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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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d’eau, deux litres de vin. Un festin. Les quatre Français
    savourent les légumes, se désaltèrent, puisent des forces neuves dans le vin
    crétois. Ils ne mettent plus en doute la sincérité de leur ami qu’ils laissent
    repartir après de chaleureux remerciements.
    13 heures. Trois
    parachutistes somnolent. Bergé veille. Les deux Allemands ne sont passés à
    découvert que l’espace d’un éclair. Bergé les a aperçus. Maintenant, à la
    jumelle, il découvre sans peine le dispositif que l’ennemi met en place en
    surplomb. Ils sont pris au piège comme des rats dans une déclivité. Sans
    émotion apparente, Bergé réveille ses compagnons. Il murmure :
    « Nous sommes
    foutus ! Cette charogne de Grec nous a balancés pour deux litres de pinard
    et quatre courgettes ! Trouvez des abris, ils nous entourent sur les
    hauteurs. »
    Le capitaine arme sa
    mitraillette, rampe quelques mètres et se terre derrière un figuier. Mouhot, Léostic
    et Sibard trouvent également des abris précaires, préparent leurs chargeurs.
    Porteurs d’un fusil
    mitrailleur, deux Allemands bondissent dans le but de disposer leur arme à l’abri
    d’une grosse pierre. Bergé fait feu, abat l’un d’eux ; l’autre parvient à
    fuir abandonnant son arme. Aussitôt l’enfer se déchaîne. Les fusils mitrailleurs
    ennemis crépitent, des chapelets de balles déchirent la terre autour des
    parachutistes. Bergé hurle :
    Ne tirez pas ! Économisez
    vos munitions, il faut tenir jusqu’à la nuit. » Il sait, ils savent que c’est
    impossible. Léostic gueule à Mouhot qui ne se tient qu’à quelques mètres de lui :
    Couvre-moi, Jacques, j’essaie de sortir.
    Non ! » hurle
    Mouhot. Mais déjà le jeune garçon s’est élancé. Mouhot tire au hasard, tente en
    vain de le protéger. Une rafale atteint Léostic à hauteur des cuisses. Il tombe
    à genoux, geint :
    « J’ai mal… »
    Une seconde rafale lui
    déchire la poitrine, il roule sur le dos, les yeux fixés vers le ciel. Son sang
    se répand sur la terre tiède. Deux fois, il articule : « Maman… maman… »
    Un filet de sang s’échappe
    de sa bouche, rejoint une lourde larme qui a creusé un sillon clair sur la
    crasse qui recouvre ses joues. Le masque de la mort a rendu la pureté et l’innocence
    à son visage d’enfant.
    Sibard pleure. Il ne se
    soucie plus du danger, il est secoué de sanglots, il balbutie : « Pierrot…
    ils ont tué Pierrot… » Bergé surmonte son émotion ; il crie à Sibard
    et Mouhot :
    « Ne les laissez
    pas approcher ! Regardez devant vous ! »
    Les trois hommes
    tiennent jusqu’au milieu de l’après-midi. Pendant plus de quatre heures, ils
    interdisent toute approche, tout mouvement à l’ennemi. Alors, d’une voix terne,
    Sibard annonce :
    « Mon commandant, j’ai
    tiré ma dernière balle… » Il n’en reste plus que deux dans le Colt de
    Bergé, une dans celui de Mouhot. Les Allemands en sont conscients ; depuis
    de longs moments, les Français tirent coup par coup. L’ennemi se montre plus
    téméraire ; par bonds rapides, il resserre son étau. Depuis le début il
    sait qu’il peut anéantir les parachutistes sans prendre de risques superflus.
    Bergé et Mouhot
    retardent l’issue, tirent leurs trois derniers projectiles.
    Soudain, surgi comme un
    diable, un soldat allemand enfonce le canon de son fusil dans les reins de
    Sibard.
    Bergé cherche encore à
    fuir, il est entouré. Mouhot s’est caché, il est découvert.
    Indifférent aux armes
    braquées sur lui, Bergé s’approche du corps de Léostic et lui ferme les yeux. Les
    Allemands se rassemblent, Bergé constate qu’ils sont une cinquantaine. C’est
    une unité de S.S.
     

11
    Les trois Français sont
    attachés mains croisées derrière le dos. Leurs liens entourent leurs cous, provoquant
    une strangulation au moindre mouvement. Un sous-officier hargneux et brutal les
    pousse au centre de la longue colonne qui s’ébranle, dévalant un sentier.
    Bergé, Sibard et Mouhot
    fournissent des efforts surhumains pour suivre la cadence pourtant lente. À plusieurs
    reprises, l’un d’eux trébuche, s’affale sans pouvoir protéger sa chute ; il
    est relevé à coups de crosse.
    Ils se traînent trois
    heures avant d’arriver sur la petite place du village de Vassilika-Anoya. Les S.S.
    les poussent dans une cour d’école, puis les font pénétrer dans une grande
    pièce rectangulaire, sobre et nue, vraisemblablement le réfectoire. Dans un
    coin,

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