Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
Vom Netzwerk:
venait de
    rencontrer.
    « Cet officier
    français a tellement le physique de son emploi, avait-il déclaré au mess du
    camp d’Auchinleck, qu’il en est indécent. Je suis persuadé qu’il s’est fait
    couper le bras droit pour parfaire son personnage. Il a eu raison, il est
    superbe, grandiose, impressionnant. Il me fait penser au capitaine Achab, le
    héros de Moby Dick. Évidemment, Achab était amputé de la jambe, mais à
    ce détail près…
    — Vous avez raison,
    avait rétorqué sèchement un capitaine français, Bourgoin court lui aussi après
    une baleine blanche, mais cette baleine est la victoire de la France, et nous
    lui souhaitons tous une issue plus heureuse que celle d’Achab dans son
    entreprise. »
    Quand Marienne entre
    dans la baraque de commandement, Bourgoin se tient debout, jambes écartées, derrière
    son bureau. Sa haute taille et sa carrure massive masquent les cartes que les
    officiers convoqués cherchent à apercevoir. Sa manche morte est sanglée dans le
    ceinturon de son battle-dress. Il a perdu le bras en Tunisie, mais cela n’a en
    rien freiné son élan : le commandant a seulement appris à faire la guerre
    de la main gauche. Malgré son infirmité il est demeuré un impressionnant
    colosse. À sa droite se tient son adjoint, le capitaine Puech-Samson ; à
    sa gauche, le capitaine Leblond.
    Le lieutenant Botella, le
    lieutenant Deschamps et le lieutenant Déplanté sont entrés sur les pas de Marienne.
    Bourgoin leur désigne des chaises et des tabourets ; lui seul reste debout.
    Il parle en savourant son effet :
    « Le débarquement
    est désigné par le nom de code « D. Day ». Pour nous, ce sera
    le Jour J. Nous sommes à J – 4, ce qui signifie que les Alliés tenteront l’invasion
    dans quatre jours. Marienne, Déplanté, Deschamps et Botella, vous serez parachutés
    à J – 1.
    — Donc, dans la
    nuit qui précédera les premières vagues, mon commandant, interrompt Marienne.
    — Exactement. »
    Les quatre officiers s’efforcent
    de ne pas laisser éclater leur enthousiasme.
    « Notre mission
    sera d’assurer un maximum de sécurité sur les plages de débarquement ?
    — Là, vous n’y êtes
    plus du tout, Marienne. Le débarquement doit avoir lieu en Normandie. Vous, vous
    sauterez en Bretagne. Votre mission est de préparer le parachutage de l’ensemble
    du bataillon qui vous rejoindra par petits groupes chaque nuit, jusqu’à J + 10.
    Notre mission est en même temps imprécise et simple : bloquer les forces
    ennemies cantonnées en Bretagne. Empêcher par tous les moyens le déplacement
    des Allemands vers la Normandie. Entre le Morbihan et les Côtes-du-Nord, ils
    disposent d’un minimum de cent cinquante mille hommes, pour la plupart des
    troupes d’élite. Nous devrons les harceler, leur faire croire que notre action
    constitue le prélude à un nouveau débarquement. Lequel, du reste, n’est pas
    exclu.
    — La Résistance, mon
    commandant ?
    — Inexistante, d’après
    les renseignements anglais. Il y aurait plus d’un an qu’elle a été démantelée
    et anéantie. Par contre, il semble que nous puissions compter sur la population
    civile à quatre-vingt-dix-neuf pour cent. C’est un apport qui est loin d’être
    négligeable : vous pourrez recruter et armer des volontaires, les instruire
    le cas échéant.
    — En admettant que
    la totalité du bataillon nous rejoigne en Bretagne, nous serons tout au plus
    quatre cents hommes pour en immobiliser cent cinquante mille !
    — À quoi vous
    attendiez-vous ? On vous a entraînés pour ça. »
    5 juin 1944. Le
    quadrimoteur Stirling n° 1 a décollé de Fairford à 21 h 50.
    À 21 h 55, un second appareil de même type a suivi. Dans le premier, les
    groupes des lieutenants Marienne (sept hommes) et Botella (six hommes) : l’avion
    doit larguer le groupe Marienne dans le Morbihan, puis au retour le stick Botella
    dans les Côtes-du-Nord. Même consigne pour le second Stirling : le lieutenant
    Déplanté et ses hommes seront parachutés dans le Morbihan, le lieutenant
    Deschamps et les siens dans les Côtes-du-Nord.
    Le groupe de Marienne
    comprend trois radios : Sauvé, Etrich et Jourdan ainsi que trois hommes :
    Kry-sik, le caporal Bouétard et le sergent-chef Raufast.
    Les sept parachutistes
    savent qu’ils sont les premiers. Les Américains doivent sauter une heure plus
    tard en Normandie. Le point de largage des Français a été choisi d’après les
    photos aériennes. Ils n’ont

Weitere Kostenlose Bücher