Qui étaient nos ancêtres ?
mobilité…
Toutefois, si les généalogies de nos grands-parents étaient moins cosmopolites que celles de nos enfants, il ne faut pas pour autant conclure à l’absence totale de mélanges ou à la pureté des sangs. Si les archives sur lesquelles travaillent les généalogistes leur permettaient de dépasser l’an mille, ils ne manqueraient pas d’être surpris de se découvrir des origines aussi variées que bigarrées.
Déjà, les quelques branches nobles de nos généalogies nous livreraient souvent des ancêtres venus de régions diverses. Un châtelain périgourdin du siècle de Louis XIII aura souvent, par le jeu des alliances qui avaient cours dans son milieu, des aïeux en Limousin, en Quercy, voire en Saintonge… Si Charlemagne est celui de nos lointains ancêtres inévitables le plus généralement cité, le roi Charles Constantin de Provence, qui vécut un siècle plus tard, a lui aussi, selon les mêmes principes arithmétiques, neuf chances sur dix d’être notre ancêtre. La mère de celui-ci, Anne de Macédoine, était la fille de l’empereur d’Orient Léon VI. Qui peut se rattacher à ce personnage se verra donc issu non seulement des empereurs byzantins, mais, par leurs femmes, des rois d’Arménie, de Parthie, de Médie, de Syrie, de Perse… et d’Égypte. Il n’en faudra pas davantage pour que le généalogiste de 2001 voie apparaître dans son arbre le pharaon Ramsès II, vivant au XIII e siècle avant Jésus-Christ et dont il sera le descendant à la 114 e ou 115 e génération.
Louis XIV, qui n’échappait pas à cette règle, avait des ancêtres aux trois quarts latins (français, espagnols, portugais ou italiens), à 12 % germaniques et à 7 % slaves. Il descendait de pas moins de 45 fois du roi de France Jean le Bon, 156 fois d’Henri III d’Angleterre, 430 fois de Ferdinand III de Castille, 597 de Jacques I er d’Aragon, 969 de l’empereur Frédéric Barberousse, et – seulement ! – 368 fois de Saint Louis. Descendant par sa mère des rois d’Espagne, le Roi-Soleil descendait par ailleurs d’une fille du roi Alphonse VI de Castille et d’une certaine Zaïda, arrière-arrière-petite-fille du cadi de Séville, qui était lui-même considéré comme l’un des descendants directs… du prophète Mahomet.
Nos ancêtres deviennent donc bigarrés : même sans passer par des têtes couronnées, si nous pouvions remonter beaucoup plus avant dans le temps que ne nous le permettent les archives, nous ne manquerions pas de rencontrer dans notre ascendance des représentants des divers peuples qui ont vécu voilà des siècles à travers l’hexagone, notamment de ceux qui ont traversé la Gaule ou s’y sont fixés au temps des grandes invasions, comme en témoignent encore bien des noms de lieux, et dont les descendants ont tôt ou tard mêlé leur sang à celui des autochtones gallo-romains. Les Gaulois n’étaient pas nos seuls ancêtres. Pas plus que l’on ne saurait soutenir, comme le faisaient les érudits des siècles passés, que les nobles descendaient des Francs et les roturiers des Celtes… Les rangs de nos ancêtres des premiers siècles de notre ère étaient sans nul doute composés autant de Gaulois que de Wisigoths, de Burgondes, d’Alamans, de Vandales, ou même de Maures – que Charles Martel n’avaient évidemment pas tous repoussés au-delà des Pyrénées.
Connaissez-vous les Taifales ?
Des ancêtres qui s’attachaient aux sols
De l’an 400, qui vit l’arrivée des Wisigoths, à la victoire de Charles Martel sur les Arabes, en 732, à Poitiers, la Gaule vit déferler sur son sol des vagues d’étrangers. Peuples venus des steppes d’Europe centrale, d’Asie ou du Caucase, comme les Huns d’Attila, mais aussi des pays Baltes, comme les Saxons ou les terribles Vandales, à l’origine de notre « vandalisme ». Peuples qui étaient tous indifféremment désignés par les Grecs et les Romains sous le vocable unique de barbar, selon ce qu’évoquaient à leurs oreilles les sons incompréhensibles de leur langage. Si certains ne firent que passer, comme les Wisigoths qui se dirigeaient vers l’Aquitaine et l’Espagne, il leur arriva fréquemment de laisser çà et là de petites colonies qui furent alors désignées par le nom de leur peuple :
– les Alamans, peuple né d’un regroupement de tribus (dont le nom signifie « tous les hommes » ( all-mann ), vaincus par Clovis à Tolbiac en 495, ont donné des
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