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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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ancêtres ne saurait s’embarquer sans le moindre guide. Il en irait de même, en sens inverse, pour n’importe lequel de nos aïeux débarquant dans notre univers et observant nos comportements. Nos banals « on s’appelle et on se fait une bouffe », notre départ, le vendredi soir, pour notre maison de campagne, une grève des médecins ou le fait de jeter à la poubelle la boîte vide de pâtée pour chien le décontenancerait certainement tout autant que de nous voir téléphoner en pleine rue.
    Pour véritablement rendre les services d’un guide touristique du pays de nos ancêtres, ce livre doit donc, après avoir dressé le décor et présenté les conditions de vie générales de nos aïeux, essayer de dégager les règles et les limites à partir desquelles ceux-ci réagissaient et s’adaptaient aux situations qu’ils vivaient, tout en restant bien sûr des hommes et des femmes. Étaient-ils naïfs ou sages, silencieux ou agités, illettrés ou ignares, laborieux ou passifs, insensibles ou débauchés ? On pourrait multiplier les questions… et les réponses. On en donnera une d’emblée, essentielle et qui va expliquer à elle seule nombre des réalités de ce monde à la fois silencieux et agité, si contrasté et si différent du nôtre : nos ancêtres n’étaient pas seulement des hommes, ils étaient des pécheurs.
    Naïfs ou sages, la question est mal posée. Et elle n’a d’ailleurs pas à l’être… La première clé du monde d’autrefois est que tous ses habitants, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, citadins ou ruraux, princes ou mendiants, tous, sans exception, sont avant tout des croyants. La France, fille aînée de l’Église, est peuplée, comme les autres royaumes qui l’entourent, de croyants. Nos ancêtres sont, à tous les plans, et selon l’expression de Gabriel Audisio, « pétris de religion ».
    En attendant mieux : les étapes de la vie…
    Non seulement la vie de nos ancêtres est jalonnée d’étapes religieuses, mais elle est, au quotidien, rythmée et envahie par la religion. Non seulement, du berceau à la tombe, leur parcours terrestre est conditionné par les lois célestes, mais il en va de même avant le berceau et jusque dans la tombe.
    Ce n’est pas exagérer que de dire que l’homme d’autrefois devait être bénit avant de naître, et même avant que d’être conçu. Selon que ses géniteurs auront ou non reçu la bénédiction nuptiale, l’enfant sera légitime et intégré ou naturel, bâtard, fruit du péché, et donc unanimement rejeté et mis en état d’infériorité sociale. Seul l’enfant légitime, né d’un mariage approuvé, partira sans handicap pour une existence qui est un parcours à la fois du combattant et du croyant. Pour bien franchir toutes les étapes de la vie humaine et terrestre, l’homme d’autrefois doit absolument le faire en chrétien.
    Notre aïeul n’est pas plutôt né, parfois extirpé sans ménagement par la sage-femme (que l’on appelle, on le verra, une « bonne mère », même si elle joue sans scrupule de ses fers) qu’il est conduit en toute hâte à l’église. Qu’il soit fragile ou prématuré, qu’il fasse un froid de loup, une chaleur torride ou qu’il pleuve « comme vache qui pisse », le bébé est langé, ficelé, et emporté par les chemins creux, parfois sur des kilomètres en région d’habitat dispersé, pour être baptisé par le curé. On n’a pas le choix ! L’Église ne laisse que trois jours pour faire donner au nouveau-né le sacrement qui le lavera du péché originel. Au-delà, les pires dangers le guettent : s’il vient à mourir sans avoir reçu le baptême – et combien de nourrissons sont emportés par la mort dès leurs premiers jours ! –, il ne pourra comparaître devant le tribunal de Dieu et sera condamné à errer éternellement dans les limbes, un pays où personne n’est allé, mais que M. le Curé décrit comme pire que les enfers !
    Pour le cortège baptismal, généralement composé du père portant l’enfant et du parrain et de la marraine, parfois recrutés dans la parentèle établie le long du parcours, il n’est donc pas question de revenir sans que la cérémonie ait été accomplie. Lorsque le curé est absent, le groupe n’hésite pas à pousser jusqu’à l’église de la paroisse voisine, parfois à plusieurs kilomètres, quitte, ce faisant, à augmenter les risques que court le bébé…
    Dès que l’enfant grandit, il doit

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