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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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leur enfant.
    De façon générale, les familles des villes et des champs se fréquentent fort peu. Certes, des notaires ou des avocats des villes accordent parfois leurs filles à leurs jeunes confrères des campagnes, comme il arrive que tel fils de bourgeois épouse la fille d’un laboureur aisé, qu’un cabaretier du bourg se marie avec la fille d’un tonnelier du voisinage. Certes encore, la plupart des bourgeois et des artisans des villes et des bourgs ont leurs origines directes dans la campagne voisine : ils n’entretiennent pas pour autant des rapports avec elle. Ville et campagne restent deux milieux différents qui ne se mélangent guère. Le citadin, déjà, passe volontiers pour un peu trop sûr de soi ; le villageois, pour naïf et facile à duper. Ils se défient les uns des autres et le fossé qui les sépare est aussi profond au plan des mentalités que des réalités.
    Longtemps d’ailleurs, la ville reste coupée de l’extérieur par un fleuve ou une rivière que peu de ponts traversent, par une muraille aux portes rares et bien gardées, situation qui se prolongera longtemps – souvent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale – par les octrois, véritables barrières douanières intérieures, où étaient perçues des taxes sur les marchandises transportées et qui matérialisaient donc bien le passage d’un monde à l’autre.
    Aux yeux des ruraux, la ville était tout à la fois un lieu de convoitise et de crainte, de rêve et de perdition. Il faut dire que le campagnard y débarquant, outre qu’il resta longtemps repérable à ses vêtements, était pour le moins désorienté. Son milieu habituel était calme et silencieux : on n’y entendait évidemment ni tracteur ni voiture et le chant du laboureur conduisant ses bœufs rompait seul parfois le silence. Arrivant en ville, il était assailli par la rumeur, par les cris de batteleurs et de marchands en tout genre : marchands de lait, de salades ou de marrons, vitriers, rémouleurs ou porteurs d’eau vantant leurs marchandises. Dans les villes de quelque importance, il se retrouvait dans un tohu-bohu général avec – déjà ! – une circulation intense, au point de connaître des embouteillages. La population, très dense, s’entassait dans des maisons à étages qui s’élevaient partout, y compris, à Paris, sur les ponts que leur poids menaçait d’effondrement. La nuit, les rues de ces cités étaient mal éclairées et toute une faune s’y répandait. Bien des gars qui étaient venus y tenter leur chance s’y marginalisaient, lorsqu’ils ne tombaient pas dans la délinquance, et bien des quartiers étaient peu recommandables, notamment aux alentours du château-gaillard, qui n’était autre que… notre bordel.
    Entre ville et campagne, le fossé était donc profond et ressenti comme tel. D’un côté, un monde agité et trépidant, et de l’autre un paysage calme, sinon immobile, un milieu où les repères étaient plus évidents. Jean-Jacques Rousseau ne considérait-il pas les villes comme « contre nature » ? « Les hommes, disait-il, ne sont pas faits pour être entassés en fourmilières, mais pour vivre épars sur la terre qu’ils doivent cultiver. »
    … et des forêts où l’effervescence est continuelle
    Le paysage de nos ancêtres est non seulement un paysage rural, mais aussi un paysage forestier. Car la forêt n’est pas seulement très présente, – les essarteurs du Moyen Âge n’ont guère fait que l’entamer –, elle est aussi très peuplée et apparaît partout et à tout niveau comme étroitement liée aux villages et aux hameaux, dont les habitants y trouvent mille ressources. Ils y cueillent des fruits secs et sauvages, y ramassent les mousses dont certains font des litières, vont y chercher le bois mort ou s’y procurer le charbon de bois qu’ils utilisent pour se chauffer et pour faire cuire leurs aliments ; les seigneurs y chassent le gibier ; de nombreux artisans y trouvent leurs matières premières et des matériaux de construction : manches de charrues, pieux des palissades, poutres et sabots en proviennent directement. Mais le rôle économique de la forêt passe alors d’abord par ses feuilles fraîches et ses jeunes pousses, comme par l’herbe de ses sous-bois, qui fournissent une large partie de la nourriture des animaux, vaches et chèvres y paissant constamment, pendant que les cochons s’y gavent de glands et de faînes.
    De tout cela, il résulte que

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