Qui étaient nos ancêtres ?
s’amuser, qui nous a laissé plusieurs termes encore employés aujourd’hui. Qui galait faisait des galéjades ou gaulejades et donc aussi des gauloiseries , ce qui revient à dire que notre fameux esprit « gaulois » ne doit en réalité pas grand-chose aux Gaulois… Le mot connut ensuite une longue et lente dérive, pour désigner rapidement un individu vif, hardi et rusé, et il semble que les premiers verts galants aient été des bandits qui se cachaient dans les bois.
Mais ce « galant » partit ensuite pour l’Italie, où il reçut, sans doute en hommage à la réputation proverbiale des Français, son sens d’empressé auprès des femmes, pour nous revenir au XVI e siècle à la manière d’un boomerang et continuer à évoluer vers les sens que nous lui connaissons. Le Vert-Galant était devenu le surnom d’un redoutable tombeur et c’est en ce sens qu’il fut donné à Henri IV.
Ce roi l’assuma d’autant mieux qu’à son époque les amours extra-conjugales étaient parfaitement admises, et courantes dans la haute société. Les amours avec Corisande, la belle Gabrielle, Henriette d’Entragues, comme avec d’autres, étaient publiques, et personne n’en était choqué. La plupart de ses prédécesseurs avaient eu des maîtresses, plus ou moins stables et attitrées, qui leur avaient régulièrement donné des bâtards. Et ces bâtards, avoués, avaient leur place dans l’entourage de leur père, que ce soit, au XV e siècle, Dunois, le fils naturel du duc d’Orléans, ou Antoine, dit « le Grand bâtard de Bourgogne », fils du duc Philippe le Bon, ou au XVII e , le fils du bon roi Henri, que celui-ci fera duc de Vendôme…
Dans la noblesse de cette époque, le mariage est une affaire de familles, d’argent et de politique. Dans les familles de très hautes lignées, ces intérêts conduisaient les enfants à se voir marier très jeunes, souvent avant quinze ans… Hors de ce mariage, le grand seigneur parcourant ses terres aimait à conquérir les paysannes de sa seigneurie. Personne n’aurait su l’en dissuader, ni aucune lui résister.
Les bâtards qui naissaient de ces amours ancillaires étaient donc élevés au château. Mieux, ils l’étaient souvent par l’épouse légitime. Ainsi, en Auvergne, dans des familles comme les Lastic, les Fontanges, les Tournemire, on en trouva quasiment à chaque génération. Au milieu du XVI e siècle, trois frères de Lastic en ont ainsi engendré, y compris le plus jeune d’entre eux, qui en eut huit, tout en étant… prieur de son état !
En Gévaudan, les bergères sont des victimes toutes désignées, même les plus jeunes, comme Marie-Jeanne Gaignac, onze ans, la fille Hermon, neuf ans, et Rosalie Gaillon, sept ans, que Jean-Pierre Ricord, de La Fage, violera successivement en 1884. Les violeurs sont souvent des cadets célibataires sans espoir de mariage, mais surtout des marginaux, bergers et vagabonds… D’autres fois, c’est le beau-père qui assaillera sa belle-fille, ou parfois encore le curé !
Les prêtres ne donnent-ils pas en effet couramment d’abominables et scandaleux exemples, tel, en 1592, Pierre Boyer, vicaire perpétuel de Bourges, qui s’est laissé entraîner par sa maîtresse à être le complice du jeune prêtre assassin d’un vieux chanoine. Au début du même siècle, Sanson Caignon, chapelain et vicaire de Neuvy, dans la Marne, « entretient des relations coupables avec plusieurs filles et femmes », et son contemporain et voisin Ponthus Montgrenier, curé de Pleurs, sera, quant à lui, accusé « d’avoir défloré et rendu enceintes deux sœurs », âgées de seize et vingt-deux ans, habitant sa paroisse. Comment s’étonner, dès lors, de voir, en 1659, un sacrilège commis au pied même de la chaire du prédicateur, dans l’église Saint-Étienne de Bourges, où sont surpris « un jeune homme tailleur d’habits et une fille qui commettaient le péché de fornication, accompagnés d’une autre fille qui faisait le guet » ?
Mais nous sommes en ville, et la ville, évidemment, s’affirme depuis longtemps comme un lieu de perdition.
Au Moyen Âge, déjà, on y trouvait force ribaudes et putaines filles , ces filles peutes, c’est-à-dire sales, du moins sous l’angle de leur âme, qui, dans les grandes villes, avaient d’abord attendu les hommes à l’étuve, ancêtre de nos anciens bains publics et de nos saunas. Là, on pouvait prendre des bains « mixtes » dans de
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