Qui étaient nos ancêtres ?
antérieures –, ce sont surtout des noms de fermes isolées, de hameaux, de lieux-dits et d’écarts.
Témoins des grands défrichements
De cette longue lutte de nos ancêtres contre la nature témoignent maints noms de lieux, parfois de générations différentes, mais se rapportant aux arbres qui ont été éliminés pour faire place aux nouvelles cultures.
Beaucoup s’appuient sur de vieux mots d’origine gauloise, comme broglio , « petit bois », qui a donné quantité de Breuil, ou comme nauda, « marécage » (d’où des Nœud, Noailles et Nouailles…), comme broccia, désignant un taillis souvent épineux (à l’origine de Brosses, Labrousse, et même de notre « brousse » et de nos « broussailles »), comme cassanos, nom du chêne (d’où tant de Chassaing, Chassagne, Cassagne…) » comme betua, nom du bouleau (d’où des Bez, Besse, Boulaye…), vernos, nom de l’aulne, longtemps appelé un « verne » (à l’origine des Vernay, La Vergne, Vergnolles, Vernoux…) ou encore varenna , qui désignait une lande (à l’origine de nombreuses Varennes et… de la « garenne » de nos lapins).
D’autres s’appuient sur des noms d’origine gallo-romaine, comme ceux tirés de fagus, le hêtre, qui a souvent longtemps été appelé un « foyard » (d’où des Fay et des Fayette) ou de buxus, désignant le buis (d’où Buxy, Buxerolles, Bussière…).
D’autres ont encore été donnés par les Francs, comme les Houssaye, terres recouvertes à l’origine de houx.
Que ce soient les fougères (avec Feugères, Faugerolles…), la bruyère (avec Brugère), les charmes (avec Charmoy, Charmée…), tous ces noms de végétaux évoquent ce que les défricheurs ont éliminé pour obtenir des terres fertiles. Toutes ces surfaces sont devenues des cultures ou « coutures » (les Coutures-Saint-Gervais) patiemment gagnées sur la nature, essartées le plus souvent à la seule force du poignet, à la houe ou au sarcloir, et ce qui a donné des appellations comme Les Essarts, Essertenne ou Certines, ou comme Artigue (d’après un mot d’origine gauloise) d’où des Artiguenave, autrement dit « artigue neuve »…
D’autres évoquent au contraire les cultures que l’on y a développées, comme Avesnes ou Avanne, l’avoine ; Lignières, les champs de lin ; Chennevières, les plantations de chanvre, ce chanvre avec lequel on tissait des cordes et des vêtements, et qui n’était autre que notre cannabis ! Les prairies ont de même donné des Pradel et des Presles, les vergers des Verger, mais aussi des Pommier, Poirier et Prunier, comme les jardins des Orts (venus du latin « hortus »).
Autant de noms qui sont souvent devenus des noms de famille, pour avoir été donnés comme surnoms – surtout dans les régions d’habitat dispersé – aux hommes qui les habitaient. Signe de l’évolution, ces noms de lieux montrent peu à peu la maison l’emporter sur le hameau, autrement dit un habitat plus individuel, ou du moins plus familial, l’emporter sur un habitat de groupe : la famille, comme on va le voir, s’impose davantage en tant que cadre de vie.
Des maisons en tous genres
À nouveaux hameaux, nouvelles constructions (Maisonneuve, Chazenove ou Cazenove), les habitations construites par les « essarteurs » étaient volontiers protégées par des palissades (Palisse, Plessis) ou des haies vives (La Haye).
Beaucoup, pourtant, rappelaient davantage le statut personnel : la cobnica, cultivée par le colon, est à l’origine de nos Collonge et Coulanges ; les abergements étaient les lieux où l’on « hébergeait » ou « abritait » des paysans.
Les infrastructures de protection sont à l’origine de nombreux toponymes : firmitas (la forteresse) a donné des Ferté ; mirador (le poste avancé fortifié) a donné des Mirande, tout comme les châteaux ont généré nombre de noms de lieux, de Châteauroux à Castelsarrazin (2) . Alors qu’en Bretagne, les paroisses donnaient des Plou - et des Pleu - (Pleuric ou Plougastel) et qu’ailleurs les sanctuaires donnaient des Chapelle ou des Capelle, des Égliseneuve ou des Moustiers.
Mais ce sont surtout les agglomérations nouvellement fondées sous la protection des seigneurs qui alimentèrent la liste des toponymes, avec des légions de Villeneuve, Villenave, Neuville, de Bastide, de Villefranche (ville dont les habitants jouissaient de franchises et de libertés), de sauvetés donnant des
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