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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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au nom évocateur, et autres jours de fête où une véritable fureur compensatrice jette nos ancêtres sur les aliments, comme cela se produit aussi aux grandes fêtes de la Saint-Jean, de la Saint-Michel ou de la Saint-Martin, sans oublier les repas de noces : soit plus de cent jours de jeûne, pour au moins autant de jours gras – mais où la seule graisse est souvent le lard rance mêlé à la soupe –, contre quinze bons jours de bombance sans retenue !
    La semaine des quatre jeudis et ses balthazars
     
    Cette semaine ne sert plus aujourd’hui qu’à évoquer un terme qui n’échoira jamais. Elle rejoint le « temps où les poules auront des dents », celui « où tout le monde sera content » ou encore les fameuses « calendes grecques », qui n’arriveront jamais, elles non plus, puisque les Calendes, qui correspondaient chez les Romains aux premiers jours de chaque mois, étaient parfaitement ignorées des Grecs.
    Mais pourquoi des jeudis ? Et pourquoi quatre ?
    On pense bien sûr à l’ancien calendrier scolaire, donnant le jeudi pour jour de congé aux écoliers, et au rêve que pouvait représenter pour ceux-ci une semaine qui en aurait quatre.
    Pourtant l’expression est beaucoup plus ancienne, même si au XVI e siècle ces jeudis n’étaient que trois, et si au Moyen Âge on ne parlait que de « semaine des deux jeudis ». Le jeudi, alors, était traditionnellement un jour gras, un jour très gras, puisque placé entre deux jours de jeûne absolu imposés par l’Église, le « vendredi » , déclaré « maigre » en commémoration de celui où le Christ était mort sur la croix, et le mercredi, qui l’était également parce que c’était le jour où Judas l’avait vendu.
    Coincé entre ces deux journées de privations, le jeudi était rapidement devenu un grand jour de bombance, de quoi foire rêver nos ancêtres, si souvent mal nourris, à des semaines qui en auraient compté plusieurs.
    N’oublions pas, cependant, que ces ancêtres, si souvent réduits à des régimes amaigrissants forcés, ne manquaient aucune occasion de bâfrer, se faisant alors surnommer « paroissiens de Saint-Pierre-aux-Bœufs » ou, s’ils avaient trop bu, « de Saint-Jean-le-Rond ». On se souvient des menus pantagruéliques de nos grands-parents, capables de réunir des dizaines de plats. Un des plus longs fut celui offert sur le Champ-de-Mars par le président Loubet, le 14 juillet 1900, aux 20 777 maires ayant répondu à son invitation pour fêter le millénaire, un véritable « balthazar », comme on disait volontiers au temps de la famille Fenouillard, en référence au nom du dernier roi de Babylone, qui aurait été tué après une orgie.
    En 1910, les menus d’un mariage bourgeois donnent :
    à déjeuner :
à dîner :
Hors-d’œuvre
    Bouquet de Cherbourg
    Turbot, sauce Joinville
    Filet de bœuf Périgueux
    Salmis de bécasses
    Aspics de foie gras
    Asperges sauce mousseline
    Poularde du Mans truffée
    Entremets
    Glace moscovite
    Petits fours
    Corbeille de fruits
Potage aux perles
    Saumon de la Loire, sauce rémoulade
    Poularde de Bresse demi-deuil
    Galantine de faisans truffée
    Petits pois à la française
    Dinde truffée
    Salade russe
    Entremets
    Pièces montées
    Petits fours
    Corbeille de fruits
     
    Les repas de fête sont généralement l’occasion de véritables débauches gastronomiques. Ceux des noces, à la préparation desquels participent toute la parenté et le voisinage, durent plusieurs jours, et les banquets de conscrits, d’anciens combattants, de « classes » (pour les gens nés une même année), se multiplieront peu à peu avant que n’apparaissent ceux des noces d’or et d’argent. Mais les temps, déjà, ont changé…
    L’eau et le vin : d’une évolution à l’autre
    Longtemps rare, le vin est lui aussi un signe d’aisance : « Bon chantre, bon entonneur », a-t-on dit… Le paysan d’antan mange du pain noir et boit de l’eau – une eau pas toujours potable, que nos laboratoires d’analyses condamneraient à coup sûr, puisée à la mare ou à la fontaine où s’abreuve le bétail, ou bien tirée du puits, souvent voisin du tas de fumier.
    Le vin, dans la plupart des régions, est réservé aux gens aisés, et n’est consommé, chez les humbles, qu’aux jours de fêtes. Il est aussi réputé pour mille vertus, notamment médicales, servi chaud, additionné, pour qui le peut, d’épices, de cannelle, de gingembre, de girofle

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