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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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chuchote Camaret à Richard.
    — Je me méfie de
    tes idées.
    — La mienne est de
    tout repos. Qu’est qui ressemble davantage à une douzaine de soldats qui
    marchent au pas, l’arme à la bretelle, qu’une autre douzaine de soldats qui
    marchent au pas, l’arme à la bretelle ?
    — Parce que d’après
    toi, ils n’ont pas de jumelles !
    — Ils n’ont aucune
    raison de s’en servir. Allez, exécution ! »
    Les hommes sont prévenus
    rapidement. Au pas, en rang par deux, le commando s’avance tranquillement dans
    la direction du pont. Les parachutistes ont préparé armes et grenades et s’approchent
    comme n’importe quelle section qui rentre d’une quelconque corvée. En tête, Michel
    de Camaret et Richard, juste derrière le caporal Pacifici qui demande :
    « On ouvre le bal à
    quelle distance, mon lieutenant ?
    — On improvise, mon
    vieux. Plus on se rapproche d’eux, plus nos chances augmentent. »
    Ils avancent. Ils
    distinguent de mieux en mieux les Allemands qui ne montrent pas le moindre
    signe de surprise. Camaret jubile.
    « On aurait dû
    apprendre une chanson boche, remarque-t-il.
    — Arrête de
    déconner, Michel, ils vont se réveiller tout d’un coup. On est pas à plus de
    cinquante mètres. On y va ?
    — Tu te rappelles
    comment on dit « Haut les mains ! » en chleu ?
    — Tu n’y penses pas,
    Michel !
    — Si ! Je
    crois qu’on a une chance de les faire aux pattes, tout simplement.
    — On dit : Hande
    Hoch ! »
    À trente mètres, hélas !
    les Allemands s’aperçoivent de la nationalité des arrivants. Ils réagissent
    vivement, mais trop tard. Les parachutistes sont à portée de tir. Ils
    déclenchent les premiers un feu d’enfer. Plusieurs Allemands sont tués, trois
    se rendent, quatre parviennent à fuir. Camaret et Richard parviennent à s’emparer
    du pont.
    Pour la première fois, la
    chance – cette compagne insolente d’Alain Le Bobinnec – le trahit. Atteint de
    trois balles, il est fait prisonnier dans la cave du village de Westerbock où
    il s’est réfugié.
    Auparavant, il a réalisé
    un bel exploit : il a abattu le général qui commandait toute la
    Feldgendarmerie en Hollande.
    Le colonel de la
    Bollardière a pris le commandement du 3 e R.C.P. en remplacement du
    commandant Château-Jobert.
    Il saute à la tête de sa
    compagnie de commandement dans la région de Spier. Non seulement ils sont
    complets à l’atterrissage, mais ils comptent un homme de plus : le dispatcher
    anglais a sauté avec eux. Au sol il a tranquillement expliqué :
    « J’avais moi aussi
    envie de faire la guerre. »
    L’Anglais reviendra de l’aventure,
    mais ses compatriotes le traduiront devant un conseil de guerre. Il sera
    acquitté. Les Français le décoreront.
    Le stick du lieutenant
    Valayer devait être largué à une trentaine de kilomètres au nord d’Assen.
    À l’exception du sergent
    Loi, les hommes atterrissent en plein centre de la ville. Les parachutistes
    tombent sur les maisons, sur la mairie, le long du clocher de l’église.
    Les Allemands déclenchent
    instantanément une chasse à l’homme. Valayer et une dizaine des siens arrivent
    à se réfugier dans une ferme voisine.
    Ils y sont trahis, encerclés
    et affreusement massacrés – brûlés vifs au lance-flammes.
    L’opération Amherst
    devait durer soixante-douze heures, délai qui devait permettre à la LRD armée
    canadienne de rejoindre les Français lâchés par petits groupes. Elle se
    prolongea six jours.
    Durant six jours, à une
    époque où leurs contemporains tournoyaient dans l’allégresse de leur libération,
    676 Français poursuivirent, dans un combat inégal, une lutte acharnée.
    Dans la zone où avaient
    été largués les S.A.S., se trouvaient environ 12 000 soldats ennemis. Solidement
    ancrés au nord-est des Pays-Bas, les nazis avaient des ordres impérieux : tenir
    à tout prix, retarder la progression de l’ennemi vers la frontière allemande.
    Devant de chimériques
    espoirs d’armes secrètes qui renverseraient la situation, certains croyaient
    encore à la victoire ; d'autres – et ils étaient les plus nombreux – préféraient
    la mort à la défaite, succombaient plutôt que de voir leur propre sol foulé par
    l’ennemi.
    La géographie de la
    Hollande se prêtait mieux que toute autre à une stratégie du désespoir qui
    plongerait l’avance alliée dans un carnage confus.
    Le saut des parachutistes
    français allait imposer à l’ennemi la forme du

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