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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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lors des accouchements, des décés, ou des orages violents. À la Saint-Blaise, il bénit les semences qui seront enfouies dans les sillons, en même temps que les animaux pour, dans certaines régions, les bénir de nouveau lorsqu’ils partiront aux estives. Aux Rogations, qui sont les trois jours précédant le jeudi de l’Ascension, le curé part encore, en procession, bénir les prés, les champs et les vignes. À chaque instant, il bénit tout : les puits et les fontaines, le bûcher de la Saint-Jean, la maison nouvellement construite, les anneaux des mariés et le lit où ils passeront leurs nuits… Comment s’étonner de voir certains maires, au XIX e siècle, lui demander de bénir les très républicains arbres de la liberté, ou même, plus récemment, aux débuts de l’automobile, de le voir, en ville, le jour de la fête de saint Christophe, bénir à la fois les automobilistes et leurs véhicules ?
    Comme l’année est rythmée par le calendrier religieux, la journée est ponctuée de saluts et de signes de croix. Prière du matin, prière du soir, salut de midi et du soir, avec la prière à la Vierge, rappelés par l’Angelus que font entendre les cloches aux quatre coins de la paroisse. À chaque repas, enfin, c’est le bénédicité que l’on récite, debout, avant de s’attabler.
    Signes de croix en passant au pied de celle qui borde le chemin, devant le convoi conduisant un mort au cimetière ou au passage du curé à travers les champs lorsqu’il porte le viatique à un mourant en faisant tinter sa clochette. Signes de croix sur le pain que l’on va entamer, en geste d’action de grâces à Dieu qui l’accorde quotidiennement ; signes de croix avant de se mettre au lit, vieille expression de la peur de la nuit, mais aussi des cauchemars qui peuvent la troubler. Tout est occasion à prières ou actions de grâces : la mère, une fois remise de son accouchement, devra aller se faire bénir à l’église, pour se laver du péché de chair. Le soir du mariage, la Nuit de Tobie, sera celle parfois offerte par la mariée encore vierge à la mère de Jésus, avant que d’appartenir, la nuit suivante seulement, à celui qui est pourtant déjà son mari aux yeux de Dieu. La veillée des morts, enfin, se passera en prières, pour aider l’âme à quitter le corps terrestre.
    Dieu est partout. Comme les croix émaillent le paysage et jalonnent les rues des villes, crucifix et images pieuses ont précédé sous tous les toits le traditionnel calendrier des postes, et un des premiers achats de l’homme qui s’embourgeoise sera celui d’un bénitier, en attendant le prie-Dieu. De même, les premiers livres seront des ouvrages de piété. En 1763, chez Claude Belin, menuisier à Arbois, dans le Jura, on trouve un Christ en bois, une paire d’Heures de Notre-Dame et une autre paire d’Heures en mauvais état, un Ecce Homo, dans un cadre à coins dorés, l’image de la Vierge tenant son fils, un saint suaire et un bénitier…
    À tout cela s’ajoute, bien sûr, la fréquentation de l’église et des sacrements. Dès qu’ils grandissent, nos ancêtres, qu’ils aient ou non suivi un catéchisme digne de ce nom, vont de plus en plus souvent à l’église. La messe du dimanche est obligatoire – obligation, semble-t-il assez bien respectée, même si parfois on y arrive sans scrupule en retard : n’oublions pas que l’on n’a alors ni montre, ni horaire… La communion, obligatoirement précédée de la confession, est un devoir régulier, obligatoire au moins à certains temps forts de l’année liturgique, comme celui de Pâques. Certains curés vérifient et tiennent la liste de leurs ouailles qui s’y conforment, classant leurs paroissiens entre les « pascalisant » et « non-pascalisant », n’hésitant pas à menacer ces derniers de leur refuser la sépulture chrétienne. Enfin – leurs évêques les y autorisent – ils peuvent, après plusieurs vains rappels, nommer publiquement les récalcitrants lors du prône de la messe du dimanche : la honte !
    Car c’est évidemment à la messe que, chaque dimanche, le curé enracine la foi dans les cœurs et dans les âmes. La richesse des vases sacrés, les parfums de l’encens et la lumière des cierges, le costume du célébrant, tout concourt à transporter les fidèles dans un monde mystérieux et fascinant. S’y ajoute la force de l’interdit : une grille sépare l’assemblée du lieu de la célébration.

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