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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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trois, se rassembler au sol est aisé : Créau et Violland rejoignent très vite leur officier. Ils sont tombés au point prévu. Mauduit a vite fait de le constater et il s’en réjouit. Hélas ! les services de renseignements alliés ignoraient la présence d’un observatoire allemand situé au sommet d’une colline à quinze cents mètres de leur point de chute.
    Les Allemands ont tout vu et entendu. L’avion volant à cent cinquante mètres, les moteurs qu’on réduisait au maximum, les trois parachutistes qui descendaient, gracieusement bercés par la brise. Un instant ils ont cru que les parachutistes allaient atterrir sur le toit de leur observatoire, mais le vent les a doucement déportés. Les Allemands ont vu s’évanouir les corolles dans la nuit.
    Des ordres hurlés dans une excitation furieuse ont alors fait place à la stupeur. En moins de cinq minutes une patrouille quitte l’observatoire, l’arme au poing. Inconscient du danger qui le menace, Henri de Mauduit a retrouvé son sourire. Il est heureux d’être en Bretagne, d’avoir atterri sans incident. Dans la nuit claire il repère un sentier – le sentier qui serpente à travers bois sur la colline en direction de l’observatoire allemand.
    « Nous allons grimper, chuchote-t-il à ses hommes. De là-haut nous aurons un merveilleux point de vue. À l’aube nous aviserons. »
    Et les trois parachutistes commencent l’un derrière l’autre l’ascension de la colline par le chemin étroit que dévale la patrouille allemande.
    Par chance, les Allemands dégringolent bruyamment. Leur chef, un sous-officier, a estimé que les parachutistes sont tombés à deux cents ou deux cent cinquante mètres à l’est.
    Mais, surtout, pas un instant il n’imagine qu’ils pourraient se diriger sur l’observatoire.
    Il pense au contraire qu’ils fuient dans la direction opposée, et c’est la raison de la précipitation bruyante de la patrouille.
    De Mauduit les entend à plus de cent mètres. D’un signe il prévient Créau et Violland. En quelques bonds, les trois hommes se terrent dans des buissons, assistent, stupéfaits, au passage de la patrouille qui déferle au pas de course à moins de cinq mètres d’eux.
    Avant le départ, sachant qu’ils embarquaient avec de Mauduit, plusieurs soldats avaient demandé à Violland et Créau.
    « Observez-le bien.
    Il serait intéressant de savoir si au baroud il conserve son sourire et sa gaieté… »
    Créau et Violland tenaient leur réponse : devant la mort qui venait de les frôler de si près, Mauduit les regardait, épanoui. Dans la nuit claire, les parachutistes décelaient le regard malicieux de leur capitaine, le sourire d’un élève espiègle qui vient de jouer une bonne farce à son professeur.
    « On les a bien couillonnés, chuchote-t-il. Ils ont dû nous voir arriver. Continuons dans cette direction. Eux vont s’acharner à poursuivre du vent de l’autre côté ! »
    Violland et Créau se demandent s’ils ne vont pas pouffer de rire. Décidément leur capitaine est un drôle de petit bonhomme !
    Sans difficulté ils repèrent et contournent l’observatoire allemand. Toute la nuit, ils marchent vers l’ouest.
    À l’aube une pluie torrentielle se met brusquement à tomber, transformant leur chemin en un marécage boueux. Mauduit se repère aisément. Quelques instants auparavant, il a constaté qu’ils avaient parcouru entre quinze et vingt kilomètres. Les parachutistes se trouvent en bordure d’un étang proche du bourg de Pellinec. Ils aperçoivent une petite ferme, une maison totalement isolée en bordure d’un bois épais.
    « On va essayer de s’abriter chez ces paysans, annonce Mauduit, ce sont certainement de braves gens.
    — Des braves gens, des braves gens, c’est vite dit, mon capitaine, lance Violland. On n’en sait rien du tout. On devrait prendre des précautions.
    — Tous les Bretons sont des braves gens, mon vieux, réplique Mauduit, souriant. Ne soyez pas pessimiste.
    Allez, suivez-moi, je ne tiens pas à attraper une pneumonie. »
    Le père Eugène, un sexagénaire massif, est certainement un brave homme ; seulement le gros défaut de sa race est solidement ancré en lui : il est têtu comme un mulet.
    De plus, il n’est pas bien malin. Sa femme, Yvonne, raisonne davantage, mais, devant son maître, elle se tait. Ils ont deux fils marins, qui ont rejoint l’Angleterre depuis 1940.
    Derrière sa fenêtre, le père Eugène regarde, inquiet et

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