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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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comme le créateur
    des parachutistes en cherche. Sa maturité est stupéfiante chez un garçon qui n’a
    pas encore atteint ses seize ans.
    Au début de juillet 1941,
    les parachutistes sont trente et un. Ils ont été sélectionnés, jugés sur leurs
    aptitudes physiques et morales. Parmi ces tout premiers qui créèrent l’arme d’élite,
    il faut citer les noms de Louis Le Goff, Marcel Drezen, tous deux Brestois, de
    Robert Guichaoua, de Quimper, de Victor Ituria, vite surnommé Saint-Victor. Pendant
    des mois cette trentaine de colosses a été surentraînée mécaniquement. Secondé
    par les services spéciaux anglais, Bergé en a fait des surhommes. Et pourtant, dans
    chaque discipline, Victor Ituria surpasse ses camarades. Basque de
    Saint-Jean-de-Luz, « Saint-Victor » ne boit pas, ne fume pas, ne
    court pas les filles. Ancien champion de pelote basque, il étonna Churchill, lors
    d’une inspection, par son adresse inimaginable, lançant à plusieurs reprises
    une grenade dans un chapeau à une distance de soixante mètres. De ses
    compagnons, Ituria admet tout, comprend les écarts joyeux dont ils se rendent
    coupables à chaque permission, supporte en souriant les plaisanteries les plus
    grossières, mais il reste intransigeant sur deux points : le Christ et le
    drapeau. Plaisanter en sa présence sur l’un ou l’autre de ces sujets équivaut à
    un ticket d’entrée à l’infirmerie.
    Bientôt Bergé ne peut
    plus tenir ces hommes dont il a fait des fauves. Les incidents se multiplient
    tant dans le village du New Forrest près duquel ils sont cantonnés qu’à l’intérieur
    même du camp. L’inaction, ou plus exactement le fait de ne participer à aucun
    combat, ronge les nerfs des plus placides. Depuis deux mois le capitaine leur a
    mis une carotte sous le nez. « Bougre de bornés, hurle-t-il fréquemment, c’est
    dans notre intérêt qu’on nous surentraîne ! Nous allons être parachutés en
    France incessamment. Tout ce qu’on nous enseigne ici n’est pas superflu, croyez-moi. »
    Hélas ! ils sont
    tous convaincus de ne plus rien avoir à apprendre. Un sentiment d’invincibilité
    s’est ancré en eux, ils ne comprennent ni n’admettent qu’on ne les utilise pas.
    Le 16 juillet 1941, Bergé
    rassemble son troupeau, annonce aux hommes que la compagnie gagne Londres où
    une mission doit leur être confiée.
    « On va en France, mon
    capitaine ? interroge joyeusement le jeune Léostic.
    — Tu verras bien. »
    Dans les camions qui
    gagnent la capitale, un délire euphorique s’est emparé des parachutistes. Le « Tu
    verras bien ! » du capitaine a été interprété par tous comme une
    réponse affirmative à la question du jeune Breton.
    Seul, fidèle à son
    personnage, Ituria reste songeur.
    « T’es pas heureux
    d’aller en France, Victor ? » lance Mouhot.
    Ituria hausse les
    épaules.
    « Je pense aux
    Allemands, ils ne doivent pas être plus d’une centaine de mille en Bretagne. Si
    on nous parachute tous les trente ils vont souffrir, les malheureux ! »
    Dans un éclat de rire
    général, Le Goff réplique :
    « Ça fait jamais
    que trois mille pour chacun de nous ! C’est pas la mer à boire, pas vrai, les
    gars ! »
    Les hommes approuvent, les
    rires redoublent.
    Dans la soirée, ils
    arrivent au camp de Barnes, situé dans Hammersmith. C’est un des dépôts de
    transit londoniens. En quelques mots Bergé explique que le lendemain on
    touchera des équipements, puis qu’on reprendra la route. Pour une destination
    inconnue.
    Les parachutistes dînent
    dans une ambiance fiévreuse avant de gagner le dortoir qu’on leur a destiné. Mouhot
    s’est séparé du groupe ; par instinct il erre dans le camp comme un chat. Lorsqu’il
    rejoint le dortoir, un masque grave fige son visage. Il allume une cigarette en
    silence, ne participe pas aux plaisanteries qui continuent de fuser autour de
    lui.
    Du coin de l’œil, Ituria
    l’observe un moment avant de se décider à se lever et à le rejoindre.
    « Tu as appris
    quelque chose, Jacques ? » interroge le Basque.
    Mouhot répond d’un
    triste signe affirmatif. Le Goff a suivi le bref échange de ses deux compagnons.
    Il se plante à son tour près du lit de Mouhot. Son manège déclenche chez tous
    le même réflexe de curiosité ; l’un après l’autre ils se lèvent. En
    demi-cercle, ils se groupent anxieux autour de Jacques Mouhot.
    « Accouche, nom de
    Dieu ! siffle Léostic. L’opération est annulée

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