Qui ose vaincra
de Sidi-Haneich, puis,
en septembre, un raid sur Benghazi qui durera un mois.
« Ces opérations
eurent pour résultat de nombreux sabotages et surtout la perte pour l’ennemi de
soixante-dix avions certains.
« Ce cycle d’opérations
se termine par une série de missions et sabotages de voies ferrées
principalement et d’attaques de convois en Tripolitaine et Tunisie. Dure
mission qui sera efficace, mais coûteuse, au cours de laquelle les Français
perdent pour la deuxième fois leur chef, le capitaine Jordan, fait prisonnier, ainsi
que le colonel Stirling, prisonnier également. »
C’est alors que le Grand
Quartier Général du Führer donne l’ordre suivant :
« Les troupes S.A.S.
prisonnières seront remises immédiatement à l’unité de la Gestapo la plus
proche. Ces hommes sont très dangereux.
« La présence des
troupes S.A.S. dans n’importe quel secteur doit être immédiatement signalée. Elles
seront exterminées sans pitié. »
Signé : Adolf
Hitler.
TROISIÈME PARTIE
LE JOUR J – 1
12
« Le « Manchot »
est rentré… »
Il ne faut pas plus d’une
minute ou deux pour que, de bouche à oreille, la nouvelle se répande dans le
camp secret de Fairford. La lourde Rover beige terne traverse les allées
sablonneuses sans ralentir. Le Manchot a déjà un pied à l’extérieur avant qu’elle
ne freine devant la baraque de commandement. Il s’y engouffre, indifférent au
salut des sentinelles.
« Le Manchot est
rentré, mon lieutenant.
— Quand vous vous
adressez à moi dites : « Le « commandant », j’ai vu passer
sa voiture, merci. »
Le sergent-chef préfère
ne rien répondre. Il sort. Lorsque la porte est refermée, il hausse les épaules
et rejoint le foyer des sous-officiers. Le long du bar ils sont une dizaine à l’interroger
du regard.
« Ne vous excitez
pas, je ne sais rien.
— Tu as dit au
lieutenant que le Manchot était là ?
— Il l’avait vu
arriver. Je n’ai appris qu’une chose, c’est que quand on s’adresse à Marienne
en parlant du Vieux, il faut dire : « Le commandant ».
Pierre Marienne se tient
debout, face à la fenêtre du cagibi exigu qui lui sert de bureau. Il se demande
s’il a eu raison de reprendre le sergent. Dans ce camp, qui n’appelle pas le commandant
Bourgoin le Manchot ? Du reste, Bourgoin n’accepte-t-il pas ce sobriquet
avec une certaine coquetterie ?
Pierre Marienne, lieutenant
au 4 e bataillon d’infanterie de l’Air, rattaché au S.A.S. britannique.
Trente-quatre ans. Un mètre quatre-vingt. Sec, droit, intransigeant, cassant, absolu.
Le regard noir, sombre de peau, noir de cheveux, noir de poils. Ses hommes ne l’ont
jamais vu sourire. Depuis deux ans le bataillon vit au rythme d’enfer d’un
entraînement qui brise les parachutistes aux limites des forces humaines. Pour
la compagnie Marienne, c’est encore plus dur. Le lieutenant va plus loin, toujours
plus loin. Ça n’est pas gratuit. Pierre Marienne est hanté par un espoir qu’il
forge petit à petit en certitude : être le premier à sauter en France lors
du débarquement.
Il est 11 heures du
matin, le 1 er juin 1944. Marienne ignore encore que pour l’état-major
ce jour a pris le nom de « J – 4 ». Il attend, les yeux rivés sur la baraque
dans laquelle il a vu s’engouffrer Bourgoin. Le bataillon est consigné à
Fairford depuis près d’un mois. Interdiction absolue aux officiers comme aux
hommes d’avoir le moindre contact avec l’extérieur. Ils ont tous compris que
ces mesures d’exception ne peuvent avoir comme explication que l’imminence du
débarquement. L’attente n’en n’est pas moins angoissante et pesante, l’atmosphère
opprimante et exaltante.
L’avant-veille, le
départ du Manchot pour Londres où il avait été convoqué à l’état-major du
brigadier-général Mac-Leod n’avait été qu’un secret de polichinelle. Son retour
suscite une curiosité légitime et passionnée.
Chez Marienne enfin le
téléphone sonne. Le lieutenant reconnaît la voix grave et sèche du Manchot. Il
s’efforce de répondre posément :
« À midi, c’est
entendu. A vos ordres, mon commandant. »
Il repose le récepteur, constate
la moiteur de ses mains, puis retrouve son contrôle. Quelques mois plus tôt, un
major parachutiste britannique s’était taillé un beau succès à la suite d’une boutade
d’un goût contestable concernant le commandant Bourgoin qu’il
Weitere Kostenlose Bücher