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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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les goupillons et les reliquaires, censés contenir quelques fragments du squelette d’un saint ou quelque microscopique morceau de la vraie croix du Christ ou de l’éponge vinaigrée qu’on lui tendit sur la croix. À quoi s’ajoutaient bannières, croix de procession, draps mortuaires…, tout cela fabriqué dans des matériaux plus ou moins précieux, selon les moyens de la paroisse ou de ses bienfaiteurs.
    On y trouvait enfin les livres liturgiques – missels, graduels…, – sans oublier le bréviaire, rédigé en latin, qui était un « abrégé » de l’office divin ne contenant que la partie que chaque prêtre devait lire chaque jour ; sans oublier les registres paroissiaux, si précieux aujourd’hui pour les généalogistes.
    Les religieux et religieuses sont d’autant plus nombreux que, du fait de leur vœu de pauvreté, les anciennes lois les rendaient incapables de recueillir une succession : une aubaine pour toutes les familles aisées qui ignoraient évidemment le planning familial ! En casant des fils à la Trappe et en envoyant des filles au couvent, on évitait le morcellement des fortunes qui se serait répété à chaque génération. Au début du XVI e siècle, la France comptera environ 880 établissements religieux, qu’il s’agisse des couvents des ordres mendiants vivant, en ville, de l’aumône, des monastères des ordres contemplatifs, enfermés dans une clôture et implantés à la campagne, ou des abbayes, dont le supérieur était un abbé autonome, parfois directement nommé par le roi. Ajoutez à cela plus de 6 000 prieurés, qui étaient à l’origine de petites abbayes détachées des grandes pour gérer des terres à l’écart, 60 chartreuses, plus de 500 commanderies…, chiffres qui augmenteront considérablement au cours du XVII e siècle, avec une énorme floraison d’ordres nouveaux. Essayons d’additionner : entre tous ces murs, on recensait quelque 100 000 personnes, auxquelles on devait ajouter sans doute à peu près autant de « séculiers » : quelque 60 000 curés et vicaires et plusieurs milliers de chanoines, formant à eux seuls une catégorie particulièrement puissante.
    On sait le fossé qu’il y avait entre l’évêque recruté dans la noblesse, détenteur d’une fortune personnelle et menant une existence fastueuse, et le bas clergé, issu du peuple. Les chanoines en formaient le « gratin », l’aristocratie. S’ils devaient à l’origine leur nom aux règles ou « canons », dont les chapitres devaient être régulièrement lus devant leur assemblée – le « chapitre » –, les chanoines tirent le principal de leur influence du fait que, dans chaque diocèse, c’est à leur assemblée qu’incombe l’administration de l’évêché. Jusqu’au XVI e siècle, ce sont même leurs chapitres qui ont nommé et choisi les évêques, qu’ils plaçaient alors symboliquement, dans l’église la plus proche du bâtiment de l’évêché, sur un siège haut que l’on appelait selon un terme grec une kathèdre , meuble qui, de l’église propre à l’évêque a fait notre cathédrale.
    Pour toutes ces raisons, le chapitre « cathédral » est donc une assemblée puissante et riche, possédant parfois des milliers d’hectares et des dizaines de seigneuries. Celui de Chartres eut ainsi jusqu’à sept mille hectares, cent treize maisons dans la ville et des terres rapportant des droits et des revenus énormes, réparties à travers cent vingt-quatre paroisses de la région. Les chanoines qui les composent sont eux-mêmes riches, en ce qu’ils sont bénéficiaires d’une « prébende », sorte de rente tirée des revenus du diocèse, et dont le montant est particulièrement confortable. Sous Louis XIII, le revenu annuel minimum d’une prébende de chanoine représentait près de six années de travail d’un journalier ! Tout cela pour gérer les finances de l’évêque et assurer surtout la lourde tâche de chanter lors des offices…
    L’image du chanoine gros et gras, « vermeil et brillant de santé », confirme celle de ces « pieux fainéants » qui n’hésitaient pas à payer des « chantres-gagés » pour chanter les matines et les laudes pendant qu’ils faisaient la grasse matinée. Dodus et replets, souvent perclus de goutte sur leurs vieux jours, ils n’en portaient pas moins hautement leur aumusse de fourrure au bras pour se rendre aux offices et l’on mesure aisément combien la lutte

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