Qui étaient nos ancêtres ?
sera à la fois « sacriste et maître d’école ». Un peu plus tard, à Mareuil-en-Dôle, dans l’Aisne, Symphorien Magitot sera tantôt maître d’école (1786), manouvrier et instituteur (1790), officier public – autrement dit secrétaire de mairie et sans doute aussi garde champêtre (1796) –, vigneron et maître d’école (1812). Son savoir le conduit le plus souvent à cumuler les emplois administratifs, comme un siècle auparavant Antoine Catto avait été garde champêtre en été et instituteur l’hiver, à Piégon, dans la Drôme.
Reconnaissons à leur décharge que ceux qui engagent et réclament ces enseignants ne leur facilitent pas la tâche. Si nous retournons à Châteauroux, nous y voyons, en 1776, le conseil de la ville déclarer avoir reçu plusieurs plaintes de parents d’écoliers quant aux horaires des cours, qu’ils trouvent gênants pour leurs ménages comme pour leurs enfants, et ce bien que ces horaires avaient été fixés pour éviter aux parents la dépense de chandelle.
À la campagne, l’assiduité sera longtemps à peu près nulle, et la présence à l’école en période de gros travaux restera toujours hors de question. Lorsque Jules Ferry rendra la scolarité obligatoire, il aura le soin de programmer les « grandes vacances » de manière à y inclure fenaisons, moissons et vendanges, travaux pour lesquels il n’était pas concevable aux parents de se passer de l’aide des enfants – considérations que l’on ne pouvait se permettre d’ignorer si l’on voulait que cette loi rencontre une chance d’application effective.
La loi Jules Ferry allait en effet se heurter aux situations et mentalités selon lesquelles, à la campagne, l’enfant pouvait, certes, aller tous les jours à l’école, exception faite de ceux où l’on tuait le cochon, où l’on enterrait l’aïeul, où l’on allait au Pardon, où il pouvait, en Languedoc, aller garder le cochon au « couderc ». Autrement dit, on acceptait que l’enfant aille à l’école lorsqu’il faisait mauvais – sauf, évidemment, lorsque la neige obstruait les chemins. Il en allait ainsi depuis des décennies, alors que l’on comptait, en France, quelque 63 000 écoles publiques ou privées, dont beaucoup avaient vu le jour à la suite de la loi Guizot, en 1833. Et même si ces écoles fonctionnaient souvent de manière « mutualiste » (les plus grands enseignant les plus petits, pendant que le maître s’occupait des moyens), le progrès avait été considérable. Un an avant, en 1832, plus de dix mille communes en étaient encore dépourvues, soit plus d’une sur quatre, et à la campagne sans doute plus d’une sur trois ! Il faudra des décennies avant de trouver des bacheliers issus de milieux modestes.
Quand les bacheliers ne passaient pas de bac
Chaque année, le baccalauréat fait monter l’adrénaline de milliers de jeunes gens et de deux fois plus de parents qui rêvent de voir leur fils ou leur fille devenir des « bacheliers », un mot qui a, évidemment, tout une histoire.
À l’origine, il semble venir de celui du bas chevalier , nom donné au Moyen Âge au chevalier qui n’avait pas assez de vassaux ni de fortune pour conduire des hommes au combat sous sa propre bannière, et qui se voyait par conséquent obligé de faire la guerre sous les ordres d’un chevalier-banneret.
Rapidement, ce mot avait été aussi utilisé pour désigner un premier degré d’études. Mais, plus généralement, le bachelier était un jeune homme vaillant, d’où, dans bien des régions, le nom de bachelleries donné autrefois aux réunions de jeunes gens et de conscrits. Le mot fut d’ailleurs exporté sous ce sens en Angleterre, où il s’est maintenu jusqu’à nos jours dans l’anglais bachelor, désignant tout simplement… le célibataire.
Notre bachelier du Moyen Âge ne passait donc pas de bac. Ne serait-ce que parce que le baccalauréat n’est apparu qu’au XVI e siècle, à l’origine sous le nom de baccalarius, pour désigner la situation des jeunes clercs préparant une licence. Napoléon l’avait maintenu comme premier grade universitaire, que l’on pouvait alors passer dès l’âge de seize ans. On comptera ainsi trente et un bacheliers en 1809, et ce n’est qu’en 1881 que, partagé en deux, il deviendra l’examen sanctionnant les études secondaires. Il est alors réservé à l’élite sociale et culturelle, les autres se contentant du Certificat
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