Qui étaient nos ancêtres ?
écrouelles , que les rois de France avaient le miraculeux pouvoir de guérir le jour de leur sacre. Partout, lépreux et galeux, sourds-muets, myopes et boiteux sont légion, comme partout dominent les organismes faibles, souffrant presque toujours de déséquilibres et d’insuffisances alimentaires, notamment en viandes et en laitages.
Dès lors, la nutrition et le physique varient aussi en fonction du milieu, et André Corvisier, qui a minutieusement étudié ces archives, montre que les recrues issues des classes supérieures mesurent en moyenne près de trois centimètres de plus que les paysans et trois centimètres et demi que les artisans…
Maigres ou gros ? Les « abdos Kronenbourg »
de la princesse palatine
Sans aller jusqu’à évoquer les pauvres êtres décharnés que l’on a vu brouter de l’herbe au printemps de 1709, disons qu’une bonne nutrition est évidemment exceptionnelle. C’est elle qui, en plus d’une taille supérieure, donne aux catégories aisées, moins actives et plus sédentaires, une rondeur qui va s’accentuant au fil des âges de la vie. « Gras comme un moine » ou « comme un chanoine », « gros comme un muid » (ancienne mesure de capacité, le muid de vin faisant plus de 250 litres), « gros souffleur de boudin », « avoir la maladie de saint Bondon et les joues plates comme des boules », sont autant d’expressions synonymes de nos actuels « abdos Kronenbourg », mais qui sont presque toujours réservées aux nantis et aux privilégiés, à ceux auxquels les jours de jeûne ne pèsent pas trop. « Mangez un bœuf et soyez chrétien », tel est le slogan que mettent alors en pratique religieux et bourgeois, chez lesquels brioche et bedaine symbolisent à la fois l’opulence, la richesse et la réussite.
N’oublions pas que les grandes fêtes donnent toutes lieu à de véritables débauches alimentaires. Que ce soit à Carnaval ou les jours de mariage, le plaisir passe d’abord par la table, dont l’abondance dépend de la taille de la bourse. Le Giton de La Bruyère a « le teint frais, le visage plein et les joues pendantes (…), les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et assurée. (…) Il est riche ».
Nombre de grands affichent donc un embonpoint et des rondeurs d’obèses, les femmes plus encore que les hommes : « La grosseur, je m’en moque, je préfère la bonne table à la rigueur », disait à qui voulait l’entendre la gourmande Catherine de Médicis, à qui l’on servait coup sur coup paons, faisans, cygnes, grues, chevreaux et poulets, et qui se goinfrait sans retenue de « culs d’artichauds et de crêtes de coq ». Henriette d’Entragues, la maîtresse d’Henri IV, « n’étoit fine que d’esprit qu’elle avoit fort futé, et non poinct du corps qu’elle avoit énorme ». La princesse palatine, belle-sœur de Louis XIV, écrivant à sa tante, lui avouait : « Ma graisse s’est mal placée, j’ai un derrière effroyable, des hanches et des épaules énormes. (…) Ma taille est monstrueuse d’épaisseur, je suis carrée comme un dé à jouer (…), mais j’ai le bonheur de ne pas m’en soucier. »
Cela dit, les hommes les imitent volontiers : Haendel, Mirabeau (que l’on surnommera Mirabeau-Tonneau), Barras, Rossini, Balzac, Théophile Gautier, Courbet, M. Thiers, Alexandre Dumas, Gambetta… le « club des gros » a toujours compté des recrues de choix…
Pif, pouf, la pouffiasse !
Les expressions populaires destinées à dépeindre la maigreur ont depuis longtemps pris pour référence ce que l’on trouvait de plus fin. On était maigre comme un fil ou comme un clou. On parlait même de personnes maigres comme un cent de clou, le centième du clou.
Mais si ce « cent de clou » est clair, d’où viennent tout ces mots plus ou moins imagés et liés au physique, comme patapouf ou pif ?
Avant d’être le siège bas et rembourré que nous connaissons, le pouf avait désigné un bonnet de femme fait de plumes et de rubans et comme « pouffé », c’est-à-dire « soufflé ». Le nom avait ensuite été donné à un coussin de crin que les femmes employaient pour faire bouffer l’arrière de leurs jupes, et derrière lequel pointe évidemment l’origine de notre pouffiasse. En fait, pouffé signifiait donc tout simplement « soufflé », « enflé », « plein de vent », d’où, par croisement avec le « gros pataud », notre gros patapouf,
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