Qui ose vaincra
parachutage de simulateurs, pourrait lui répondre que c’était
un non-sens, qu’il ne fallait pas qu’il se laisse abuser, que c’étaient
seulement des mannequins, et ainsi, il ne prendrait pas les mesures appropriées.
En tout cas, cela donnerait probablement le temps aux Français de s’organiser
avant que les Allemands ne réalisent toute l’étendue et la portée de l’opération.
Des rapports de prisonniers disaient, en effet, que la plus grande confusion
régnait et qu’ordres et contrordres se succédaient. b) Il fut demandé au Bomber Command et au 100 e groupe de passer cette nuit-là à l’action
dans les régions proches de la zone de parachutage, comme ils l’auraient fait
pour un débarquement aéroporté normal. Le Bomber Command et le 100 e groupe effectuèrent, si j’ai bien compris, cette action, mais sans en connaître
les détails. c) La B.B.C. et la presse devaient annoncer que des parachutages
avaient eu lieu en Hollande du Nord.
Des mesures étaient déjà
prises pour que cela soit exécuté, lorsque l’armée canadienne envoya un message
au G.Q.G.S.A.S. à Halstead, faisant savoir qu’elle n’approuvait pas cette
partie du plan, car elle avait le sentiment que ce serait donner une occasion à
la propagande allemande de dire que de tels parachutages avaient échoué. Malheureusement,
ce message parvint au Q.G. le jour de mon départ pour l’armée canadienne, avec
pour conséquence que je n’en pris pas connaissance et que je n’annulai pas les
arrangements antérieurs. Aussi suis-je à blâmer pour la publicité qui en
résulta, laquelle allait à l’encontre des souhaits de l’armée canadienne. Toutefois,
je ne pense pas que cela causa quelque préjudice d’importance, et cela peut
avoir été très profitable pour obliger le commandement allemand à prendre de
fausses dispositions. »
49
Les déplorables
conditions atmosphériques qui firent que, contre toute prudence, les deux
régiments de parachutistes français furent largués dans les lignes ennemies aux
Pays-Bas eurent de tragiques conséquences.
Pratiquement aucun des
sticks n’atterrit au point prévu, plongeant au sein de la tempête près de sept
cents hommes dans une inexorable partie de roulette russe.
Pour réaliser les
conditions dans lesquelles eurent lieu les largages du 7 au 8 avril, il faut, avant
tout, se faire une idée de l’énorme difficulté qu’éprouvait un parachutiste
pour effectuer un quelconque mouvement dès l’instant où il était harnaché, prêt
au saut.
A ses pieds, le kit-bag – un sac d’une quarantaine de kilos qui était destiné à être
largué et à pendre au bout d’une longue sangle après le saut. Sur le dos, le
parachute dont les courroies entravaient les quatre membres. Le casque, les
armes transformaient les hommes en de malhabiles bibendums.
Avec une météo idéale, il
n’était pas toujours aisé de passer la trappe dans les délais.
Dans la tourmente de cette
nuit, le saut allait devenir, pour les plus entraînés, une épouvantable gageure.
Depuis que l’évidence
lui est apparue, le lieutenant Jack Quillet est livide. L’avion bondit comme
une balle de ping-pong, se heurte avec une invraisemblable violence contre les
masses d’air, donnant chaque fois l’impression qu’il va se déchiqueter. Pendant
que l’appareil gravit comme une fusée folle plusieurs centaines de mètres avant
de retomber comme un poids mort dans une chute angoissante, le lieutenant Jack
Quillet mesure l’étendue du risque insensé qu’il a pris.
À ses côtés, ramassé sur
lui-même, se tient le deuxième classe Pierre Cazenave. Le deuxième classe
Cazenave n’a jamais sauté en parachute de sa vie. Mieux encore, il effectue son
baptême de l’air. « Tu restes à bord ! hurle Quillet à son intention.
— J’y vais ! Ça
se passera bien, ne crains rien. » Le lieutenant Quillet avait fait la
connaissance de Pierre Cazenave quelques mois plus tôt dans un restaurant de l’avenue
Marceau.
C’était peu de temps
après la libération de Paris. Cazenave déjeunait en tête-à-tête avec Charles
Trénet, discutait avec le célèbre chanteur de l’organisation d’une tournée au
cours de laquelle il venait d’être décidé que lui, Cazenave, pianiste de renom,
accompagnerait Trénet.
À la table à côté
déjeunaient quatre officiers S.A.S., Cazenave se retournait fréquemment, paraissait
fasciné par
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