Qui étaient nos ancêtres ?
grands cuveaux de bois, tout en s’y faisant servir son repas sur une planche, avant de passer dans une chambre, où une chambrière vous proposait des massages en tout genre. Ces établissements étaient nombreux (une trentaine dans le Paris du XIV e siècle) et l’on raconte que qui passait à proximité pouvait ouïr « crier, hutiner, saulter, tellement qu’on était étonné que les voisins le souffrissent et la justice le dissimulât ». On dit aussi que la reine Isabeau de Bavière avait l’habitude de récompenser ses serviteurs en leur offrant des abonnements pour aller sestuver.
Peu à peu, on verra apparaître et se multiplier bourdeaux et maisons de fillettes , appelés encore châteaux-gaillards , qui contribuèrent beaucoup à répandre la syphilis, ramenée des guerres d’Italie… Mais le péché le plus réprouvé, même s’il reçoit au XVII e siècle les faveurs des plus snobs, reste celui des Bulgares , à l’origine de nos bougres et de nos bougresses , depuis qu’une bande d’homosexuels s’était réfugiée dans leur pays. Le Roi-Soleil n’hésitera pas à faire fouetter en public son fils naturel, le comte de Vermandois, qui osera en afficher les mœurs, mais n’osera cependant faire châtier tous ses nombreux complices, tels le prince de Conti, fils du Grand Condé, et autres grands prieurs.
Au village comme à la cour, le scandale est vite dénoncé et violemment réprimé. La violence n’est-elle pas inscrite partout en toile de fond, de la serrade lozérienne à l’infanticide contre lequel s’insurge Henri II, le plus souvent en vain, comme le prouve la condamnation de Marguerite Mengant, « atteinte et accusée d’avoir recelé sa grossesse, d’avoir accouché la nuit (…) dans sa maison, porte fermée sur elle, au village de Kerlannou, paroisse de Ploudalmézeau, d’un enfant mâle, et d’avoir estouffé ledit enfant, iceluy caché dans la paille de son lit, pour réparation de quoi l’avons condamnée à estre pendue et estranglée jusqu’à ce que mort s’ensuive ». La potence sera érigée sur la place publique de Brest, où l’affaire sera jugée. À mœurs impitoyables châtiments impitoyables et exemplaires – publics, donc –, et parfaitement acceptés, dès lors que l’Église et la société ont décidé de réagir et de punir.
Bordel, Putin, Catin et les autres
Au palmarès des noms de famille jugés handicapants, et dont on cherche à se débarrasser en suivant le « parcours du combattant légal » conduisant au Conseil d’État, on trouve, juste derrière Cocu, nombre de patronymes d’apparence injurieuse : Bordel, Putin, Crétin, ou encore, moins nombreux : Catin, Garce, Salaud, Conard ou Lebougre.
Tous, pratiquement, ne se trouvent ici que par « accident ».
Les Salaud et les Conard proviennent d’anciens noms de baptême d’origine germanique depuis longtemps tombés aux oubliettes, le premier de Salawald (signifiant « chef », « gouverneur ») et le second de Conhard (signifiant originellement « hardi et fort »).
Crétin, de son côté, n’est qu’une déformation de Chrétien, la forme ancienne de notre Christian.
Garce n’était que le féminin de gars, et ne prendra qu’au XVI e siècle son sens péjoratif, tout comme Catin n’était qu’un inoffensif diminutif de Catherine, qui évolua dans le même sens à peu près à la même époque, pour avoir été un prénom fréquemment porté dans les milieux modestes et marginaux.
Lebougre est plus délicat. À l’origine, le bogre était le nom du « Bulgare », qui souffrait, au Moyen Âge, d’une réputation doublement abominable, à la fois comme « hérétique et sodomite ». De ce fait, bougre et son féminin bougresse désignaient des hommes et des femmes roués et sans morale. Ils devinrent une injure que l’on préféra adoucir en bigre , comme on déclina bougrement en bigrement.
Putin, avant d’évoquer notre moderne « pute », venait tout comme elle du vieil adjectif put ou peut, issu du latin putere signifiant puer. Était peut non seulement ce qui « puait » (témoin encore aujourd’hui notre putois), mais aussi tout ce qui était sale, au propre comme au figuré, et souvent, par extension, ce qui était laid. Comme le diable, le sorcier se voyait volontiers appelé le peut et avait le peut œil. La putée ou la puterie était la débauche…, et la putaine fille l’ancêtre de notre putain…
Bordel doit, comme on
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