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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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« voisin » – parallèlement à tout un éventail de petits centres de peuplement, qui n’avaient cessé d’émailler le paysage des constructions les plus diverses, allant au fil des siècles de la simple « cabane », « chaise », « borde » ou « loge » au hameau et à la maison, qui tous subsistent dans des noms que nous ne savons plus identifier. Ces défrichements ont été de plus en plus menés à l’initiative des religieux, donnant le jour à de nombreux monastères, souvent placés sous le commandement de supérieurs appelés des « abbés », d’où leur nom d’abbaye. À la faveur du grand courant mystique du XII e siècle des terres seront également défrichées par des ermites. Mais on verra surtout de nouvelles générations de villae. Charmoy, minuscule commune de Saône-et-Loire, compte ainsi aujourd’hui un hameau compose de deux fermes, du nom de Charmoy-la-Ville, qui fait sourire le passant non initié. Il s’agissait pourtant à l’origine d’une ferme en pleine campagne, que l’on entendait bien distinguer du centre de la paroisse, que les textes anciens nomment, quant à elle, Charmoy-le-Moutier, en référence à l’église qui y avait été construite au cœur d’un ancien vicus.
    De la cabane au bordel
     
    Nos noms de lieux continuent à témoigner des très anciens noyaux d’habitation dont la toponymie permet souvent de dater l’apparition :
    – de l’époque gauloise datent les noms formés sur bona -village (Boulogne), et sur attela, désignant la cabane (Athis, Athée, Les Autels…) ;
    – de l’époque gallo-romaine datent à la fois ceux formés sur capanna , désignant en bas latin une hutte, mot qui a donné notre « cabane » (d’où Chabannes, Chavannes et Chevannes), et ceux formés sur casa , désignant une petite maison (d’où Cazal, Cazaux, Chazal, Chazelles et de nombreuses Chèze et Chaise, sans rapport avec notre moderne siège, venu quant à lui de la « chaire », désignant un siège à dossier et directement à l’origine de la chaire d’église). Également les noms formés sur vicus , désignant le village (d’où Vicq, Longvic et Longwy, Neuvic ; ou encore Voisins, Le Vesinet…) ;
    – de la période des grandes invasions viennent les noms formés sur bord, désignant une cabane en planches (Borde, Bordas, Bordeau, Bourdeau et jusqu’à… notre bordel !), et tous ceux formés sur burg, désignant initialement la place forte, puis le bourg, comme, en Languedoc, les toponymes formés sur fara, désignant le domaine (La Farre, La Fère). Dans le Nord et en Alsace, on trouve des noms formés sur Ham et Heim, mots ayant le sens de maison, plus exactement du home anglais, qui en dérive lui aussi, d’où Ouistreham ou Molsheim, noms proches de tous les Hamel, parfaits équivalents de nos actuels hameaux. De cette époque datent encore les noms formés sur laubja , venu de l’allemand Laube , désignant la tonnelle, donc la cabane de bois, qui a donné notre « loge » et notre « logis » (d’où La Loge, Loyettes…) et ceux construits sur saal, désignant une grande maison, à l’origine de notre mot « salle » et de noms de lieux comme La Salle, La Salette, Selles… ;
    – plus tardivement, en Normandie, les Vikings ont laissé leurs propres appellations avec both , signifiant « abri », qui a évolué en beuf et se retrouve dans Elbeuf (abri près d’une fontaine) ; tôt , qui signifie « ferme » et qu’on retrouve dans Yvetot ; fljot, désignant un espace plat, à l’origine des toponymes terminés en - fleur , comme Honfleur, ou encore thveit, nommant la pièce de terre, et à l’origine de nombreux Thuit.
    Ce mouvement d’alternance dans la lutte contre l’arbre se poursuivra quasiment jusqu’à la Renaissance. Après l’immense vague de déboisements génératrice de milliers de hameaux qui émailleront le paysage de l’Europe florissante des XI e , XII e et XIII e siècles, les deux derniers siècles du Moyen Âge, avec la guerre de Cent Ans et son cortège de fléaux, verront l’abandon de nombreuses surfaces cultivées, que les hommes de la Renaissance, au sortir de ce tunnel, devront reconquérir à la force de leurs bras. De ces générations successives de défricheurs nous viennent une foule de noms de lieux qui, lorsque l’on sait les lire, sont les témoins de cette histoire. Plus que des noms de communes – car la plupart des paroisses leur étaient

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