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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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l’a vu, son étymologie à la borde , nom d’une simple cabane de planches, puis d’une maison habitée par un bordier. Le bordeau ou bordel désignait donc à l’origine une petite maison isolée, avant que de glisser vers son acception moderne, attestée dès la fin du Moyen Âge, même si ce lieu est alors volontiers nommé le château gaillard.
    Que penser de tout cela ?
    Nos ancêtres sont-ils naïfs ou sages, illettrés ou ignorants, laborieux ou passifs, insensibles ou timides, vertueux ou débauchés ?
    La réponse est délicate, car dans ce monde où les hommes calquent leur attitude sur la nature insensible, tout est à la fois ambigu et logique, contraste et contradiction. Si tout homme sociable et bon chrétien se doit de faire asseoir à sa table et d’offrir l’abri de son toit, le même chrétien en chassera l’étranger de passage, et plus encore le bâtard et sa fille ou sa servante qui lui aura donné le jour. Dans le viol, ce sera moins l’atteinte à l’intégrité corporelle qui indignera que celle à l’honneur familial.
    Tout est lourd et compliqué : le fameux coup de poing avec effusion de sang au cimetière de Rumegies obligera le curé à des appels publics en chaire, et surtout, pour « réconcilier » le cimetière estimé profané, à se rendre à Tournai, chez son évêque, et à accueillir le doyen que ce dernier déléguera sur place, et qu’il faudra aller chercher à Saint-Amand, avec une chaise et des chevaux, sans oublier de lui offrir un dîner digne de lui.
    Passifs mais passionnés, nos ancêtres semblent surtout, à tous niveaux et en toute occasion, conditionnés par leur vie en groupe et en public, qui exacerbe sans cesse leur sens de l’honneur et leur susceptibilité. Voici une mère, une bourgeoise de Salins, qui n’hésite pas, au XVIII e siècle, à faire enfermer au château d’If son fils qui s’est livré au libertinage. En voici une autre, l’infortunée épouse du Meusien condamné à l’échafaud pour castration, qui dira à ses enfants qu’il leur faut se décider à mourir, leur fera calmement détacher, désharnacher leurs chevaux et leur donner à manger, pour ensuite leur faire successivement placer leur tête sur un billot, où elle la leur tranchera à coups de hache, avant de retourner ensuite son arme contre soi.
    Au XVIII e siècle, à propos des habitants du Bugey, un observateur note « qu’ils ne rient pas autour des berceaux ni ne pleurent pas celui qui meurt »…
    Susceptibles et dépendants, nos ancêtres n’en sont pas moins passifs et soumis à la fatalité, sans doute parce que justement tout à la fois naïfs et sages, illettrés et ignorants, laborieux et passifs, insensibles et timides, vertueux et débauchés, mais surtout parce que croyants. Ils sont croyants et résignés. « Heureux les pauvres et les affligés… »

IV.

COMMENT ÉTAIENT-ILS ?
    D ES MODES DÉCALÉES

1

Laids ou beaux ?
    Mais comment sont donc nos ancêtres ? À quoi ressemblent-ils ? Sont-ils grands ou petits ? Gros ou maigres ? Chétifs ou ventripotents ? Élégants ou en haillons ? Sales ou parfumés ? Gais ou tristes ? Autant de questions capitales, mais dont la réponse sera parfois difficile à trouver.
    Si le visage de nos rois et de nos cardinaux, comme ceux de nombre de grands seigneurs, nous sont connus, c’est qu’ils avaient eu les moyens de faire peindre leur portrait, ce qui était évidemment un luxe hors de portée des humbles, même si, un peu partout, de petits artistes sans grand talent pouvaient en réaliser pour les petits châtelains et les bourgeois. Il faudra attendre les portraits « tirés » par les photographes pour que chacun puisse avoir son image, après que Nicéphore Niepce, en 1822, eut réussi, après de très longues heures de pose, à fixer la première.
    Mais le portrait photographique lui-même sera très long à se démocratiser. Les professionnels et les matériels qu’ils utilisent maintiennent les prix à des tarifs longtemps élevés. Vers 1850, le daguerréotype, ancêtre de notre « photo », coûte 50 francs, soit environ vingt jours du travail d’un ouvrier mineur. La géniale invention qui permettra alors à Disdéri, à partir d’une émulsion coulée sur une plaque de verre, de proposer une douzaine de clichés restera longtemps réservée à l’élite, puisque obligeant encore notre mineur à dépenser 20 francs, soit le salaire d’une semaine. Les photographes,

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