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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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c’est vous qu’il a demandé au poste de garde. Le Manchot l’a fait conduire au mess où il l’a rejoint. »
    Au mess, ils sont une dizaine à entourer un géant roux qui ingurgite du whisky. C’est un aviateur à la poitrine bardée de décorations.
    « Voici le capitaine de Mauduit, mon colonel », annonce Bourgoin.
    L’Américain pose son verre et dévisage l’arrivant, visiblement surpris.
    « Vous êtes le comte Henri de Mauduit, châtelain du Bourg-Blanc ? interroge-t-il.
    — Mon Dieu, oui, mon colonel, je n’en connais pas d’autres. »
    L’Américain découvre une denture de carnassier et éclate d’un rire énorme.
    « Je ne vous imaginais pas comme ça, pas du tout comme ça.
    — J’espère ne pas trop vous décevoir, réplique Mauduit, intrigué et amusé.
    — Non, non, pardonnez ma réaction, non, bien sûr, pas du tout. »
    Du plat de la main, le géant assène un coup de butor sur l’épaule du petit parachutiste, puis il se casse en deux et l’embrasse.
    « Je suis le colonel Sanborn ! Mauduit, je suis tellement fier de vous connaître !
    — Je suis très sensible à cette démonstration d’affection, mon colonel, mais, voyez-vous, je n’en saisis pas les causes.
    — Bien sûr, bien sûr, j’aurais dû commencer par là : je dois ma vie et ma liberté à Betty. Il semble donc logique que j’aie cherché à rencontrer son mari.
    — Betty ? ânonne le capitaine, abasourdi.
    — Pardonnez-moi cette familiarité, j’aurais dû dire la comtesse de Mauduit, n’est-ce pas ?
    — Non, ce n’est pas ça, mais expliquez-vous, je vous en prie.
    — Bien sûr. Je vais essayer sans rien oublier. Voilà. Dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier, alors que je partais pour une mission de bombardement sur Francfort, mon appareil a été atteint par des éclats de D.C.A. dans les environs de Brest. Nous avons rapidement perdu de l’altitude. J’ai été contraint de mettre deux moteurs en drapeau, j’ai ordonné l’évacuation, et nous avons sauté, mon équipage et moi, pour atterrir – je l’ai su par la suite – dans la forêt de Saint-Yves. Vous connaissez ?
    — Je connais, articule Mauduit qui, angoissé, commence à comprendre.
    — Notre appareil s’est cassé à quelques kilomètres de notre point de chute. Évidemment, les patrouilles allemandes sont parties à notre recherche. La chance a joué deux fois en notre faveur : d’abord nous nous sommes regroupés sans peine, mes cinq hommes et moi. Ensuite des patriotes bretons nous ont trouvés avant les Boches. Dans la nuit, ils nous ont conduits au château de Bourg-Blanc où Betty, pardon, la comtesse nous a accueillis.
    — Et elle a accepté de vous héberger, de vous cacher ?
    — Comment, elle a accepté ! Mais nous y avons retrouvé dix-huit d’entre nous, des Anglais, des Américains, des Canadiens ! Certains parmi eux avaient traversé la Bretagne pour rejoindre votre château, deux venaient même de la banlieue parisienne. La comtesse de Mauduit a organisé un havre pour tous ceux d’entre nous qui cherchons à regagner l’Angleterre, elle dirige la filière qui permet de rejoindre les pêcheurs qui nous passent.
    — Mon Dieu ! souffle Henri de Mauduit, en cherchant un siège.
    — Votre femme est d’un courage exceptionnel, elle a fait notre admiration à tous par son sang-froid et son esprit d’organisation. Elle a découvert un véritable labyrinthe entre planchers et plafonds, dans les combles du château. C’est là qu’elle nous cachait à chaque visite allemande.
    — Ah ! parce que les Allemands…
    — Bien sûr. Votre femme entretient des rapports mondains avec les officiers de la Kommandantur de Paimpol, de Perros-Guirec ; il y a même un général S.S. qui vient lui rendre visite depuis Saint-Brieuc, un noble, un Von je ne sais quoi. Ces rapports garantissent la sécurité de ses hôtes clandestins.
    — J’aurais dû m’en douter, balbutie Mauduit, amèrement. C’était fatal. La reverrai-je jamais ? »
    Le capitaine de Mauduit et ses deux compagnons ont sauté dans la nuit du 7 au 8 juin entre la Forêt et Morlaix. Lui n’a pas oublié d’embrasser la terre de France – ce fut son premier geste après s’être débarrassé de son parachute. Il est à moins de cent kilomètres de chez lui, du château de Bourg-Blanc. Il ignore si Betty y habite encore, ne sait pas si son réseau de résistance a été découvert par l’ennemi, ce qui équivaut à dire : est-elle vivante ou non ?
    À

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