacristain – ce dernier avec ou sans contrat – ou toute autre personne proposant de le faire, tel que cela ressort de nombreuses conventions passées devant notaire.
    Dans le Cher, les habitants du bourg de La Guerche passent contrat en 1630 avec un certain Jehan Desloges, « maître d’escole » du pays d’Autun. Passé en présence d’« honorable homme Charles Coquille, maistre escrivain à Nevers », qui l’a sans doute recommandé ou recruté ; l’acte précise que Desloges doit « monster et enseigner aux enfants desdits habitants les sciences tant de lire, escrire, calculer, soit aux jetons soit à la plume, moyennant seize sols par mois pour les enfants qui apprendront à lire et à écrire et huit sols pour les lecteurs, et en outre moyennant cinquante livres par an ». L’acte a soin d’ajouter que l’on fournira au maître d’école chambre, « lit, bureau et table ».
    Si Desloges, recommandé par un « maître écrivain », doit être compétent, tous ses confrères recteurs ne le sont malheureusement pas autant. Gageons que dans une autre commune du Berry, à Saint-Doulchard, Benoist Gâtebois qui s’engage, en 1646, à enseigner aux enfants de Vincent Mabillat, laboureur, « à lire et à écrire et à prier Dieu selon la religion catholique et romaine » n’est pas du même niveau. Même si ce n’est là qu’un contrat privé, le salaire vole nettement plus bas. L’accord est passé « moyennant 24 livres tournois, deux chemises et quatre rabats ».
    Mais il n’est pas facile de trouver des gens compétents. En 1773, la municipalité d’Argenton déplore que « comme il n’y a point en cette ville d’école publique fondée, on en est réduit à confier l’éducation de la jeunesse aux premiers maîtres qui se présentent ». Pense-t-on, pour autant, à imposer un examen de capacité comme celui que l’on va faire passer, le mois suivant, à Châteauroux à sept jeunes gens, examen au terme duquel cinq seront reconnus capables « de tenir classe ouverte pour donner des leçons de lecture, écriture et arithmétique », les deux autres devant se contenter d’enseigner la lecture ? Ce sont les mêmes soucis qui feront défendre, en 1777, à plusieurs personnes et notamment à Jean Poutillon, boulanger, « de s’immiscer à faire les fonctions de maître d’école »…
    Mais a-t-on le choix ? À la campagne, la communauté paroissiale mesure rarement l’intérêt et la rentabilité d’un tel investissement. Dans le cas où ni curé ni sacristain ne peuvent ou ne veulent jouer ce rôle, quelques très rares laboureurs aisés, tel Vincent Mabillat, pourront juger utile d’engager un précepteur personnel, qui s’acquittera le plus souvent de sa tâche à temps perdu, tant pour ce qui est du temps de l’enfant que pour celui du magister, c’est-à-dire lorsque aucun des deux ne sera accaparé par les travaux de la ferme.
    D’une part, en effet, cet enseignant, qu’il travaille pour une famille ou une communauté, exerce le plus souvent des fonctions complémentaires de domestique dans l’une, et un métier dans l’autre. Il est à la fois paysan et « écôleur ». À Lancé, près de Vendôme, où Pierre Bordier montre combien cette question est prise au sérieux, le sieur David, engagé en 1760,

Weitere Kostenlose Bücher