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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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que les curés pour s’en indigner. En 1850, celui de Notre-Dame-de-Boisset, dans la Loire, fulmine contre les scènes qu’il peut apercevoir chaque dimanche, après vêpres, du haut de son clocher, où les gars du pays s’affichent avec les bergères dans un commerce sans équivoque. Des scènes que les jeunes vendéens dissimulent plus pudiquement derrière d’énormes parapluies violets…
    Plus curieusement, dans certaines régions, comme en Franche-Comté ou en Piémont, il n’est pas rare que la fille courtisée garde son amant dans son lit durant la nuit, pour la passer à ses côtés « en tout bien tout honneur ». Tout dépend ici si la fille saura être sage, résister à la tentation de « prendre un pain sur la fournée », et empêcher « le chat d’aller au fromage ». On a beau conserver par principe la chemise, les élans naturels sont souvent trop violents. Il s’ensuit que les conceptions prénuptiales sont fréquentes, et cela un peu dans tous les milieux, et que les amants doivent souvent demander une dispense de bans à Monsieur le Curé pour accélérer la célébration de leurs noces. L’essentiel est de régulariser les choses, faute de quoi le « bâtard » cristalliserait la honte et l’opprobre sur la famille tout entière.
    Nos ancêtres étaient-il vertueux ? Pas toujours, donc, et il s’en faut !
    Libéraux, ou plutôt « libérés », ils semblent souvent ne reconnaître pour limites que celles imposées par l’honneur et la susceptibilité populaires, et celles défendues en principe par l’Église, laquelle invite par ailleurs les gens mariés à « croître et à multiplier », sauf, comme on le sait, durant l’Avent et le Carême… La troisième rosière à laquelle les paroissiens d’Aubry, dans le Nord, décernèrent en 1780 un prix de vertu ne concevra-t-elle pas elle-même avant de se marier ?
    Les déclarations de grossesse, imposées par Henri II aux futures mères célibataires pour battre en brèche les tentations d’infanticide, racontent mille histoires de filles séduites et abandonnées. Des filles que personne, cependant, ne s’aviserait de plaindre. Les proverbes qui les mettent en garde, elles et leurs parents, sont nombreux : « Filles et vignes sont difficiles à garder : il est toujours quelqu’un qui passe et qui voudrait tâter », « Rentre tes poules, j’ai lâché mes coqs ». À elles donc de se débrouiller : en octobre 1790, Anne Perchet, fille majeure d’un manouvrier, déclare devant un notaire d’Is-sur-Tille qu’elle est grosse de trois mois des œuvres de Laurent Lechenet, fils d’un aubergiste du village voisin. Le lendemain, chez le même notaire, elle revient sur sa déclaration et dépose contre Noël Mugneret, laboureur de sa paroisse et vraisemblablement employeur occasionnel de son père, ajoutant que c’est par erreur qu’elle a dit autrement la veille. Car il n’est pas rare que ces malheureuses multiplient les déclarations. Le 25 février 1783, Françoise Villemot, fille de manouvrier, servante âgée de dix-sept ans et enceinte de six mois, déclarera avoir été violée par un inconnu, alors qu’elle revenait d’Is, où elle était allée chercher du sel pour son maître, le laboureur Didier Couturier. Un mois plus tard, le 26 mars, elle se présente chez un autre notaire pour déclarer etre enceinte… des œuvres de ce maître, âgé de soixante-douze ans. Ce sont quatre déclarations successives que fera ainsi, en 1698, Marguerite Mestrier, lingère de trente ans, qui ayant commencé à accuser le sieur Thirson, religieux, reviendra sur ses dires « pour éviter les conséquences fâcheuses pour elle des faux bruits qu’elle a fait courir sur lui », et finira par désigner un maître chirurgien…
    Si toutes ces déclarations sont faites sous serment, il n’empêche que de l’une à l’autre on gravit souvent les degrés de l’échelle sociale, à moins que l’on ne doive penser que c’est la peur, bien souvent, qui les aura dictées… Peur des représailles, dans ce monde de violence où le viol est aussi courant que la simple paillardise.
    Quand les galéjades faisaient faire des bâtards
     
    Célèbre pour sa poule au pot ou pour son juron favori (Ventre-saint-gris !), le bon roi Henri IV l’est sans doute plus encore pour sa réputation de « Vert Galant ».
    Un galant , au Moyen Âge, était un homme enjoué. Le nom vient de l’ancien verbe galer, signifiant

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