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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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tenir le haut du pavé, en souvenir du temps où les rues et ruelles des villes étaient légèrement concaves, pour laisser s’écouler en leur centre le « ruisseau » tenant lieu d’égout. Mieux valait donc marcher dans la partie plus élevée de ces rues, en bordure des maisons, et les gens humbles lorsqu’ils croisaient une personnalité se devaient de lui céder la partie haute.
    Qui voulait s’élever prenait des risques. Si la réussite ne venait pas, il pouvait alors se retrouver dans le ruisseau, ou encore dans la mouise selon un mot d’argot désignant les excréments – l’image est la même. Mais il pouvait aussi gagner son pari, et rien ne l’empêchait de rêver de châteaux en Espagne. Le château symbolisait l’entreprise chimérique. Au XIII e siècle, on parla de « chastiaux en Brie », et au XVI e siècle, « en Asye ». La localisation changea à nouveau, sans doute au temps du Siècle d’or espagnol ou de la guerre de Succession d’Espagne, mais avait déjà eu cours à l’époque des chansons de geste, à la faveur, sans doute, de l’épopée de Charlemagne dans la péninsule.
    Si ces rêves se réalisaient, on pouvait alors devenir un gros bonnet, expression se référant aux bonnets « cassés » des anciens magistrats et docteurs. On pouvait, pourquoi pas, finir, comme les nobles, avec du sang bleu dont l’origine tiendrait aux jurons que l’Église avait interdits sous peine d’être accusé de blasphème : « Sacré Dieu » aurait alors été atténué en « Sacrebleu » ; « Par le sang de Dieu ! » en « Palsambleu ! » Et comme les gens de la noblesse auraient continué à prononcer ces jurons à tout instant, les valets auraient dit « C’est un sang bleu », pour distinguer un noble d’un roturier.
    Nous sommes tous, en effet, « des enfants de la terre », avec, comme on l’a vu, près de 95 % d’ancêtres ruraux, dont une immense majorité de laboureurs. Le laboureur, « Français moyen » d’Ancien Régime, est ainsi l’« ancêtre type », et l’est d’autant plus que les plus aisés d’entre eux se sont retrouvés à l’origine de familles-champignons. Dans toutes les régions, dans tous les cantons, les généalogistes peuvent ainsi repérer des « ancêtres souches », que quiconque originaire du secteur et faisant sa généalogie trouvera au nombre de ses aïeux. Que ce soit Yvon Troboul, de Querrien, dans le Finistère, ou son voisin Louis Renouvel, de Trédias ; que ce soit Émiland Saclier, à Marmagne, en Saône-et-Loire, ou Léonard Fixot, à Saint Laurent-sur-Gorre, en Haute-Vienne, les laboureurs les plus riches de la première moitié du XVII e siècle s’affirment fréquemment comme des clés de voûte généalogiques, au même titre que d’autres personnages influents vivant à la même époque : un meunier, comme Simon Deslorieux, à Saint-Symphorien-de-Marmagne, un riche vigneron, comme Jacques Thauvin, à Prunay, dans le Loir-et-Cher, et des milliers d’autres encore.

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Actifs ou passifs ?
Des acteurs hauts en couleur
    Parmi cette population de ruraux et de gens de la terre, le monde de nos ancêtres est également peuplé de figures particulières proposant une galerie de portraits bien reconnaissables. Notables respectés et influents, acteurs importants de la vie économique, il y a là une poignée d’hommes qui constituent le noyau dur et actif de la société et qui doivent leur image et leur position au fait de se trouver au carrefour des deux mondes : de la ville et de la campagne, du monde des affaires et du monde de la terre. Beaucoup sont à la fois fils de paysans et gendres de citadins. Aisés, pères de familles généralement nombreuses, ils figurent très souvent au nombre de nos ancêtres.
    Aussi influent qu’incontournable : le notaire
    Attesté dans certaines régions dès le XI e siècle, le notaire a très rapidement occupé une place à part, se voyant notamment dispensé des corvées et des services de guet. Il s’agit alors d’un travailleur itinérant, allant par les routes, sur une mule ou un cheval, de maison en maison et de ferme en ferme, tantôt pour y rédiger un testament sous la dictée d’un homme « gisant dans son lict, malade », y dresser un inventaire après décès ou pour établir un contrat de mariage, chez les parents de la future épousée.
    Sous divers noms et diverses formules, du simple « garde-note » au « notaire royal », il a vu sa

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