Qui étaient nos ancêtres ?
testament.
Ce sont évidemment ces chapelains et les curés vivant de la « portion congrue » qui forment la couche la plus misérable de ce premier ordre, couche à laquelle appartient Michel Touraine, curé de Margency, dans le Val-d’Oise, lequel précise dans son testament, daté de 1704, que, ses bénéfices et revenus étant « trop petits », il n’a pu, durant des années, payer sa servante, laquelle a par ailleurs « consommé son propre bien » pour lui. Il lui doit non seulement 396 livres, représentant douze années de gages, mais encore 200 livres qu’elle lui a prêtées…
Riches ou pauvres, tous ces ecclésiastiques étaient en outre entourés de plusieurs cercles « satellites ».
Il y avait, d’abord, ceux qui avaient reçu les ordres dits « mineurs », comme les diacres, mais aussi des individus détenteurs d’anciennes fonctions qui avaient peu à peu perdu de leur réalité, comme les lecteurs, les acolytes, assistant le prêtre à l’autel, et les exorcistes chargés de chasser les démons.
1698 : un exorcisme en terre bourguignonne
« Dieu a permis qu’une fille de cette paroisse de Quemigny-sur-Seine, nommée Claudine Rotti, âgée de 38 ans, a été délivrée le 18 décembre 1698, d’un démon qui la possédait depuis le 16 mars 1688, lequel démon luy avoit été donné en mangeant avec une femme étrange. Elle avoit de très grands mouvements de son corps, se frappant elle-même jusqu’à se meurtrir. Ce mal la prenoit lorsqu’elle entendait les cloches et quand on prioit pour elle ou qu’on luy donoit de l’eau bénite. Les médecins de Châtillon-sur-Seine et d’autres lieux luy ont donné souvent des remèdes sans l’avoir guérie.
(…) Elle ne pouvoit coucher que dans l’écurie , entre les vaches et les pourceaux. (…) »
La famille de cette possédée ayant tout tenté (neuvaines, pèlerinages, etc), le curé du lieu reçut la visite d’un père capucin, qui eut « l’idée de dire, pendant neuf jours, l’Évangile de saint Jean et l’Oraison contre les maléfices ».
« À la fin de la messe, le père capucin commença. La fille étant à genoux sur le marchepied du grand autel, elle fit de grands mouvements et soupirs, ne pouvant rester à genoux. Il luy fallut trois personnes pour la tenir sous les bras. Le deuxième jour, il en fallut quatre, qui ne pouvoient la tenir. Le troisième, six personnes avoient bien de la peine à l’arrêter. Ses jupes tornaoent sur elle. Le quatrième jour, quand le père capucin voulut luy jeter de l’eau bénite, le diable commença à parler par sa bouche et dit « je n’ay que faire de cette eau. (…) Je ne sortirai pas ».
Au fil des jours, la scène va crescendo : Claudine Rotti connaît des syncopes, pousse de terribles hurlements lorsqu’elle assiste à l’élévation, délire. Par sa bouche, le malin agonit le religieux d’injures.
« Le neuvième jour, qui étoit un mercredi, l’église étant toute pleine, on ferma la porte ». Solennellement, au moment de la communion, le capucin ordonna au démon de quitter le corps de la possédée, qui « fit un cri épouvantable, ouvrant la bouche avec une très mauvaise odeur et tomba comme morte. (…). Depuis ce temps-là, Claudine Rotti n’a eu aucune incommodité jusqu’à présent, ce 15 mars 1713.
On trouvait ensuite une ribambelle d’employés d’église, non intégrés au clergé, mais vivant à l’ombre des clochers, quand ce n’était pas sous le toit même des bâtiments du sanctuaire ou autour du cloître adjacent. Dans les paroisses urbaines, on dénombrait facilement plusieurs bedeaux, avec toute une hiérarchie, allant du premier bedeau en passant par le bedeau-consort et le porte-verges.
Puis on avait les chantres, gagne-petits que les chanoines prenaient volontiers pour souffre-douleur. Chahutés également par les enfants des maîtrises qui les accompagnaient en chorale, ces chantres qui, s’ils étaient mariés, devaient souvent préserver leurs femmes des avances des chanoines libidineux, noyaient volontiers leur dépit dans le vin. Boileau en conclut que « de chantres beuvant, les cabarets sont pleins » et Béranger fit chanter : « Gloria tibi domine. Que tout chantre boive à plein ventre »… Bon chantre, alors, était presque toujours « bon entonneur », autrement dit meilleur entonneur de tonneau que de cantiques, art et qualité qui leur avaient pourtant valu au Moyen Âge des surnoms
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