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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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de Sidi-Haneich, puis,
    en septembre, un raid sur Benghazi qui durera un mois.
    « Ces opérations
    eurent pour résultat de nombreux sabotages et surtout la perte pour l’ennemi de
    soixante-dix avions certains.
    « Ce cycle d’opérations
    se termine par une série de missions et sabotages de voies ferrées
    principalement et d’attaques de convois en Tripolitaine et Tunisie. Dure
    mission qui sera efficace, mais coûteuse, au cours de laquelle les Français
    perdent pour la deuxième fois leur chef, le capitaine Jordan, fait prisonnier, ainsi
    que le colonel Stirling, prisonnier également. »
    C’est alors que le Grand
    Quartier Général du Führer donne l’ordre suivant :
    « Les troupes S.A.S.
    prisonnières seront remises immédiatement à l’unité de la Gestapo la plus
    proche. Ces hommes sont très dangereux.
    « La présence des
    troupes S.A.S. dans n’importe quel secteur doit être immédiatement signalée. Elles
    seront exterminées sans pitié. »
    Signé : Adolf
    Hitler.
     

TROISIÈME PARTIE
LE JOUR J – 1

12
    « Le « Manchot »
    est rentré… »
    Il ne faut pas plus d’une
    minute ou deux pour que, de bouche à oreille, la nouvelle se répande dans le
    camp secret de Fairford. La lourde Rover beige terne traverse les allées
    sablonneuses sans ralentir. Le Manchot a déjà un pied à l’extérieur avant qu’elle
    ne freine devant la baraque de commandement. Il s’y engouffre, indifférent au
    salut des sentinelles.
    « Le Manchot est
    rentré, mon lieutenant.
    — Quand vous vous
    adressez à moi dites : « Le « commandant », j’ai vu passer
    sa voiture, merci. »
    Le sergent-chef préfère
    ne rien répondre. Il sort. Lorsque la porte est refermée, il hausse les épaules
    et rejoint le foyer des sous-officiers. Le long du bar ils sont une dizaine à l’interroger
    du regard.
    « Ne vous excitez
    pas, je ne sais rien.
    — Tu as dit au
    lieutenant que le Manchot était là ?
    — Il l’avait vu
    arriver. Je n’ai appris qu’une chose, c’est que quand on s’adresse à Marienne
    en parlant du Vieux, il faut dire : « Le commandant ».
    Pierre Marienne se tient
    debout, face à la fenêtre du cagibi exigu qui lui sert de bureau. Il se demande
    s’il a eu raison de reprendre le sergent. Dans ce camp, qui n’appelle pas le commandant
    Bourgoin le Manchot ? Du reste, Bourgoin n’accepte-t-il pas ce sobriquet
    avec une certaine coquetterie ?
    Pierre Marienne, lieutenant
    au 4 e bataillon d’infanterie de l’Air, rattaché au S.A.S. britannique.
    Trente-quatre ans. Un mètre quatre-vingt. Sec, droit, intransigeant, cassant, absolu.
    Le regard noir, sombre de peau, noir de cheveux, noir de poils. Ses hommes ne l’ont
    jamais vu sourire. Depuis deux ans le bataillon vit au rythme d’enfer d’un
    entraînement qui brise les parachutistes aux limites des forces humaines. Pour
    la compagnie Marienne, c’est encore plus dur. Le lieutenant va plus loin, toujours
    plus loin. Ça n’est pas gratuit. Pierre Marienne est hanté par un espoir qu’il
    forge petit à petit en certitude : être le premier à sauter en France lors
    du débarquement.
    Il est 11 heures du
    matin, le 1 er juin 1944. Marienne ignore encore que pour l’état-major
    ce jour a pris le nom de « J – 4 ». Il attend, les yeux rivés sur la baraque
    dans laquelle il a vu s’engouffrer Bourgoin. Le bataillon est consigné à
    Fairford depuis près d’un mois. Interdiction absolue aux officiers comme aux
    hommes d’avoir le moindre contact avec l’extérieur. Ils ont tous compris que
    ces mesures d’exception ne peuvent avoir comme explication que l’imminence du
    débarquement. L’attente n’en n’est pas moins angoissante et pesante, l’atmosphère
    opprimante et exaltante.
    L’avant-veille, le
    départ du Manchot pour Londres où il avait été convoqué à l’état-major du
    brigadier-général Mac-Leod n’avait été qu’un secret de polichinelle. Son retour
    suscite une curiosité légitime et passionnée.
    Chez Marienne enfin le
    téléphone sonne. Le lieutenant reconnaît la voix grave et sèche du Manchot. Il
    s’efforce de répondre posément :
    « À midi, c’est
    entendu. A vos ordres, mon commandant. »
    Il repose le récepteur, constate
    la moiteur de ses mains, puis retrouve son contrôle. Quelques mois plus tôt, un
    major parachutiste britannique s’était taillé un beau succès à la suite d’une boutade
    d’un goût contestable concernant le commandant Bourgoin qu’il

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