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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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N’est-ce pas lui qui la pousse à accomplir parfois le véritable exploit de trouver un papier et d’écrire, ou de faire écrire, quelques lignes de recommandation ?
    Il y a amitié vraie et concupiscence :
libéraux mais vertueux ?
    L’amour a-t-il sa place ? Peut-il avoir une place dans cette société à la fois crue et brutale ?
    On ne peut que penser aux nombreux remariages et aux si fréquents cas de marâtres, si abondants dans la littérature populaire. Dans tous les récits authentiques, chez tous nos témoins privilégiés, la marâtre est présente, aussi bien chez Rétif de La Bretonne, dont la mère se heurte aux enfants du premier lit de son mari, que chez Louis Simon, dont la première amoureuse, fille d’un marchand, s’était vue chassée de chez son père par la jeune seconde femme de celui-ci, ou encore chez Jacques-Louis Ménétra, dans le Paris de 1750, écrivant : « J’avais une assez bonne belle-mère », mais « comme elle avait plusieurs enfants, elle cherchait tous les moyens de m’expatrier de la maison. »
    Une autre remarque s’impose : l’amour filial ne peut qu’être conditionné par le fait que l’enfant ne voit jamais son père seul, mais au milieu du groupe des hommes. De ce fait, le fils semble longtemps vouer essentiellement à son père un sentiment de respect et de soumission. Tel est en tous les cas le modèle que nos témoins illustrent sans ambiguïté, et que plusieurs des situations décrites ont confirmé.
    Mais comment savoir la part de l’inclination et celle du devoir ? Dieu ne commande-t-il pas de vénérer son père et sa mère ? Chassez le naturel, la religion revient au galop…
    Mais la grande question est évidemment celle de l’amour conjugal. Les époux s’aiment-ils, et surtout se sont-ils mariés par amour ? Celui-ci intervient-il dans le choix matrimonial ?
    « L’amour humain, explique l’Église, est divisé en amour de concupiscence et amour d’amitié. Nous appelons amour de concupiscence celui par lequel nous aimons le prochain principalement pour notre bien, non pour le sien propre ; au contraire, l’amour d’amitié est celui par lequel nous l’aimons principalement pour son bien ou son plaisir. » Il y a donc l’amour physique et l’amour d’amitié, terme alors consacré et utilisé par les curés et les notaires, et que Louis Simon lui-même emploie, en 1763, lorsqu’il déclare, après avoir vécu un amour malheureux : « Je ne voudrais pas me marier sans amitié. » Si, au début du XVIII e siècle, Edme Rétif avait encore accepté, sans résistance, que son père lui choisisse et lui impose sa femme, il semble que, peu à peu, « l’amitié » ait été considérée comme nécessaire au mariage. C’est cette amitié qui conduit, en 1774, Louis André, garçon maréchal-ferrant à Cérans, à se contenter « de l’état actuel en lequel se trouve la future », et à épouser sans la moindre dot Catherine Froger, la fille de notre irascible et violent maître de postes déjà rencontré, « à cause de la longue recherche qu’il a fait de sa personne depuis environ quatre ans ». Les interventions du curé du lieu ont été vaines : le père s’obstine, la fille aussi, car elle aime et elle est aimée…
    Mais si l’amour s’installe, il est automatiquement connu et public, et va par la même occasion s’inscrire dans le contexte social et, ce faisant, rencontrer parfois les susceptibilités.
    Une rupture des fiançailles prendra facilement une dimension d’affaire d’État, du fait que les familles estiment leur honneur engagé. La fréquentation, lorsqu’elle n’est pas sanctionnée par un mariage, deviendra également vite scandaleuse. Marie-Madeleine Millet, âgée de dix-huit ans, fille d’un laboureur de la région de Meaux, n’hésite pas à poursuivre en justice un de ses cousins du fait que « les marques d’amitié qu’ils se donnaient lung lautre ont fait beaucoup parler le public, en sorte qu’il n’y a pas lieu de croire qu’elle trouvera facilement à s’établir par mariage avec autre que lui ».
    La virginité n’est jamais qu’un détail. Si dans certaines régions, comme en pays chartrain, la coutume veut que l’on inspecte les draps au lendemain de la nuit de noces (et parfois, qu’on les expose), on accepte assez facilement, un peu partout, le mariage à l’essai ou le concubinage prénuptial, comme en Corse ou au Pays Basque, et il n’est guère

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