Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
Vom Netzwerk:
Un second, en 1822, reprend cette description en insistant sur les membres grêles et les corps prématurément voûtés, et sur les enfants, remarquables « par la grosseur de leur ventre, parfois accompagnée de la bouffissure de la face et presque toujours d’un état de langueur ».
    La Sologne était-elle un cas extrême ? Il faut reconnaître que sa population conservera longtemps sa réputation de « race chétive », peut-être en raison du côté insalubre et malsain du pays, son mauvais climat, ses cultures et ses productions médiocres exposant ses habitants à une sous-alimentation chronique. Il n’empêche que lorsque Louis-Sébastien Mercier décrit les portefaix parisiens de 1790, prêts à porter les plus lourds fardeaux pour les commerçants et à effectuer les déménagements des habitants de la capitale, il en fait une description assez voisine : « Vous croiriez que ces hommes ont une taille au-dessus de la commune, des couleurs vermeilles, des jambes fortes et de l’embonpoint ; non, ils sont pâles, trapus, plutôt maigres que gras ; ils boivent beaucoup plus qu’ils ne mangent », ajoutant plus loin que, de façon générale, « le peuple est mou, pâle, petit, rabougri ». À la même époque, les paysans du Bugey sont dépeints avec « un teint pâle et livide, un œil terne, des épaules et le thorax étroits, une démarche traînante », notre observateur soulignant que les rides sont nombreuses sur le visage des jeunes, qu’ils sont vieux à trente ans et décrépits à quarante. Les populations des massifs alpins, décrites par Balzac sous la Restauration comme « faibles, pâles et maladives », offrent presque trait pour trait ceux de nos Solognots, et les paysans qu’il met en scène dans son œuvre présentent tous les traits caractéristiques que nous leur connaissons.
    Une chose frappe à la lecture de ces portraits : l’aspect à la fois maigre et ventru – un contraste de plus – qui ne va pas sans rappeler le petit Biafrais des années 70, et nous conduit à diagnostiquer le kwashiorkor, maladie fréquente dans certains pays sous-développés d’Afrique, due à une grave malnutrition protéino-calorique.
    Nos ancêtres avaient-ils la frite, avec ou sans remède de bonne « fame » ?
     
    Nos ancêtres avaient-ils la frite ? Certainement pas ! Cette expression est récente, née dans le langage des sportifs et se situe dans le sillage d ’avoir la pêche, à la différence que si cette pêche est un coup « violent et lourd », la frite est, elle, un coup « rapide et soudain ». Faire une frite à un copain, c’est lui cingler prestement la fesse de haut en bas. À tout prendre, nos ancêtres, ignorant les frites en tout genre, préféraient se dire « solides comme le pont-Neuf ».
    Au contraire, qui n’était pas en forme se disait volontiers mal à cheval ou mal dans son assiette, l’assiette ne désignant pas ici la pièce de vaisselle, mais l’« assise », selon le sens qu’elle a conservé en matière d’impôt, venu du verbe seoir, faisant dire qu’une ferme était « sise » sur le territoire de telle commune. Était donc mal dans son assiette qui n’avait pas bonne assise , autrement dit pas bon équilibre, celui-là même qui risquait, éventuellement, de tomber dans les pommes , sans que l’on ait d’ailleurs, avec cette nouvelle expression, davantage de pommes que tout à l’heure de frites. À l’origine, on tombait en fait dans les pâmes , ou encore en pâmoison , se pâmant sous l’effet d’un spasme convulsif, sans le moindre sac de pommes pour amortir la chute…
    Il ne restait dès lors qu’à reprendre du poil de la bête, en référence au fait que pour guérir les morsures d’animaux, on avait l’habitude de prendre des poils de la bête ayant mordu pour les appliquer sur la plaie. C’était là, disait-on, un remède souverain, un de ces remèdes de bonnes femmes qui n’étaient à l’origine que de bonne fame, d’après un vieux mot forgé sur le latin fama, désignant la réputation. Un remède littéralement fameux, même s’il avait parfois un goût « infâme »… Car fameux, à l’origine, n’avait nullement le sens de « savoureux », mais uniquement celui de « célèbre, réputé », d’où nos lieux mal famés et notre diffamation. Ce qui était bon à manger, comme ce qui était agréable à toucher, à sentir ou à regarder était autrefois dit savoureux, terme que

Weitere Kostenlose Bücher