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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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vitriol bleu Romain, deux onces d’alun de roche, un demy-quart de bonne gomme “darabie”, pour ensuite “concasser la galle en gros morceaux et mettre toutes les drogues dans un pot de terre vernissé et le brouiller plusieurs fois pendant quatre ou cinq jours, sans l’exposer au feu ny au soleil”. Si l’encre obtenue n’est pas assez noire, ajouter du vitriol. Si elle n’est pas assez fluide, y mettre de l’alun. Si elle l’est trop, l’épaissir de sucre candi ».
    La galle, ou noix de galle, était le nom d’une tumeur végétale provoquée sur des écorces d’arbre par des piqûres d’insectes et sécrétant une substance parfois utilisée comme tanin.
    On mesure, à l’énoncé de ce catalogue, la position stratégique et l’influence qui sont les siennes, et qui peuvent parfois conduire ce notaire à de véritables délits d’initié, comme ceux qui, au XVI e siècle permirent à certains de racheter les terres des vieilles familles ruinées ou de prendre à ferme les amendes que le seigneur n’avait plus les moyens de percevoir lui-même, ou tout simplement de prendre en leur nom le bail d’un riche domaine, où ils allaient ensuite placer un métayer.
    Du fait de ces situations, le notariat se conserve donc précieusement dans les familles, comme celle des Veux, notaires à La Roche-sur-le-Buis tout au long des XVII e et XVIII e siècles et étudiés par Simone Chamoux.
    Le notaire est toujours un personnage considéré, un notable, qui ne fraie pas avec n’importe qui. Sous l’Ancien Régime, lorsqu’il n’épouse pas une fille de notaire, il s’allie avec des familles d’artisans enrichis, de meuniers, de gros laboureurs, de marchands ou d’aubergistes, mais plus volontiers avec des bourgeois, des maîtres de postes, des chirurgiens et des commerçants (drapiers, apothicaires, bouchers…). S’il le peut, il leur préfère les filles de son monde, filles d’huissiers, de procureurs, et mieux encore d’avocats ou de juges, voire de conseillers du roi, recherchant et convoitant par-dessus tout l’alliance avec des familles de robins récemment anoblies ou en cours d’anoblissement. Autour de lui, qui réside habituellement en ville ou dans les gros bourgs, on trouvera donc tout ce monde des petits officiers, qui, à son image, détiennent à la fois les terres, l’argent et le savoir. Une aisance durable, nettement moins précaire, en tout cas, que celle du marchand.
    Aisance, pouvoir, influence : le notaire réunit ce que peu de gens peuvent alors prétendre avoir en mains – hormis, bien sûr, le curé et, plus tard, le maire.
    Un trio de choc : le curé , le maire et l’instituteur
    La religion est omniprésente dans le monde d’autrefois et tous nos ancêtres, sans exception, en sont véritablement pétris. De ce fait, les curés s’immiscent partout, à tous les niveaux de leur vie. Par leur prône, à la messe, ils influencent et dictent les conduites de leurs paroissiens, qu’ils dirigent et conditionnent ainsi depuis leur plus tendre enfance, par le catéchisme – quelquefois par l’école –, et qu’ils contrôlent en permanence par le biais de la confession. La traque du péché les conduit à intervenir aussi bien dans la vie sexuelle que dans la vie familiale et économique de leurs ouailles, et il est d’autant plus difficile de leur échapper que ces curés disposent d’atouts multiples et d’armes redoutables, comme le pouvoir de refuser la communion ou l’inhumation au cimetière.
    L’influence du curé n’a pas de limites. Convaincre un fidèle qui voit la mort approcher de faire un legs important à sa paroisse sera pour lui un jeu d’enfant, tout comme favoriser des affaires plus temporelles, par exemple celles de son propre frère marchand-fermier, ou comme faire accepter un mariage à des parents réticents, aider à la vente d’un pré ou, plus tard, orienter les votes de ses paroissiens vers le candidat le plus respectueux de la morale chrétienne.
    D’une manière générale, ce pouvoir est plus fort encore en milieu rural, où le prêtre règne sans partage sur l’ensemble de ses paroissiens et où il est souvent le seul à savoir lire et écrire. Jusqu’où peut-il aller ? Jusqu’où le laisse-t-on aller ? On ne peut taire les cas de ministres de Dieu qui glissaient sur de mauvaises pentes, tel Armand Forcet, curé de Plaimpied, en Berry, condamné en 1604 pour avoir débauché la femme d’un de des paroissiens, tandis

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