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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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filoselle, de la lustrine à la ratine , du taffetas à la tiretaine , jusqu’au droguet ou à la futaine , associant, eux, le chanvre et le lin.
    Matière déjà plus noble, le lin est réservé aux vêtements des riches ou des jours de fête, et ce n’est que dans la deuxième moitié du XVIII e siècle qu’arriveront les cotonnades, basin, boucassin, mousseline, sans oublier les indiennes et les siamoises, faites de soie et de coton, et à la faveur desquelles se répandront les rayures et les carreaux. Jusqu’alors, en effet, les costumes de nos ancêtres restent ternes, unis et sombres, se contentant de camaïeux de bruns, de gris, de marrons et de grèges, de couleurs « cannelle » ou « feuille morte », seules variantes permises par les matières premières rustiques. Force est donc de se cantonner aux couleurs naturelles des peaux de bêtes, et au blanc sale des toiles artisanales, avec toutefois quelques couleurs régionales comme le vert dans les Vosges, le gris dans le Centre et un « bleu de terre » dans l’Ouest. Les couleurs vives, pourtant très prisées dès le Moyen Âge et obtenues par les plantes tinctoriales comme l’indigo et la garance, restent l’apanage des puissants. Elles feront une timide apparition par les petites pièces vestimentaires féminines, comme mouchoirs et fichus, achetées à la foire ou au marchand ambulant, et resteront longtemps, là encore, utilisées pour les habits de fêtes. C’est ainsi que les premières vraies robes de mariées seront rouge garance, après avoir été longtemps noires.
    Autre particularité : les vêtements protégeant de la pluie et des intempéries sont rares. Les manteaux sont exceptionnels à la campagne, ne serait-ce parce qu’ils sont hors de prix : en 1724, un gros manteau de bouracan (sorte d’étoffe faite de laine et de poil de chèvre), est prisé seize livres dans un inventaire breton, alors qu’une paire de chaussures est évaluée une livre. On a vu que le parapluie sera longtemps réservé à l’élite, et l’on ne saurait donc parler d’imperméable…
    Pour se garantir des averses et des frimas, nos ancêtres se contentent, on l’a vu, d’empiler des épaisseurs, ceux qui en ont les moyens portant des pelissons de peaux de bêtes, de lapin, de bique, de martre, ou de loutre, ou cet épais manteau de bouracan, qui reste donc onéreux. En voyage, ces vêtements seront roulés dans un sac de peau de chèvre, pour être préservés de la pluie.
    Si, à tous niveaux, l’habit fait donc le moine en signalant toute personne d’exception, nos ancêtres restent longtemps vêtus de façon similiaire, et d’évidence très nettement décalée par rapport aux classes supérieures. Les gardes-robes du noble aisé vivant en ville, du notaire, du laboureur ou du marchand rural, du manouvrier ou du journalier, diffèrent autant par le nombre que par la variété des vêtements qui les composent. Personne ne s’y trompe, au point que le réflexe de l’ambitieux sera toujours de chercher à copier d’abord au plan vestimentaire le milieu auquel il aspire à s’intégrer. Les classes dominantes ne le savent que trop, et elles ont plusieurs fois inspiré au roi ce que l’on a appelé des « édits somptuaires ». Dès 1294, Philippe le Bel interdit ainsi aux bourgeois et aux bourgeoises de porter or ou pierres précieuses, ainsi que les fourrures de vair, de petit-gris et d’hermine, et entre 1485 et 1660, on dénombrera plus de dix-huit ordonnances visant à restreindre les dépenses de luxe pour surtout, semble-t-il, permettre à la noblesse de conserver une prééminence visuelle au plan vestimentaire, en lui réservant l’usage de la soie ainsi que celui des tissus lamés d’or et d’argent.
    « Comme l’as de pique » ou « sur son 31 » ?
     
    Qu’est-ce donc que cette histoire d’as de pique, qui, au fil des générations, semble avoir su s’adapter à tous les termes utilisés pour l’habillement ? Si l’on est aujourd’hui sapé comme tel, on était, il y a peu, pareillement fringué, depuis que l’adjectif fringant , signifiant à l’origine « gambadant, sautillant » en était venu à signifier « élégant », au milieu du XVII e siècle, pour ne pas tarder à engendrer nos fringues.
    Mais avant d’être dit « fringué » comme cet as de pique, on en avait été attifé, selon un mot lié aux cheveux, et plus avant encore ficelé. Et c’est là que tout

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