Qui ose vaincra
gracier. Il vous considère comme des prisonniers
de guerre. C’est à ce titre que vous êtes chez moi aujourd’hui. »
Pour la première fois
depuis le début de leur calvaire, les S.A.S. sentent leurs nerfs qui lâchent. Sibard
se demande s’il ne va pas pleurer.
La conversation se
poursuit sans haine. Les aviateurs laissent percer leurs sentiments à l’égard
des parachutistes : un mélange de rancœur et d’amertume devant leur
matériel anéanti, d’admiration devant la folle témérité de l’action de commando
dont ils furent les victimes.
Dans la soirée, un Junker 52 conduit les trois Français à Brindisi. De là un train les
achemine dans un camp de prisonniers proche de Munich.
Pour eux une nouvelle
voie va s’ouvrir : les tentatives d’évasion. Bergé échouera. Sibard
réussira beaucoup plus tard.
Un volume entier serait
nécessaire pour narrer en détail les évasions de Jacques Mouhot. Six fois il parviendra
à quitter les camps aux régimes de plus en plus sévères dans lesquels on l’enferme.
La septième, à travers l’Allemagne, la Hollande, la Belgique, la France et l’Espagne,
il réussira à regagner son corps en Angleterre. En comptant sa fugue de
Mirecourt, Mouhot totalise huit évasions de camps allemands, deux passages en Angleterre
en tant que prisonnier évadé. Son cas est unique dans les annales de la Seconde
Guerre mondiale.
Lord Jellicœ et Costa
Petrakis se trouvaient dans le village Vassilika-Anoya quand ils apprirent l’accrochage
dont étaient victimes leurs amis. Il était évident qu’ils ne pouvaient rien
pour eux. Ils parvinrent sans la moindre difficulté à rejoindre le sous-marin
qui les attendait.
Quarante-huit heures
avant le sabotage d’Heraklion, les sept autres commandos de Stirling
connaissaient au Moyen-Orient des issues plus ou moins heureuses. Mais, dans l’ensemble,
les actions de sabotage des parachutistes anglais et français furent
suffisamment efficaces pour permettre au convoi de Malte de quitter Alexandrie
et d’effectuer la première partie de son voyage, celle qui le mettait hors de
portée de l’aviation allemande basée sur la côte africaine pour entrer dans une
zone où seuls les appareils d’Heraklion pouvaient intervenir.
Ces huit opérations
simultanées de commando ne fuient que le prélude aux actions des parachutistes
français au Moyen-Orient. L’historique des parachutistes de la France libre rapporte
en quelques lignes deux ans de souffrance et d’héroïsme.
« Les autres
missions, sous le commandement du lieutenant Jordan, eurent des résultats plus
ou moins heureux.
« Le groupe Jordan,
sur l’aérodrome de Siret-el-Chrisba, trahi au dernier instant, manque l’objectif
et se trouve dispersé en pleine nuit, tandis que deux de ses groupes commandés
par les caporaux de Bourmont et Tourneret, respectivement sur les aérodromes de
Derna-Ouest et Martuba 3, subissant le contrecoup de cette alerte, manqueront
aussi leurs objectifs.
« Ils seront tous
faits prisonniers, ici et là, dont quelques-uns au « rendez-vous »
prévu pour le retour. Malgré leur infériorité numérique (trois parachutistes
contre une compagnie allemande), ils engagent le combat.
« De cette mêlée
confuse, un seul réussira un exploit. Guichaoua, légèrement blessé, ira
incendier un bombardier sur lequel il dépose la seule grenade qui lui reste. Puis,
errant dans le djebel, sans eau, sans vivres, sans armes, deux fois blessé, il
sera retrouvé quatre jours plus tard par une patrouille italienne, à demi mort
d’épuisement sur le bord de la route.
« Le lieutenant
Jordan retrouvera seul le groupement des L. R. D. G. qui devait les ramener.
« La trahison aura
coûté quatorze parachutistes à l’unité.
« Pendant ce temps,
l’aspirant Zirnheld et ses quatre hommes attaquent Berka III avec succès, détruisant
six avions, tandis que le sous-lieutenant Jacquier attaquait l’aérodrome de
Barce. Manquant l’effet de surprise, il réussit, avant de quitter le terrain, à
miner un dépôt de bombes qui, en explosant, détruira plusieurs avions ennemis.
« Revenus à la base
de Siwa, les parachutistes français sont de nouveau lancés à l’attaque des
aérodromes de Fuka 19, puis Fuka 16. Deux autres terrains à proximité de
El-Daba subissent les assauts furieux des S.A.S. Les 21 et 22 juillet, ils
organisent une attaque de grande envergure sur l’aérodrome
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