Qui étaient nos ancêtres ?
profession sans cesse davantage réglementée, tant le pouvoir royal en mesurait l’importance. Seule sa formation pouvait laisser à désirer. Si, à l’origine, il lui avait suffi d’être investi par une autorité quelconque – le plus souvent par le seigneur du lieu – le fait que son « office », comme tout autre, s’acquérait contre monnaie ne lui garantissait aucune compétence particulière. Un édit de 1682 exigea cependant qu’il professe la religion catholique, apostolique et romaine, qu’il puisse fournir une attestation de bonne vie et mœurs, que le curé de sa paroisse – souvent son parent – lui délivrait volontiers, et qu’il ait passé un examen d’aptitude devant ses futurs confrères. De cette dernière exigence découlèrent des contrats d’apprentissage classiques, comme ceux rencontrés dans les métiers de l’artisanat. Enfin, si notre notaire devait par ailleurs avoir vingt-cinq ans révolus pour obtenir ses lettres de provision, il en était dispensé dès lors qu’il était fils de notaire, ce qui était fréquemment le cas, puisqu’il était alors censé avoir appris le métier aux côtés de son père.
Notaires, garde-notes, tabellions et autres
À l’origine, le notaire, comme son nom en témoigne, se contentait de prendre des notes. Il les prenait sur des feuilles volantes, d’une petite écriture fine et serrée, afin d’économiser le papier, pour les passer ensuite aux tabellions qui travaillaient sur des « tablettes » au sein du tabellionnage , sorte de bureau d’écriture, qui les faisaient authentifier par le sceau de l’autorité compétente et les « grossoyaient », en les réécrivant d’une écriture plus lisible et plus « grosse ». Ces actes devant être ensuite conservés et archivés, on créa des « garde-notes », mais rapidement les choses évoluèrent. Les notaires purent authentifier eux-mêmes leurs actes en y apposant leur seing (leur signature) et les tabellions se contentèrent d’en délivrer des copies, que l’on continua à appeler des « grosses » ou des « expéditions ». L’ordonnance de Villers-Cotterêts, en 1539, exigea que ces actes fussent signés par deux notaires, ce que des textes postérieurs supprimeront en introduisant les personnages des deux témoins instrumentaires. En 1597, enfin, les trois professions furent officiellement réunies en une seule : celle de notaire garde-note et tabellion héréditaire (auquel s’ajoutait parfois la fonction de garde scel, autrement dit garde-sceau).
Il existait cependant plusieurs sortes de notaires, variant selon l’autorité qui les avait investis. Les plus nombreux étaient les notaires royaux, instrumentant près les justices royales, dans le ressort desquelles ils étaient seuls compétents, à l’exception des notaires du Châtelet de Paris, compétents dans l’ensemble du royaume. À leurs côtés, on trouvait des notaires apostoliques , à la solde des évêques, dont la vocation était limitée à la passation des actes concernant les biens de l’Église et qui disparurent presque tous à partir de 1693 au profit des précédents. Il y avait enfin des notaires seigneuriaux, ne pouvant instrumenter en dehors du cadre précis d’une seigneurie, et qui restaient des tabellions « privés », quitte à se trouver de plus en plus fréquemment en concurrence avec leurs homologues royaux.
Avec la multiplication des charges, les notaires devinrent si nombreux au XVII e siècle que l’on s’efforcera d’en limiter le nombre – ce qui contraignit certains d’entre eux à excercer d’autres activités parallèles et donna lieu à des charges secondaires, empiétant souvent l’une sur l’autre, telles celles de notaires-syndics (cosignant les contrats les plus importants), de notaires des greniers à sel ou de notaires arpenteurs de terres…
Rédigeant facilement cinq à six cents actes par an, le notaire a longtemps travaillé seul. Ce n’est qu’au XVI e siècle, à la suite de la réunion des trois anciennes professions, que son étude, avec clercs et archives, a fait son apparition. Mais tout cela reste encore réduit à de petites dimensions : dans l’unique pièce de travail, on ne trouve guère qu’un bureau ou plus souvent un pupitre, une règle, un encrier et de gros cahiers de papier, un fauteuil et deux chaises paillées… Chaque jour, il emporte avec lui son écritoire de campagne, petit « kit » du parfait
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