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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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les effectifs, l’armement,
    les positions, l’arrivée quotidienne des parachutistes, l’attente espérée du
    commandant manchot.
    Toujours nu et entravé, jeté
    dans un coin, Henri assiste impuissant à la trahison de son jeune compagnon. Il
    ne parvient pas à lui en vouloir, il se demande s’il aurait lui-même tenu plus
    longtemps.
    Herre et Zeller jubilent.
    Ils ont étalé une carte d’état-major, font préciser les lieux, prennent des
    notes.
    « Trois ou quatre
    mille partisans, cinq ou six cents parachutistes, vous ne pensez pas qu’il
    bluffe ? interroge Zeller.
    — Non. Ou pas de
    beaucoup. Je m’en doutais. Il n’y a que cet abruti de Fahrmbacher pour n’avoir
    rien vu, pour nier l’évidence. Nous allons lui demander une audience et, cette
    fois, il va me recevoir. En attendant, je vais dormir. Donnez des ordres pour
    qu’on fusille ces deux vermines. »
     

22
    Dans la nuit du 7 au 8
    juin, tandis que le gros du 2 e régiment de chasseurs parachutistes était largué sur Saint-Marcel, des sticks de trois à cinq hommes sautaient sur l’ensemble de la Bretagne, généralement à proximité d’une voie de communication, avec une mission de sabotage précise.
    Le capitaine comte Henri de Mauduit était de ceux-là, et les parachutistes Créau et Violland, qui l’accompagnaient, bénissaient le sort qui les avait placés sous le commandement du doyen du régiment.
    Probablement jamais aucun homme au monde n’a eu moins le physique de son emploi que le comte Henri de Mauduit dans son uniforme d’officier parachutiste. Mauduit est petit, rondelet, jovial. En le voyant en civil, on pourrait penser à un petit fonctionnaire qui attend, dans une constante bonne humeur, l’âge de la retraite. Son éternel sourire apaisant est légendaire dans tout le régiment. Lorsqu’on se trouve en sa présence, il semble, miraculeusement, que rien n’est grave. Le capitaine prodigue l’optimisme et la confiance dont il regorge. On pourrait croire qu’il n’a aucun souci, que son étoile l’a doté d’une destinée dans laquelle aucun tourment ne doit jamais jeter une ombre. Et pourtant…
    La comtesse de Mauduit est écossaise. Avant son mariage, Betty de Mauduit vivait aux États-Unis, mais lorsqu’en 1941 Henri décida de gagner l’Angleterre, il se vit contraint de laisser sa femme au château de Bourg-Blanc, la demeure de ses ancêtres, l’un des plus beaux manoirs de Bretagne situé à quelques kilomètres de Paimpol.
    Avant son départ de Paimpol, sur un petit voilier en compagnie de deux pêcheurs bretons, le comte avait recommandé à Betty de Mauduit :
    « Mon amie, le nom que vous portez doit vous protéger. N’oubliez pas, cependant, que vos origines subsistent, et ne vous faites remarquer d’aucune manière. Promettez-moi de vous tenir à l’écart de cette guerre qui nous sépare. Vivez, attendez et espérez. Je pourrai ainsi accomplir mon devoir le cœur en paix. »
    La comtesse avait promis.
    Juré. Mauduit avait gagné l’Angleterre, rejoint le 2 e régiment de chasseurs parachutistes.
    En novembre 1943, le régiment était cantonné en Écosse. Mauduit, comme ses compagnons, pressentait maintenant que l’issue était proche ; des bruits de débarquement commençaient à courir.
    Le capitaine était allongé, fourbu, harassé par deux marches de nuit consécutives. Le surentraînement auquel il était soumis et qu’il semblait surhumain d’imposer à des colosses de vingt à vingt-cinq ans, lui s’y contraignait en serrant les dents, en se privant de fumer, de boire, pour conserver son souffle. Dans toutes les disciplines il tenait, il suivait, quand il ne précédait pas. Il faisait l’admiration de ses chefs comme de ses subalternes et pourtant tous ignoraient son âge : quarante-sept ans.
    Alors que tant d’autres avaient menti pour se vieillir lors de leur incorporation, Mauduit avait dû tricher dans l’autre sens : se rajeunissant de huit ans, il avait avoué trente-neuf ans. « Comme une cocote », avait-il pensé joyeusement (l’âge limite d’incorporation aux parachutistes S.A.S. était de trente ans pour les hommes, de quarante pour les officiers).
    Un grand sergent devait en ce jour troubler les rêves de l’officier : « Mon capitaine, on vous réclame au mess, un colonel américain désire vous rencontrer.
    — Moi ? Personnellement ?
    Je ne connais aucun officier américain, tu dois faire erreur, mon vieux.
    — J’en suis sûr, mon capitaine,

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