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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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d’allure, en bref le plus beau garçon.
    — Ah ! non, pas moi, interrompt La Grandière. Je refuse.
    — Tu fermes ta grande gueule, Roger, on parle sérieusement. Je poursuis. Secundo, vous connaissez également la faiblesse du Vieux pour l’aristocratie. Il nous faut donc choisir celui qui porte le nom qui risque de le frapper le plus.
    — C’est bien ce que je disais, interrompt encore La Grandière, tu me cherches. »
    Kérillis et Camaret jouent les offensés.
    « Là, vraiment, Roger, tu me fais beaucoup de peine, ânonne Kérillis, et à Michel aussi, j’en suis persuadé.
    — C’est pour lui que j’ai de la peine, renchérit Camaret, il a soulevé un mauvais lièvre, ce tout petit, petit hobereau. »
    La Grandière se lève péniblement.
    « Je me vois contraint, annonce-t-il d’une voix malhabile, à vous envoyer des témoins. Vous recevrez leur visite à l’aube. Mes ancêtres bondiraient de leur tombe s’ils apprenaient qu’un La Grandière s’est laissé traiter de hobereau par deux Bretons. Des petits Chouans, quelle dérision !
    — Vous n’avez pas bientôt fini de déconner ? intervient Cochin. Vous semblez oublier que nous sommes censés parler sérieusement.
    — Ça n’empêche en rien le duel, lance La Grandière. Je les prendrai au sabre tous les deux et en même temps. Une question de cinq minutes.
    — Suffit, gueule Cochin. Arrêtez de m’interrompre. Je reprends. Tertio, il faut que notre ambassadeur ne se montre pas timoré, et surtout qu’il ne se laisse pas intimider par la personnalité de son interlocuteur. Il faut en outre qu’il s’exprime bien.
    — Non, non, et non !
    braille La Grandière. Tu pourras faire mon portrait six heures de suite, je refuse. »
    Cochin sourit.
    « Parfait, comme ça la question est réglée. Puisque Roger se trouve lui-même le plus beau, le plus noble et le plus intelligent d’entre nous, il est tout désigné. Pour plus de régularité, passons au vote. Que ceux qui sont d’accord pour faire de La Grandière notre plénipotentiaire lèvent le bras. »
    Cochin lève le sien. Les autres l’imitent sans la moindre hésitation.
    « Parfait, conclut Cochin. Je m’occuperai des détails demain matin. »
    La Grandière reprend un sérieux relatif. « Mais je rigolais. Vous n’y pensez pas ! Je suis timide et con, vous le savez bien. Ma noblesse est complètement surfaite… Évidemment en ce qui concerne mon physique, je ne peux pas nier l’évidence, j’admets que j’ai auprès des femmes un succès phénoménal, mais les hommes me haïssent. Croyez-moi, je suis le moins qualifié pour remplir cette mission.
    — Trop tard, mon vieux, la question est définitivement réglée. »
     
    Quarante-huit heures plus tard, le sous-lieutenant de la Grandière pénètre au Carlton’s Garden. Il remplit au premier étage une demande d’audience. C’est un questionnaire imprimé.
    Comme motif, La Grandière note d’une large écriture : « Espoir d’obtenir des éclaircissements concernant l’incurie dont semble faire preuve le Haut Commandement des F.F.L. vis-à-vis du premier bataillon d’infanterie de l’Air. »
    « Ça peut marcher, pense La Grandière. Si ça ne marche pas, il va me faire foutre à la porte et je n’aurai plus qu’à rentrer tranquillement. »
    Il est 9 heures du matin.
    Le sous-lieutenant s’installe sur la banquette du vestibule, sort de sa poche un énorme paquet de bandes dessinées américaines qu’il a achetées à dessein au kiosque à journaux de la gare Waterloo. Il pose les illustrés en évidence sur la banquette, et se plonge avec une attention feinte dans la lecture de Mandrake, le Magicien .
    Plusieurs officiers de nombreux civils le dévisagent, intrigués, à leur passage.
    À midi trente-cinq, de Gaulle sort, suivi du capitaine Burin Des Roziers et du lieutenant Guy. La Grandière se détend comme un ressort, salue, reste figé, fixant le général. Un « Tarzan » est tombé à ses pieds.
    De Gaulle passe sans répondre, mais en une fraction de seconde, il a jeté un regard. La Grandière a atteint son but.
    En quarante-huit heures, cette scène va se reproduire seize fois. À la fin de la première journée, tout l’état-major avait compris le jeu du jeune sous-lieutenant et s’en amusait. Un commandant avait jeté au passage :
    « Ça peut mal se terminer, mon vieux. De Gaulle apprécie souvent l’humour et l’insolence, mais dans l’autre sens, quand c’est lui qui en use.
    La

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