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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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que d’autres abusaient parfois « charnellement » de leur ascendant sur les jeunes filles…
    Vous avez un nom de curé ?
     
    Vous vous appelez Lemoine, Labbé, Leprêtre, Lévêque (ou Larchevêque), Chapelain (ou Capelain), Doyen, Chanoine, Curé, Cardinal (ou Cardinaux)… Devez-vous pour autant en conclure que vous descendez d’un ecclésiastique qui ne s’embarrassait pas de son vœu de chasteté ?
    Il y eut, certes, beaucoup de prêtres paillards et d’évêques débauchés. À l’époque où nos noms de famille se sont dégagés, on savait que l’évêque du Mans, Sifroi, logeait une « évachesse » et bien des prêtres avaient des compagnes, voire des enfants, qui devenaient parfois prêtres à leur tour… Pourtant, la plupart de ces patronymes ont une autre explication.
    Beaucoup s’expliquent par les mentalités de l’époque : avec, d’un côté, la réputation des ecclésiastiques qui passaient volontiers pour de fervents épicuriens, à la fois gourmands, curieux et paresseux, et d’un autre l’ironie de nos ancêtres, qui, lorsqu’ils donnaient un surnom à leur voisin, s’attachaient en priorité à ses travers. Dès lors Lemoine ou Labbé a toutes les chances d’avoir été le surnom d’un homme gros et gras, en même temps que gourmand ou sérieux…
    D’autres proviennent des liens très forts unissant alors les hommes entre eux. Comme le chevalier était le vassal du suzerain dont il tenait son fief, le paysan était l’homme du seigneur qui lui concédait la terre qu’il exploitait. C’est ainsi que l’on avait appelé des lieux Fontena y-le-Comte, Villeneuve -l’Archevêque (89), Villeneuve -la-Comtesse (17) ou encore Villeneuve- le-Roi (94), Arnay- le - Duc (21) ou Châteauneuf- du-Pape . De la même façon, on parlait de « l’homme-l’abbé » ou de « l’homme-l’évêque » pour désigner ceux qui cultivaient les terres concédées par un abbé ou un évêque.
    Quant aux patronymes comme Léglise ou Deléglise (ou Gleize en Languedoc), Labbaye (ou Abbadie et Dabbadie dans le Sud-Ouest), Moustier ou Monestier, Chapelle, tous proviennent du nom du domaine où travaillait la famille, proche ou dépendant d’une église, d’une abbaye, d’un monastère ou d’une chapelle.
    Mais oublions ces excès. Le plus gros défaut des curés semble bien avoir été la gourmandise, peut-être à l’imitation des chanoines que l’on a vu nettement mieux lotis qu’eux. En revanche, cette formidable influence était d’autant plus fréquemment utilisée à des fins familiales que le curé, qui a longtemps été plus ou moins choisi et nommé par le seigneur du lieu, continuait à être recruté dans la région même où il exerçait son ministère, quitte à rester dans sa paroisse natale comme curé « familier » ou « habitué », non titulaire de la cure, mais chargé d’y célébrer des offices. Longtemps issu du monde urbain, fils de bourgeois, d’artisans aisés, il est de plus en plus souvent enfant de gros laboureurs, et si les familles de la noblesse méprisent volontiers le bénéfice curial, qui ne représente, en moyenne, vers 1750, qu’une somme de 500 à 600 livres, celles des milieux intermédiaires savent parfaitement l’apprécier…
    Le poids de ces curés sur les anciens mécanismes d’ascension sociale et de réussite économique est si fort que, faute de pouvoir être curé de père en fils, on l’est volontiers d’oncle à neveu. Dans la Somme, deux siècles durant, les Brandicourt s’appuient ainsi sur des « oncles curés ». En Amienois, d’abord, dans le bourg de Saint-Sauveur, où l’oncle et le neveu, qui se succéderont à la cure au début du XVI e siècle, favoriseront l’accès de leur neveu et cousin, Pierre, à la fonction de « receveur du prieuré de Domart », dans la campagne proche du Ponthieu, où les bonnes habitudes continueront. Un fils et un petit-fils de Pierre se succéderont au XVIII e siècle à la cure du bourg voisin d’Ailly-le-Haut-Clocher, avant que la génération suivante ne donne un vicaire épiscopal d’Amiens, qui favorisera à son tour l’implantation des siens dans la bourgeoisie de cette ville. Un de ses petits-neveux, en effet, s’y établira comme médecin au début du XIX e siècle, en quittant le bourg de Domart, dont ses ancêtres tenaient la mairie depuis plusieurs générations… En Franche-Comté, on comptera quatorze prêtres dans la famille Munier, et l’exemple le

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