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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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l’on employait aussi bien pour un plat que pour un tissu ou un charmant minois.
    Revue de détail :
quand le Roi-Soleil ouvrait la bouche …
    Ce qui a le plus frappé nos témoins, tous issus des classes dominantes, semble cependant avoir d’abord été le teint : un teint plombé et « livide », ce mot étant ici pris dans son sens originel. Tous le remarquent : lorsque Rétif rend visite, à Paris, aux anciens amis qu’il y fréquentait lorsqu’il avait une vingtaine d’années, ceux-ci ne peuvent le reconnaître sous ses traits de paysan : « Edmond, jeune et frais douze années auparavant, avait le visage et les mains brûlées par le soleil. » Un siècle plus tard, la fermière du Médecin de campagne est « parcheminée comme une Esquimaude, du fait d’un genre de vie harassant qui sénilise avant l’âge ».
    Détaillons le visage : la bouche – même des jeunes –, est, quand elle a encore des dents, un conservatoire de chicots qui pourrissent et tombent vite. Le tartre qui s’y accumule donne une haleine souvent fétide. On sait que tout auguste qu’elle ait été, celle de Louis XIV était irrespirable à qui s’en approchait. Le dentiste n’existe pas. La brosse à dents non plus. Les dents cariées pourrissent inexorablement, jusqu’à ce que le barbier-chirurgien se charge d’extraire des chicots verdâtres, évidemment sans anesthésie ni désinfectant, avec une simple « clé de Garangeot ». Au début du XX e siècle, l’arracheur de dents passait encore dans les foires bressannes pour y opérer en public, accompagné du garde champêtre couvrant les cris du patient par des roulements de tambour… Le prieur solognot qualifie les voix sortant de ces bouches « d’articulées et impropres au chant », ce qui ne saurait être autrement chez ces pauvres êtres édentés et goitreux.
    Les yeux sont petits et souvent très rentrés. Colporteurs et marchands ambulants proposent des lunettes qu’ils vont fourguer aux mal-voyants, sans que ceux-ci aient au préalable subi le moindre examen ophtalmologique. Dans un étonnant bric-à-brac, chacun choisit donc des montures et des verres, qu’il partagera parfois avec sa femme, son frère et son domestique.
    Les cheveux : ceux des hommes sont plutôt longs. Ce n’est qu’en 1796 que Bonaparte fera couper les siens, pendant la campagne d’Italie, et deviendra de ce fait le « petit tondu ». À la campagne, cette mode ne sera guère suivie avant la guerre de 1870 et la fin du XIX e siècle. Longtemps, les anciennes générations continueront à porter barbe, favoris et cheveux longs. Côté femmes, les cheveux sont longs, sauf à les avoir fait couper pour les vendre, comme on l’a vu, aux perruquiers. La décence, enfin, veut que ces cheveux soient cachés, par une coiffe ou un chapeau, la seule expression de « femme en cheveux », contenant encore, au début du XX e siècle, le plus profond mépris pour celle ayant osé se montrer ainsi en public.
    Quand les perruques enlevaient la farine de la bouche des pauvres !
     
    Pourquoi diable n’y a-t-il « qu’un cheveu sur la tête à Mathieu » ? Sans doute parce que Mathieu est une déformation, par contraction, de Mathusalem, mort si vieux et donc si chenu (blanc à la fois de barbe, de poils et… de cheveux) qu’il ne devait pas lui en rester beaucoup.
    Le peu de cheveux a toujours été ressenti comme un signe d’indigence générale, au propre comme au figuré : il n’est qu’à penser à l’expression « un pelé et trois tondus », où le pelé était le chauve, et les tondus les moines… Qui n’avait plus de cheveux en souffrait souvent, même s’il était autrefois « né coiffé ».
    Les cheveux ont toujours beaucoup compté, comme en témoignent encore de nombreux patronymes, non seulement les Blond, Leblond, Blondin, Blondet et Blondeau, non seulement les Brun, Lebrun, Brunet ou Bruneau, les Roux ou Leroux, Lerouge, Rousseau ou Rousselet, mais encore les Blancs et les Leblanc, Blandin ou Bianco, leurs homologues Chenu, Canut ou Weiss (alsacien), comme les Chauvin, Chauvet, Calvet, Cauvet, Cauvin ou les Le Moal bretons…
    Les cheveux comptèrent parmi les premiers soucis de nos ancêtres. Au XVI e siècle, hommes et femmes prirent d’abord l’habitude de les poudrer, selon la mode lancée par les mignons d’Henri III, alors même que le clergé tonnait contre ces gens arrivant à l’église « poudrés comme des meuniers ».

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