Qui étaient nos ancêtres ?
les brûlures avec des feuilles de noyer confites dans de l’huile, on combat les rages de dents en buvant des tisanes de pavot.
Dépendants de la nature et familiers des animaux, nos ancêtres y puisent par ailleurs souvent directement leurs remèdes, soignant la coqueluche avec du sirop d’escargot, ou cherchant, toujours selon leur bonne logique, à transmettre à l’enfant malingre un peu de la force du taureau en le plongeant dans un bon bain de sang de bœuf.
Les excréments d’origine animale ont également longtemps passé pour fournir des médecines efficaces. Comme l’antique Galien, pour diminuer tumeurs et furoncles, avait recommandé des cataplasmes de crottes de chèvre, mélangées à de la farine d’orge, la fiente de bœuf ou de vache, enveloppée dans des feuilles de vigne ou de chou et chauffée dans la cendre, est réputée guérir certaines plaies, soulager des piqûres d’abeilles et de frelons et apaiser la sciatique. Celle des porcs guérit des crachements de sang et on la fait parfois ingurgiter au malade, fricassée avec autant de crachat et une noix de beurre frais. Contre la jaunisse, on ne connaît rien de mieux que cinq petites crottes de chèvre, bues chaque matin, huit jours durant, dans du vin blanc… Quant aux fientes des animaux sauvages, elles sont, elles aussi, pleines de vertus. Celle du corbeau est utilisée pour guérir les caries et est donnée aux enfants pour les délivrer de la toux. Celle du chameau, bien réduite en poudre et imprégnée d’huile, passe pour faire friser les cheveux. Jusqu’à celle de l’éléphant, que l’on applique sur le crâne pour soulager les migraines, alors que celle de l’hippopotame est réputée efficace contre certaines fièvres, comme l’est encore celle du crocodile pour les troubles des yeux.
Outre les interventions des saints dont on n’hésite pas à gratter le socle de la statue pour en avaler quelques fragments réduits en poudre dans un gobelet d’eau, les médecines de nos ancêtres ne nous sont que trop connues. En un an, le médecin de Louis XIII lui a fait administrer 215 purgations et 212 lavements : c’est l’âge d’or du clystère, et le roi ne saurait aller contre cette thérapie moderne, « bien persuadé que le moyen le plus assuré de défendre le cerveau est celui de vider le plus souvent le bas-ventre ». En 1764, les Grassois s’évertuent à purger et saigner les malades, tout en leur donnant aussi des rafraîchissements, lorsque la petite vérole – qui n’est autre que la variole – ravage leurs familles et leur ville.
On n’hésite pas, pour les cas les plus délicats, à recourir au renfort de la religion. En 1685, lorsque Louis XIV dut se faire opérer d’une fistule très mal placée, le pays tout entier pria. La Cour, dans la chapelle royale de Versailles, chantait en chœur un petit refrain mis en musique pour l’occasion par Lully : Dieu sauve le roi. Refrain qui, exporté outre-Manche, est devenu… l’hymne britannique.
Aux grands maux les saints remèdes
Plus forts que tous les remèdes, les guérisseurs considérés comme les plus efficaces restaient évidemment les saints. Tout malade les invoquait et les priait, plus particulièrement ceux que leur nom, leur vie, leur légende ou leur martyre désignait tout naturellement comme spécialistes de telle ou telle maladie. Dès lors, la maladie même, dans sa dénomination, leur était couramment associée, d’où toute une liste d’appellations aujourd’hui oubliées.
En référence au supplice qu’elle avait subi, le mal sainte Apolline était ainsi celui du mal de dents, et le mal sainte Claire désignait la rougeur des yeux. La lèpre était le mal saint Ladre Lazare (qui en était mort), et comme la peste le mal saint Antoine, saint Sébastien ou saint Roch, que l’on représentait souvent avec un bubon sur la cuisse. L’érysipèle, souvent confondue avec la peste, était dit mal des Ardents, mal d’Amiens mais aussi mal sainte Geneviève, mal Notre-Dame, mal saint Main ou mal saint Messent. Voici donc un petit catalogue des différentes associations de saints à une maladie :
– mal saint Julien : l’abcès,
– mal saint Martin : le mal de gorge et d’amygdales,
– mal saint Éloi : la fistule et la gangrène,
– mal saint Jean, mal saint Leu ou mal saint Valentin : l’épilepsie, appelée aussi haut mal ou mal caduc,
– mal saint Eutrope : l’hydropisie,
–
Weitere Kostenlose Bücher