Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
Vom Netzwerk:
ou de muscade, et chez les autres simplement sucré, ce qui est déjà un luxe…
    Le vin est réputé donner force et santé. En 1698, l’intendant de Bourgogne note que les Mâconnais et les gens de la Côte sont plus grands et plus robustes que ceux des montagnes et des plaines non viticoles. Mais quel vin boivent-ils ? Le bon étant gardé pour être vendu, ils se contentent d’une piquette souvent aussi aigre que claire, obtenue en faisant simplement passer de l’eau sur le moût et les bois des grappes, une fois celles-ci égrappées. En Bretagne, le cidre est, de la même façon, la boisson des grands jours et des échanges de politesse. C’est à coup de verres de cidre que l’on trinque et que l’on conclut les marchés.
    Longtemps donc, nos ancêtres boivent peu, et se contentent de piquette, de cervoise, cette vieille bière fabriquée sans houblon, à simple base d’orge, ou tout simplement de verjus, boisson des plus âcres, généralement obtenue avec des feuilles et des baies de frêne. C’est par l’eau-de-vie, qui connaît un véritable triomphe à compter du XVII e siècle, que l’alcool va se répandre, en ville et à Paris, bien sûr, où l’on a vu les portefaix en consommer immodérément. L’armée, avec les guerres napoléoniennes, lui fera faire d’irréversibles progrès dans le peuple. Les hommes boivent de l’eau-de-vie, du vin – plus tard, de l’absinthe – et fument du tabac… Avec le XIX e siècle, s’ouvre l’âge d’or de nos cafés.
    Au fil des années, les habitudes se maintiennent tout en évoluant lentement. La soupe, tout d’abord, s’enrichit.
    Celle que prend le paysan breton à son lever est aux choux, au lard ou au lait et au beurre et, après une bouillie d’avoine et des pommes de terre à midi, il retrouve le soir une soupe copieuse accompagnant crêpes ou galettes. Dans la région de Mantes, on consomme à midi une soupe grasse suivie de charcuterie, de légumes et de fromage. Celle que l’on prend encore deux fois par jour, dans le Tarn, est désormais cuite à la graisse d’oie, avec pommes de terre, haricots, choux et os de porc, voire encore saucisses ou côtes de porc.
    Le XIX e siècle connaîtra un peu partout le triomphe de la pomme de terre entraînant une relativisation du pain et permettant le progrès du pain blanc, bien que le froment ait été longtemps gardé pour payer l’impôt et les redevances.
    L’extraordinaire aventure de la pomme de terre
     
    D’abord appelée la « plante du diable », il ne fallut pas moins de trois siècles à la pomme de terre pour s’imposer sur les tables.
    Rapportée à titre de curiosité de la cordillère des Andes par les conquistadores espagnols et appelée alors « artichaut des Indes », il faudra attendre que des moines italiens aient l’idée de la cultiver dans le potager de leur couvent pour songer à la servir, cuite, aux animaux.
    Longtemps, les hommes s’en sont méfiés. Elle est réputée causer des fièvres, et comme toute nouveauté se voit de nos jours soupçonnée de favoriser le cancer, on l’a alors accusée de donner la lèpre… Il faudra la guerre de Trente Ans pour qu’elle soit servie aux armées séjournant en Alsace et que le peuple y goûte à son tour, les classes dominantes se contentant dans un premier temps d’essayer d’en extraire de la poudre pour leurs perruques… Au XVIII e siècle, aux yeux d’Arthur Young, elle ne saurait avoir aucun avenir, car « les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de l’humanité n’y voudront pas toucher ».
    Pourtant, au cours du même siècle, les paysans ont été de plus en plus nombreux à l’inscrire à leurs menus, cela donc bien avant la fameuse intervention de M. Parmentier qui, pour en avoir mangé lors d’un séjour en prison consécutif à des erreurs de jeunesse, s’emploiera à lui donner la place qui, à ses yeux, doit être la sienne.
    Établi comme pharmacien, il veut imposer « cette racine fade et farineuse » comme solution aux menaces régulières de disette. On sait qu’après avoir remporté le premier prix d’un concours organisé par l’Académie de Besançon sur ce sujet, il demandera à Louis XVI de l’aider à faire une ultime démonstration, en lui confiant un terrain en bordure de Seine, aux portes de Paris, dans la plaine des Sablons, où il aurait fait monter la garde pour aiguiser la curiosité publique. En 1785, le jour de la Saint-Louis, il fit livrer à Versailles une

Weitere Kostenlose Bücher